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Pakistan. Une adolescente arrêtée pour blasphème

Accusée d'avoir brûlé des versets du Coran, une jeune chrétienne a été interpellée le 16 août. Selon des associations, elle serait atteinte de trisomie 21. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des enfants à côté de la maison où vivait Rimsha, dans le quartier de Mehrabad, à Islamabad.  (AAMIR QURESHI / AFP)

ASIE-PACIFIQUE - C'est au tour du président lui-même de s'exprimer sur le dossier. Asif Ali Zardari a pris "sérieusement en considération" l'arrestation d'une jeune chrétienne, peut-être atteinte de trisomie 21, le 16 août dernier. L'adolescente est prénommée Rimsha. Elle est accusée d'avoir brûlé des feuilles de papier où étaient rédigés des versets du Coran. Le Pakistan est régulièrement critiqué par l'Occident pour sa loi anti-blasphème, jugée trop rigide. 

Qui est Rimsha ?

La jeune femme a été arrêtée le 16 août dans un quartier pauvre de la capitale, Islamabad, après avoir provoqué la colère de musulmans. Un policier interrogé par l'AFP a expliqué que Rimsha allait comparaître devant un tribunal pour être inculpée de blasphème. Selon lui, elle serait âgée de 16 ans et analphabète, mais ne souffrirait d'aucun trouble mental.

Une version contestée par le responsable d'une organisation de défense des minorités, qui a expliqué à l'AFP que Rimsha est atteinte de trisomie 21 et qu'elle n'est âgée que de "11 ou 12 ans". Des voisins de sa famille lui donnent aussi entre 10 et 13 ans. Interrogé par la BBC, le ministre pour l'Harmonie nationale, Paul Bhatti, précise que la maladie de Rimsha était bien connue de tous.

Comme Rimsha et sa famille, 800 chrétiens vivent dans le quartier mixte de Mehrabad. Depuis, nombre d'entre eux ont choisi de quitter leur domicile, où la situation est tendue. Le 20 août, la maison de la famille de Rimsha était fermée et vide, selon l'AFP. 

Que lui reproche-t-on ?

L'AFP a contacté un voisin de Rimsha. Celui-ci explique avoir vue l'adolescente brûler des feuilles de papier, sur lesquels étaient écrits des versets du Coran. Après avoir récupéré une partie des feuilles sur un tas d'ordures, il les aurait apportés à la mosquée, où l'imam a appelé la police. Ce voisin a alors fait une déposition.

Au Pakistan, pays à 95% musulman, le blasphème peut être puni de mort. L'affaire n'est pas la première du genre. Le mois dernier, une foule a sorti de force un homme mentalement déséquilibré d'un commissariat de police dans la province du Pendjab et l'a battu à mort en affirmant qu'il avait brûlé des pages du Coran.

L'affaire prend un tour diplomatique

Le département d'Etat américain a dénoncé une "affaire évidemment très gênante", le 20 août. Il demande au gouvernement pakistanais "de protéger non seulement ses minorités religieuses, mais aussi les femmes et les filles" du pays.

Critiqué en Occident pour son refus de modifier la loi anti-blasphème, le président Asif Ali Zardari a demandé à son ministre de l'Intérieur de lui présenter un rapport sur cette affaire. 

Le Women's Action Forum (WAF), une organisation pakistanaise de défense des droits des femmes, s'est dit "scandalisé par l'inhumanité" des personnes qui ont dénoncé Rimsha.

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