Nicolas Sarkozy n'a pas "fait sa rentrée politique", mais…
Bien qu'il se défende de faire son retour sur le devant de la scène, Nicolas Sarkozy a prononcé un discours très politique, lundi, au siège de l'UMP.
Il l'a clamé haut et fort : "Ceci n'est pas ma rentrée politique." Intervenant devant un bureau politique exceptionnel de l'UMP, lundi 8 juillet, Nicolas Sarkozy s'est vigoureusement défendu de faire son retour sur le devant de la scène. Mais alors qu'il devait évoquer le rejet de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel, c'est bel et bien un discours éminemment politique que l'ancien président de la République a prononcé devant plus de 500 cadres et élus du parti.
…il a "rompu sa décision de se retirer de la vie politique"
Nicolas Sarkozy joue sur les mots. Des images exclusives, récupérées par Guillaume Daret de France 2, le prouvent. Evoquant l'invalidation de ses comptes de campagne, il lance aux cadres de l'UMP qui l'écoutent : "Cela m'a paru suffisamment important pour rompre la décision qui était la mienne de me retirer de la vie politique".
… "il a parlé de la France d'hier et de demain"
Sur le fond, selon le vice-président de l'UMP, Guillaume Peltier, Nicolas Sarkozy a "parlé de la France d'hier et de demain. Il a tracé les grandes lignes d'une France qui doit se relever". "Il en a parlé assez précisément, assez longuement", confirme le sénateur et ancien ministre Gérard Longuet. Si "précisément" que Nicolas Sarkozy a par exemple évoqué la question du gaz de schiste, dont il souhaite l'exploration.
"Il nous a parlé des moyens de sortir de l'ornière dans laquelle nous sommes. Il pense en permanence à la France", rapporte également le député Sébastien Huyghe. L'ancien chef de l'Etat a notamment parlé de "l'inquiétude des Français", qui "souffrent", a-t-il fait observer. Nicolas Sarkozy a également esquissé une autocritique sur la compétitivité, en affirmant que la droite aurait dû, selon lui, réfléchir "avant" à "la question clé : comment redonner de la compétitivité à notre pays ?".
…"il a parlé d'Europe et de sa vision du monde"
Nicolas Sarkozy a également "parlé d'Europe", selon l'ancien Premier ministre, Alain Juppé. Le maire de Bordeaux raconte que l'ancien président a "parlé de sa vision du monde et du progrès". "Il n'y a pas une Europe, il y en a plusieurs. La préservation de l'idéal européen est pour chacun d'entre nous une obligation", a notamment déclaré le prédécesseur de François Hollande.
"On me dit qu'il y a une crise économique (…) J'ai du mal à en percevoir les contours, a-t-il ajouté. L'Asie, l'Afrique, qui s'éveillent chaque jour davantage, quelle bonne nouvelle ! L'Amérique latine, débordante de dynamisme ! Et même l'Europe !" Nicolas Sarkozy a également estimé que l'Europe devrait "rendre des compétences" et se concentrer sur "des compétences essentielles". "Elle exerce trop de compétences dans trop de domaines où elle n'a rien à faire, rien à dire, rien à apporter. On ne peut pas avoir une Europe à 28, demain à 32, 34, 36. L'Europe qui s'élargit doit réduire ses compétences", a-t-il dit.
Évoquant une croissance mondiale comprise entre 3 et 4%, Nicolas Sarkozy a martelé que "la question qui se pose, c'est quelle part en aura la France, comment en attirer, en attraper une partie".
… il a critiqué les divisions au sein de l'UMP
Pas de rentrée politique, donc, selon Nicolas Sarkozy, mais des commentaires, tout de même, sur sa famille politique. "Devant l'inquiétude des Français, toute division est inacceptable. Se diviser, c'est s'affaiblir. Quand on gagne, c'est ensemble", a-t-il notamment déclaré devant Jean-François Copé et François Fillon, quelques mois après la guerre fratricide qui les a opposés lors du vote pour la présidence de l'UMP.
… il a tweeté son discours en direct
Sur la forme, des proches de Nicolas Sarkozy avaient assuré que son passage devant le bureau politique de l'UMP serait discret. Pour éviter de donner le sentiment d'un retour sur la scène politique, le parti avait décidé que ce bureau politique se tiendrait à huis clos.
Un huis clos rompu par l'ancien chef de l'Etat lui-même, qui a posté en direct sur Twitter de longs morceaux de son discours. Un compte sur lequel il n'avait diffusé aucun message depuis le 6 mai 2012 et sa défaite à l'élection présidentielle.
… il a pris un long bain de foule
Enfin, toujours sur la forme, la presse, notamment, devait être tenue à l'écart. Finalement, les journalistes et plusieurs dizaines de supporters ont pu approcher l'ancien chef de l'Etat. Lequel ne s'est pas fait prier et s'est fendu de deux longs bains de foule – à son arrivée, comme à son départ. Mais promis : ce n'était pas une rentrée politique.
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