Montebourg au PDG de Titan : "Vos propos, aussi extrémistes qu'insultants..."
Le ministre du Redressement productif a répondu, par lettre, au PDG du fabricant de pneus américain. "Les Echos" publient le courrier.
Dès le début, le ton est donné. Arnaud Montebourg a répondu par écrit, mercredi 20 février, à la lettre du PDG de Titan, entreprise américaine un temps pressentie pour reprendre l'usine Goodyear d'Amiens-Nord. Mardi, Les Echos avaient publié le courrier de Maurice Taylor adressée au ministre du Redressement productif, critiquant les "soi-disant ouvriers" et "l'inaction" du gouvernement français. Voici ce que contient la réponse du ministre, diffusée par Les Echos.
"Vos propos, aussi extrémistes qu'insultants, témoignent d'une ignorance parfaite de ce qu'est notre pays, la France, commence Arnaud Montebourg, de ses solides atouts, comme de son attractivité mondialement reconnue et de ses liens avec les Etats-Unis d'Amérique. (...) Chaque année, on compte 700 décisions de localisation d'investissements étrangers créateurs d'emplois et de valeur en France. Et cette solide attractivité ne s'affaiblit pas (...), elle se renforce".
"Titan aurait pu apprendre d'une implantation française"
Le ministre poursuit avec véhémence : "Surtout, loin de vos propos aussi ridicules que désobligeants, l'ensemble de ces entreprises connaît et apprécie la qualité et la productivité de la main d'œuvre française, l'engagement, le savoir-faire, le talent et les compétences des travailleurs français". Arnaud Montebourg énumère ensuite une série de mesures destinées à accompagner la croissance et défend "la qualité du dialogue social en France".
Puis, l'attaque se fait plus frontale. "Puis-je vous rappeler que Titan, l'entreprise que vous dirigez, est vingt fois plus petite que Michelin, notre leader technologique français à rayonnement international, et 35 fois moins rentable. C'est dire à quel point Titan aurait pu apprendre et gagner énormément d'une implantation française."
Une surveillance avec un "zèle redoublé"
Arnaud Montebourg évoque par la suite "l'amitié ancienne et passionnée" entre la France et les Etats-Unis. "Savez-vous au moins ce qu'a fait La Fayette pour les Etats-Unis d'Amérique ? (...) Puisque vous faites le choix de critiquer votre propre pays dans le courrier que vous m'adressez, je dois vous dire à quel point le gouvernement français admire la politique mise en place par le président Obama."
Le ministre du Redressement productif s'en prend finalement aux propos du PDG américain sur la main d'œuvre étrangère, chinoise et indienne notamment, que Maurice Taylor entend employer à moins d'un euro par jour. "Ce calcul condamnable et de court terme se heurtera tôt ou tard à la réaction justifiée des Etats (...) qui s'organisent contre le dumping."
La chute de sa lettre ne manque pas d'ironie : "En attendant, soyez assuré de pouvoir compter sur moi pour faire surveiller par les services compétents du gouvernement français avec un zèle redoublé vos pneus d'importation. Ils veilleront tout particulièrement au respect des normes applicables en matières sociale, environnementale et technique".
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