Note libyenne : le parquet ouvre une enquête contre Mediapart
Le président Nicolas Sarkozy avait annoncé qu'il porterait plainte contre le site d'information Mediapart qui a publié une note libyenne concernant le financement de sa campagne 2007.
Le parquet a ouvert une enquête lundi 30 avril après une plainte du président Nicolas Sarkozy contre Mediapart. Cette enquête préliminaire a été ouverte pour "faux et usage de faux" et "publication de fausses nouvelles", selon une source judiciaire à l'AFP.
Le site d'information a publié une note libyenne concernant le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 par le régime du défunt président libyen, Mouammar Kadhafi. La plainte vise le site Mediapart, son directeur de la publication, Edwy Plenel, ainsi que les deux journalistes Fabrice Arfi et Karl Laske, qui ont signé samedi l'article en cause.
"Un faux grossier", pour Sarkozy
"Ce document est un faux grossier", avait déclaré le président candidat dans la matinée sur le plateau de l'émission "Les 4 Vérités", sur France 2. Il avait alors annoncé qu'il allait porter plainte contre Mediapart, deux jours après la publication par le site de la note.
En guise de réponse, le site d'investigation a publié (lien pour abonnés) un article indiquant qu'"avec le soutien de ses lecteurs, Mediapart fera face sereinement à ce procès intenté par un président et candidat sortant qui, jusque dans l'annonce de ces poursuites, montre sa détestation de la liberté de la presse et de la profession de journaliste". Mediapart fait référence aux propos du président candidat, qui s'est indigné lundi : "Ce qui n'est pas crédible, c'est Mediapart. (...) Il y a une partie des médias, et notamment le site en question, dont je me refuse même à citer le nom, qui sont prêts à bidonner des documents pour ça."
Passe d'armes entre l'UMP et Mediapart
Dans cette note datée du 10 décembre 2006, il est indiqué que le régime Kadhafi aurait débloqué une somme de 50 millions d'euros pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. La note ne précise pas si le versement a effectivement eu lieu.
Dimanche, le président candidat avait déjà réagi sur Canal+, dénonçant une "infamie" de Mediapart. Parlant de "montage", le président candidat avait qualifié le site d'information d'"officine au service de la gauche", conjointement avec François Fillon. Edwy Plenel, président et cofondateur de Mediapart, avait immédiatement réagi sur Twitter : "François Fillon est mal informé. Mediapart n'est pas une officine mais un journal. Et ses principaux actionnaires sont des journalistes."
L'authenticité du document contestée
Moussa Koussa, l’ancien chef des services de renseignements extérieurs de la Libye et signataire de la note, a par ailleurs qualifié de "faux" le document en question. De son côté, Bachir Saleh, cet ex-dignitaire libyen proche du colonel Kadhafi, recherché par Interpol pour fraude, a démenti avoir été le destinataire de ce texte. En outre, son avocat a assuré dimanche que son client "se trouve en France", confirmant une information publiée fin avril par Le Canard enchaîné.
Mentionné dans la note, l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine a quant à lui assuré dans Libération (article pour abonnés) qu'il avait "peu de doute sur [l']authenticité" du document.
Le site Mediapart a répliqué en indiquant que "selon des connaisseurs du régime libyen", la note "est conforme, jusque dans son style, aux habitudes bureaucratiques du régime."
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