Notre-Dame-des-Landes : vers un dialogue de sourds ?
Matignon propose une "commission du dialogue", mais maintient le projet. Les opposants refusent toute discussion sans retrait des forces de l'ordre.
NOTRE-DAME-DES-LANDES- "Dans un souci d'apaisement", le gouvernement va mettre en place une "commission du dialogue", après les vifs affrontements qui ont fait au moins sept blessés, samedi 24 novembre, à Notre-Dame-des-Landes et à Nantes, entre forces de l'ordre et manifestants anti-aéroport. Que réclame chaque camp ?
Que propose le gouvernement ?
"Malgré les concertations légales et les décisions des collectivités concernées, qui ont déjà eu lieu, et qui ont conduit à l'adoption du projet, des interrogations subsistent", a estimé Matignon samedi soir. Le gouvernement va donc confier à une commission "le soin d'exposer" le projet contesté d'aéroport et d'"entendre toutes les parties prenantes". Mais pas question pour autant de reculer : "Le Premier ministre réitère l'engagement du gouvernement à contribuer au développement économique et social du Grand Ouest, dont le projet de transfert de l'aéroport de Nantes à Notre-Dame-des-Landes est une composante".
Par ailleurs, les premiers travaux de défrichement du site de Notre-Dame-Des Landes, initialement prévus en janvier 2013, devraient être repoussés d'environ 6 mois, trois ministres (Ecologie, Transports et Agriculture) ayant décidé de renforcer les procédures en faveur de l'environnement. "Aucune intervention de défrichement" ne sera réalisée "avant validation" par un comité scientifique chargé d'assurer la protection de la biodiversité et des zones humides, ont précisé les ministres. Cet engagement a été salué comme "un premier signe d'ouverture" par Pascal Durand, le secrétaire national d'EELV et un "signe d'apaisement" par le sénateur vert de Loire-Atlantique Ronan Dantec.
Que demande l'opposition ?
Sur le terrain samedi, tant à Notre-Dame-des-Landes qu'à Nantes, les manifestants ont crié leur déception face aux choix du gouvernement. Ils ont conspué le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et fervent promoteur de l'aéroport, ainsi que le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, qui avait évoqué un "kyste" vendredi à propos de l'opposition sur le site prévu pour l'aéroport. Les manifestants ont exprimé leur déception, "immense" pour certains, face à l'épreuve de force engagée par le gouvernement pour imposer ce projet d'aéroport.
L'Acipa, principale organisation d'opposants au projet d'aéroport, a affiché ses exigences peu après la proposition de Matignon : "Nous voulons le retrait total des forces de police du secteur de Notre-Dame-des-Landes, c'est la première condition pour qu'on puisse réfléchir à un dialogue avec le gouvernement", a déclaré Julien Durand, le porte-parole de l'association. Dimanche matin, la gendarmerie est toujours sur place, après des "affrontements sporadiques", dans la nuit. Les forces de l'ordre n'ont pour le moment aucune intention de se retirer et Manuel Valls refuse d'accéder à la demande des activistes. "Il n'y a jamais eu de conditions au dialogue", a-t-il expliqué, depuis la Corse, rapporte France Info.
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