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Week-end de fortes tensions dans l'est de l'Ukraine

Après la prise de contrôle, samedi, de Slaviansk par les pro-russes, le président ukrainien Olexander Tourtchinov annonce dimanche avoir décidé le lancement d'une "opération antiterroriste" à grande échelle dans l'est du pays. De son côté, Moscou demande une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU. Cette réunion se tiendra cette nuit, à 2 h du matin, heure française. 
Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
  (Shamil Zhumatov Reuters)

Le président ukrainien, Olexander Tourtchinov lance un ultimatum aux pro-russes. Ils ont jusqu'à demain matin 6 heures pour déposer les armes. De son côté, Moscou demande une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU. Une réunion du Conseil de sécurité est prévue cette nuit à 2 heures du matin, heure française.

Et pour cause... La situation n'a fait que se dégrader tout au long du week-end. Après le coup de forces de plusieurs séparatistes pro-russes samedi dans plusieurs villes de l'est du pays, le ministre de l'Intérieur ukrainien, Arsen Avakov, a annoncé dans la matinée le lancement d'une "opération antiterroriste " à Slaviansk.

Ce dimanche, Olexander Tourtchinov a également annoncé le lancement d'une "opération antiterroriste " à grande échelle dans l'est de l'Ukraine avec la participation de forces armées. Le chef de l'Etat a par ailleurs accusé la Russie de mener "une guerre contre l'Ukraine ".

Dans la soirée, Moscou a, de son côté, conseillé aux autorités de Kiev de cesser "la guerre contre leur propre peuple ".

Peu après 11h, Arsen Avakov a annoncé sur sa page Facebook que l'opération avait fait "des morts et des blessés " des deux côtés. "De notre côté, un officier du SBU (services de sécurité, a été tué)",
écrit Arsen Avakov sur sa page Facebook, évoquant également cinq blessés chez
les loyalistes. "Chez les séparatistes, un nombre non déterminé " de victimes,
poursuit le ministre.

Au moins un militant pro-russe tué

Parmi les blessés côté loyaliste figure "le chef du centre antiterroriste
du SBU
".
Le ministre affirme que "les séparatistes se cachent derrière les
populations civiles utilisées comme boucliers humains
" et que "les forces du
SBU se regroupent
".

Un militant pro-russe, Nikolaï Solntsev, interrogé par
l'agence de presse RIA, a confirmé de son côté un bilan d'un mort et deux
blessés dans les rangs des séparatistes.

Des hélicoptères au-dessus de la ville

"Des unités de toutes les structures de force du pays participent [à l'opération] . Que Dieu
soit avec nous
", écrit encore le ministre sur sa page Facebook. Le ministre invite tous les civils à quitter le
centre-ville, à ne pas sortir de leurs appartements et à ne pas
s'approcher des fenêtres.

Des hélicoptères survolaient la ville à basse altitude, a constaté un
photographe de l'AFP sur place. Une épaisse colonne de fumée noire s'élevait
mais le photographe n'a entendu ni tirs ni explosions, alors que plusieurs messages sur différents réseaux sociaux en faisaient état dimanche matin dans cette ville qui compte quelque 100.000 habitants.

Une autre ville de l'est visée par les pro-russes

Ce dimanche, alors que l'opération "antiterroriste" menée par Kiev se déroulait à Slaviansk, des séparatistes pro-russes se sont également emparés de l'hôtel de ville de Marioupol, toujours dans l'est du pays. Ils ont abaissé le drapeau ukrainien et des dressé des barricades atour du bâtiment, sans que la police n'intervienne pour les en empêcher.

Les Etats-Unis maintiennent leur pression

Samedi soir, dénonçant "un acte d'agression de la Russie ", le gouvernement ukrainien s'était dit prêt à combattre ces tentatives de déstabilisation imputée à Moscou. Une vidéo mise en ligne ce dimanche, et relayée par , montrerait l'assaut lancé par les pro-russes contre le commissariat de la ville de Slaviansk.

Les Etats-Unis ont de leur côté une nouvelle fois appelé Vladimir Poutine à la retenue, et ont annoncé dépêcher le vice-président américain Joe Biden le 22 avril prochain. Ces derniers événements, ont dit les Etats-Unis, rappellent ceux qui ont précédé l'annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée.

Répétition du scénario de Crimée ?

"Nous sommes vivement préoccupés par la campagne concertée à laquelle nous assistons dans l'est de l'Ukraine aujourd'hui, menée par des séparatistes pro-russes, semble-t-il avec le soutien de la Russie, qui incitent à la violence et aux sabotages et cherchent à saper et déstabiliser l'Etat ukrainien ", a déclaré Laura Lucas Magnuson, porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison blanche.

"Nous avons assisté à de soi-disant manifestations en Crimée avant son annexion par la Russie ", a-t-elle fait remarquer. "Nous appelons le président Poutine et son gouvernement à cesser tout effort de déstabilisation de l'Ukraine, et mettons en garde contre toute nouvelle intervention militaire. "

"Cela porte tous les signes de ce que nous avons vu en Crimée, c'est professionnel, c'est coordonné. rien de local là-dedans. Dans chacune des six ou sept villes où elles sont actives, ces forces font exactement la même chose. donc sans aucun doute, cela porte les signes d'une implication de Moscou " a affirmé dimanche l'ambassadrice américaine à l'Onu Samantha Power. Elle a mis en garde contre un durcissement des sanctions.

L'Occident accuse la Russie de répéter dans l'est du pays le scénario qui s'est déroulé en Crimée il y a quelques semaines, et de chercher ainsi un prétexte pour déployer son armée. L'Otan estime d'ailleurs que les forces russes sont en train de se masser à la frontière orientale de l'Ukraine. Moscou par de simples manoeuvres de routines.

"Je suis extrêmement préoccupé par cette nouvelle escalade des tensions dans l'est de l'Ukraine " a déclaré dimanche le secrétaire général de l'otan Ander Fogh Rasmussen.

Moscou dément toute responsabilité

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a à nouveau déclaré samedi que la russie n'avait aucune intention de rattacher les régions orientales de l'Ukraine à la Russie.

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Pour le commentateur ukrainien Sergueï Lechtchenko, le Kremlin se sert de l'activisme des groupes pro-russes, et essaie de s'assurer une marge de négociation avant la réunion internationale qui se doit se tenir ce jeudi entre la Russie, l'Ukraine, les Etats-Unis et l'Union européenne. La Russie devrait s'y faire l'avocat d'une modification de la constitution ukrainienne pour donner une forte autonomie à l'est du pays, ce que refusent les occidentaux.

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