Sarkozy : "Respecter les institutions, ce n'est pas en accepter toutes les décisions"
L'ancien président s'est rendu au bureau politique exceptionnel de l'UMP, après le rejet de ses comptes de campagne pour la présidentielle de 2012.
Comme prévu, Nicolas Sarkozy s'est rendu, lundi 8 juillet, au bureau politique exceptionnel de l'UMP, après le rejet de ses comptes de campagne pour la présidentielle 2012 par le Conseil constitutionnel. Francetv info vous résume sa sortie.
Son arrivée
L'ancien président a été accueilli vers 17 heures devant le siège de l'UMP par une centaine d'admirateurs, qui scandaient son prénom et lançaient des slogans hostiles à l'égard de son successeur. "Nicolas président", "Hollande en Corrèze, Sarkozy à l'Élysée", pouvait-on entendre. Un homme qui voulait s'approcher de lui pour manifester son enthousiasme a été maintenu à l'écart, de manière musclée, par des membres de la sécurité puis des policiers.
Son discours
Nicolas Sarkozy a pris la parole, et si le bureau politique s'est tenu à huis clos, des extraits de son discours ont été publiés sur son compte Twitter, inactif depuis le 6 mai 2012, soir de sa défaite face à François Hollande. Il a assuré que cet événement n'était pas sa "rentrée politique" et ajouté : "Le jour où je voudrai revenir, je vous préviendrai".
Il a également réagi à la décision du Conseil constitutionnel qui a invalidé ses comptes de campagne pour la présidentielle de 2012 : "Respecter les institutions, ce n'est pas en accepter toutes les décisions". Une phrase qui tranche avec sa déclaration du 12 juillet 2007, rappelée par Slate.fr : "Les institutions, c'est notre règle commune, qui nous permet de vivre ensemble. Elles ne sont fortes, elles ne sont efficaces que si chacun les accepte, que si chacun leur reconnaît une légitimité." Voici l'essentiel du discours prononcé lundi par Nicolas Sarkozy :
"Ceci n'est pas ma rentrée politique. Le jour où je reprendrai la parole, ce sera pour parler aux Français de la France. Ce ne sera pas pour parler de moi, pas pour parler de nous. Ce sera pour parler d'eux. Quelqu'un qui a eu l'honneur de représenter la France pendant cinq ans a le devoir de prendre ses responsabilités. La responsabilité, je l'ai pleine et entière. Respecter les institutions, ce n'est pas en accepter toutes les décisions. La décision prise par le Conseil [constitutionnel] crée une situation grave et inédite. La question n'est pas celle de l'UMP, mais celle du pluralisme. Je continuerai mon chemin avec le souci du recul, de la réflexion, de l'écoute, de la paix dont j'ai besoin après tant d'années d'exposition.
Devant l'inquiétude des Français, toute division est inacceptable. Se diviser, c'est s'affaiblir. Quand on gagne, c'est ensemble. On parle de crise économique, financière, politique… Il y a une crise qui me préoccupe beaucoup plus, c'est la crise des idées politiques. Nous avons changé de siècle, nous ne pouvons pas porter une grille de lecture du 21e siècle avec les idéologies du 20e siècle. Il n'y a pas une Europe, il y en a plusieurs. La préservation de l'idéal européen est pour chacun d'entre nous une obligation. Toute ma vie politique, j'ai voulu, j'ai cru que notre discours, pour être audible, devait être entendu de tous, pas de quelques-uns.
J'avais dit le 6 mai que je resterai parmi vous. Soyez fiers de ce que vous faites. Soyez fiers de ce que nous sommes. Vous pourrez compter sur moi à chaque fois qu'il y en aura besoin. Mais il y a quelque chose d'indécent à parler du rendez-vous de la présidentielle, alors que les Français souffrent."
Les réactions
Les cadres de l'UMP n'ont pas caché leur enthousiasme après le discours de leur champion qui a quitté le siège du parti vers 18h30. L'ancien Premier ministre et actuel maire de Bordeaux, Alain Juppé, a évoqué "beaucoup de hauteur de vue". L'ancien ministre de la Défense Gérard Longuet a décrit un homme "radieux, clair, heureux de parler de la France".
"On a vu un homme d'Etat, (…) on l'a senti passionné par la France comme jamais, c'était incroyable", a déclaré Guillaume Peltier, tête d'affiche de la Droite forte, motion arrivée en tête lors du scrutin interne à l'UMP à l'automne 2012. "C'était un message de solidarité important (…) il était normal qu'il soit parmi nous", a sobrement déclaré Jean-François Copé, président de l'UMP.
Les commentaires
Sur Twitter, les journalistes politiques ont ironisé sur le soi-disant non retour de l'ancien président. "Magritte : 'Ceci n'est pas une pipe'. Sarkozy : 'Ce n'est pas une rentrée politique'", a comparé l'éditorialiste politique du Figaro, Guillame Tabard. "Sarkozy, qui parle pendant une demi-heure en live-tweetant son discours, ce n'est bien sûr pas une rentrée politique", écrit le rédacteur en chef du Journal du Dimanche, Bruno Jeudy.
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