Viktor Bout est accusé d'avoir organisé le plus important réseau privé de trafic d'armes du monde.
L'ancien officier de l'armée russe, qui était pilote et traducteur, risque entre 25 ans de prison et la détention à perpétuité. Il a plaidé non-coupable en novembre 2010.
L'homme de 44 ans, surnommé "le marchand de la mort", a été arrêté en 2008 dans un hôtel de Bangkok, accusé d'avoir essayé de vendre un arsenal de fusils et de missiles air-surface à des agents secrets américains se faisant passer pour des guérilleros des FARC colombiennes. Il a inspiré le personnage joué par Nicolas Cage, en 2005, dans le film Lord of war.
Selon les autorités américaines, Bout avait affirmé aux faux membres des FARC qui l'ont arrêté qu'il pouvait leur livrer 700 missiles, 5000 fusils d'assaut et des millions de munitions, en plus de mines anti-personnel et d'explosifs.
Mais il est plus généralement soupçonné d'avoir utilisé une flotte d'avions cargos constituée après la fin de la guerre froide pour transporter des armes en Afrique, en Amérique du Sud et au Moyen-Orient. Ayant utilisé au moins sept pseudonymes dans sa carrière et parlant plus de six langues, il est considéré par certains comme un ex-membre du renseignement militaire soviétique.
A bord de ses avions cargos - il en aurait eu jusqu'à 60 - "il pouvait transporter son matériel et le livrer avec une grande précision, dans n'importe quel désert, n'importe quelle jungle, n'importe quel endroit reculé de la planète, jusque dans les mains de ce que j'appellerais le pot-pourri de la racaille internationale", a expliqué Michael Braun, l'un des agents de l'Agence anti-drogue des Etats-Unis qui a mis en place le stratagème ayant conduit à son arrestation en Thaïlande.
Ce procès intervient dans un contexte de relations tendues entre Washington et Moscou. La Russie avait longtemps permis à Bout de vivre ouvertement à Moscou et avait protesté violemment après son extradition de Thaïlande vers les Etats-Unis en 2010, après une longue bataille judiciaire russo-américaine. Pour Louis Belanger, porte-parole de l'organisation humanitaire Oxfam, le cas Bout - et la difficulté de le juger - met en lumière le problème du marché des armes non régulé : qu'il soit coupable ou non, cela montre que les marchands d'armes ont pu trop longtemps agir dans un vide juridique. "Nous avons des règles internationales de commerce pour les bananes, les iPods ou les chaussures. Il devrait y en avoir pour les armes", ajoute-t-il.
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