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Zimbabwe : réélection contestée de Robert Mugabe

Au pouvoir sans interruption depuis l'indépendance de la Rhodésie blanche en 1980, Robert Mugabe a été proclamé samedi vainqueur de l'élection présidentielle au Zimbabwe. Un résultat vivement critiqué par l'opposition et par la communauté internationale.
Article rédigé par Pierrick de Morel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

Avec 61 % des suffrages, Robert Mugabe a été réélu sans surprise président du Zimbabwe. A 89 ans, celui qui gouverne le pays depuis 1980 a été reconduit samedi pour un nouveau mandat de cinq ans. Son parti, la Zanu-PF s'adjuge en outre un peu plus des deux-tiers des sièges au parlement, permettant à la formation de Robert Mugabe d'amender à sa guise la Constitution.

Soupçons de fraude

Si les opérations de vote proprement dites se sont déroulées
sans incident majeur, les soupçons de fraude pèsent sur cette élection pourtant validée par les observateurs africains. Près d'un million d'électeurs, sur 6,4 millions d'inscrits,
auraient été empêchés de déposer leur bulletin dans
l'urne.

Le candidat du Mouvement pour le
changement démocratique (MDC, opposition), Morgan Tsvangirai,
deuxième du scrutin, a rejeté les résultats de la consultation et
annoncé que sa formation les contesterait devant les tribunaux. Il a fait part de sa déception lors d'une conférence de presse à Harare : 

"Je pensais que cette élection allait résoudre la crise
politique. Il n'en est rien. Elle a replongé le pays là d'où il
venait."

Morgan Tsvangirai, qui a dirigé un "gouvernement de
cohabitation
" formé sous la pression internationale après les
élections tumultueuses de 2008
, a d'ores et déjà demandé à
l'Union africaine et à la Communauté de développement de
l'Afrique australe (SADC) d'enquêter sur la consultation du 31
juillet.

Réactions inquiètes de l'Union européenne et des Etats-Unis

La nouvelle d'un nouveau mandat de Robert Mugabe a rapidement suscité les inquiétudes de l'Union européenne. "L'UE est préoccupée par les irrégularités
présumées et les informations faisant état d'une participation
incomplète, ainsi que par les faiblesses identifiées dans le
processus électoral et le manque de transparence
", a déclaré samedi dans
un communiqué
(en anglais) la porte-parole de la diplomatie européenne,
Catherine Ashton.

De son côté, le secrétaire d'Etat américain John Kerry est allé plus
loin, rejetant la validité du scrutin et expliquant que "*à la lumière des substantielles irrégularités électorales
rapportées par les observateurs nationaux et régionaux, les
Etats-Unis ne pensent pas que les résultats annoncés aujourd'hui

représentent l'expression crédible de la volonté du peuple du
Zimbabwe* ".

L'Afrique du Sud félicite Mugabe

Bien loin de ces accusations de fraude, l'Afrique du Sud a salué dimanche la réélection de Robert Mugabe. Le président sud-africain Jacob Zuma a adressé à son homologue zimbabwéen "ses profondes félicitations ", soulignant "les relations historiques, fortes, solides et cordiales " entre les deux pays frontaliers.

Il a également intivé "tous les partis politiques du Zimbabwe " à "accepter
le résultat de ces élections que les observateurs électoraux ont décrit comme
l'expression de la volonté populaire
".

Une réaction peu surprenante quand on sait que cette année, au Zimbabwe, seuls des observateurs africains avaient été
autorisés sur le terrain, notamment ceux de la communauté d'Afrique australe
(SADC) au sein de laquelle l'Afrique du Sud joue un rôle clé.

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