Obama réélu : les défis du nouveau mandat
Le président réélu devra notamment défendre ses réformes avec un Congrès divisé, venir à bout de la crise économique et régler le dossier syrien. Tour d'horizon.
PRESIDENTIELLE AMERICAINE - En 2008, il avait été élu triomphalement, quelques semaines après la chute de la banque Lehman Brothers, coup d'envoi de la crise financière et économique mondiale. Mercredi 7 novembre, Barack Obama a plus modestement gagné le droit de s'asseoir quatre ans de plus dans le bureau ovale. Et il a du pain sur la planche. Voici les défis qui l'attendent.
Retrouvez les résultats détaillés de l'élection avec notre carte interactive.
Réformer le pays : un numéro d'équilibriste
Un Congrès divisé. La réélection de Barack Obama ne lui donne pas carte blanche. Si les démocrates sont toujours majoritaires au Sénat, les républicains sont restés maîtres de la Chambre des représentants, arrachée à leurs rivaux en 2010. Pour diriger, "Obama va devoir choisir entre la conciliation et la confrontation, ou trouver un moyen de naviguer entre les deux", prédit un journaliste du New York Times (lien en anglais).
Une main tendue sur les questions de société. Sans surprise, les républicains prônent la conciliation. "Maintenant que la campagne est terminée, j'ai bon espoir qu'Obama ne sombrera pas dans l'aveuglement partisan et travaillera avec le Congrès divisé pour prendre les décisions dont l'Amérique a besoin", confie à la chaîne Fox News (lien en anglais) Gary Shapiro, PDG de Consumer Electronics, qui regroupe des entreprises du secteur électronique, "dévasté" mais "optimiste".
Devant ses partisans en liesse, Barack Obama a profité de son premier discours de président réélu pour tendre la main aux républicains, concédant tout de même : "Reconnaître que nous avons des espoirs et des rêves communs ne fera pas disparaître les obstacles, ne résoudra pas tous nos problèmes et ne remplacera pas la difficile tâche de forger le consensus." Au menu des quatre années à venir : la réforme des lois sur l'immigration, la poursuite de sa politique sociale controversée - l'"Obamacare" - et la réduction de la dépendance énergétique des Etats-Unis. Ce ne sera pas facile car ce sont des sujets sur lesquels les deux camps sont profondément en désaccord, note le site du quotidien Les Echos.
Venir à bout de la crise économique : une course de fond
Aux Etats-Unis. Le consensus ne sera pas plus facile à trouver sur les sujets économiques... En tête des questions qui fâchent, la réduction du déficit fédéral et la révision de la fiscalité. Sans accord bipartisan d'ici à la fin de l'année, Barack Obama sera confronté à ce que les Américains ont appelé le "mur budgétaire". Il s'agit d'un mécanisme législatif hérité d'un psychodrame politique sur la dette des Etats-Unis à l'été 2011. Il s'est soldé par le vote d'une loi visant à graver dans le marbre l'objectif de réduction du déficit de 1 200 milliards de dollars (940 milliards d'euros) sur 10 ans. Et ce à partir de 2013.
Autrement dit, si aucun accord n'est trouvé d'ici le 31 décembre, le budget de l'Etat sera amputé de plusieurs centaines de milliards de dépenses tandis que des hausses d'impôts massives entreront en vigueur. De quoi faire craindre une récession d'ampleur mondiale.
Avec l'Europe. L'Allemagne comme la France, à l'instar des institutions de l'Union européenne, ont invité le président réélu à se concerter résolument avec l'Europe pour surmonter la crise économique. Cependant, le sujet de l'Europe a été très peu abordé pendant la campagne. Et pour cause : "Aux yeux des Américains, les Européens sont les pires alliés du monde sauf qu'il n'y en a aucun autre", indique l'historien Justin Vaïsse au micro de France Info.
A l'international : partie d'échecs avec l'Iran, opération séduction en Asie
Le Moyen-Orient. La réélection du président des Etats-Unis assurera la continuité de la diplomatie américaine, notamment en ce qui concerne le retrait des troupes d'Afghanistan d'ici 2014. Du coup, les défis sont les mêmes - et pas des moindres : venir à bout des ambitions nucléaires de Téhéran, trancher la question du recours à la force, de la part de Washington ou d'Israël, dans ce dossier, ou encore affiner sa position sur la Syrie.
Sur ce point, les appels de l'opposition syrienne invitant les Etats-Unis à armer les rebelles face à l'armée du président Bachar Al-Assad, risquent de s'accroître. "Je ne pense pas qu'il soit viable de rester inactif si la situation se détériore en Syrie et, à moins que les Iraniens soient assez stupides pour nous donner une meilleure raison d'attaquer, je ne pense pas que l'administration le fera", prédit James Dobbins, directeur du centre Rand pour la sécurité internationale et la politique de Défense, cité par Reuters.
Etroite collaboration avec la Chine. Tout en se désengageant progressivement au Moyen-Orient, les Etats-Unis devraient réorienter la diplomatie américaine en direction de l'Asie. Objectif : tirer profit de la croissance promise en Chine et en Inde. "Nous allons de plus en plus nous voir comme une nation du Pacifique plutôt que de l'Atlantique", assure à Reuters Jon Alterman, du Centre d'études stratégiques et internationales. "On peut penser que c'est la direction de l'histoire", confime aux Echos.fr Dominique Moïsi, conseiller spécial de l'Institut français de relations internationales (Ifri).
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