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Cinéma : « Perdrix » d'Erwan Le Duc en salles le 14 août

Pierre Perdrix vit des jours agités depuis l’irruption dans son existence de l’insaisissable Juliette Webb. Comme une tornade, elle va semer le désir et le désordre dans son univers et celui de sa famille, obligeant chacun à redéfinir ses frontières, et à se mettre enfin à vivre.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Perdrix, un film d'Erwan Le Duc  (Alexis Kavyrchine)

Extrait de l’entretien avec Erwan Le Duc, réalisateur*  

Comment êtes-vous venu au cinéma ?

C’est venu à douze ans, en tombant par hasard sur Pierrot le fou, de Jean-Luc Godard, à la télé. Je n’y comprenais rien mais j’ai été embarqué par l’énergie, les couleurs, la liberté du film. Puis avec des amis, en réalisant des petits films, dans le jardin de mes parents, avec les caméras vidéo 8 de l’époque, dans lesquels on jouait, avec mon frère comme cascadeur et ma soeur comme chef-op… Ensuite j’ai fait d’autres études, et pendant dix ans, j’ai mis ça de côté, j’ai fait du journalisme, je suis parti comme chargé de mission pour le ministère des affaires étrangères à l’ambassade de France au Yémen, avant de revenir en France, au ministère de la culture, à la Direction de l’Architecture.

Adieu le cinéma ?

Il était toujours là, en secret. J’écrivais des trucs, des ébauches de scénario, et j’avais des amis qui poursuivaient cette aventure-là, que je suivais, en spectateur, sans m’y engager. Et puis, en parallèle au journalisme auquel j’étais revenu, j’ai commencé à écrire pour un réalisateur syrien, Meyar Al Roumi. On a signé ensemble le scénario de son film Round Trip, une histoire d’amour dans un train de nuit entre Damas et Téhéran. Et je me suis lancé dans l’écriture d’un court-métrage que j’ai tourné fin 2011 : Le commissaire Perdrix ne fait pas le voyage pour rien. Déjà ce personnage de Perdrix, joué par Fred Epaud, et qui était commissaire à l’époque. Il avait pour acolyte un lieutenant bizarre joué par Alexandre Steiger… et nommé Webb, comme Juliette dans Perdrix. En juillet 2012, alors que je rentrais d’Ukraine où je couvrais l’Euro de foot pour Le Monde, j’ai reçu un coup de fil d’Elisabeth Depardieu, la directrice artistique de la résidence Emergence, qui aide de jeunes cinéastes à développer leur projet de premier long. Elle avait vu le court-métrage, qui lui avait plu, et m’a demandé si j’avais un projet de long. C’était assez moyennement le cas. Alors sans me poser trop de questions, j’ai pris deux semaines de vacances et j’ai écrit de manière frénétique la première version, assez « déglingo », de Perdrix. Le jury d’Emergence, merci à lui, a sélectionné le projet, et j’ai fait cet atelier six mois plus tard.

D’où venait le commissaire Perdrix ?

Je ne sais pas, même si, curieusement, « les forces de l’ordre » traversent tous mes courts-métrages : il y a des flics dans Jamais Jamais et des militaires dans Le Soldat vierge. Peut-être devrais-je m’en inquiéter… Je crois que c’est leur mission qui m’intéresse : ils sont dépositaires de l’autorité, du respect de l’ordre, de la loi, ils sont supposés être droits, et cela me permet, d’abord, de jouer avec ces codes, et ensuite, de questionner leur libre arbitre, la liberté qu’ils s’octroient, ou non, dans ce cadre très défini. Comment ils dépassent leur uniforme, s’en déshabillent, souvent au propre comme au figuré, et comment ils s’adaptent au monde autour d’eux. Ce mouvement entre la liberté individuelle, à tous les niveaux, et la responsabilité collective, le rapport au groupe, qu’il soit familial, sociétal ou autre, me questionne.  

Perdrix, un film d'Erwan Le Duc, sortie en salles le 14 août  (Alexis Kavyrchine)

Comment le scénario du long-métrage a-t-il évolué ?

Il a beaucoup évolué, parfois de manière chaotique. D’abord parce que, sans le savoir, j’ai écrit la première version en travaillant à l’envers, en écrivant directement une version dialoguée, pour après réfléchir aux fondations, aux personnages, à la structure, à la dramaturgie. Ensuite parce que j’ai évolué sur les questions de fond que je voulais aborder, sur le coeur du projet. Le scénario a longtemps été celui d’un polar décalé, avec deux flics, Pierre Perdrix et Juliette Webb. Le personnage féminin était assez proche de ce qu’il est aujourd’hui, dans sa caractérisation, mais petit à petit, Juliette Webb est sortie du commissariat, elle a été journaliste, médecin, et aujourd’hui, on ne sait rien de sa profession, pour lui laisser un maximum d’espace, et d’imaginaire. Le personnage a suivi les évolutions d’un scénario que j’ai voulu épurer. Le pitch en devenait minimaliste et ça me plaisait : une fille se fait voler sa voiture, elle va porter plainte et rencontre un gendarme. Entre elle et lui, il se passe quelque chose. Bon, il se trouve que c’est une fille nue qui vole la voiture...  

*Entretien issu du dossier de presse    

Plus d’informations sur le site de Pyramide Distribution

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