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Pas-de-Calais : "Planter des vignes sur un terril ? Personne ne pensait que c'était possible"

Une nouvelle réglementation autorise les producteurs à commercialiser du vin issu d'une région "non-viticole", à condition de respecter certains critères. Francetv info a contacté Olivier Pucek, un vigneron qui a jeté son dévolu sur un terril près de Béthune.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un homme participe aux vendanges sur le terril d'Haillicourt (Pas-de-Calais), le 20 octobre 2015. (MAXPPP)

Etes-vous prêt à boire du vin ch'ti, normand ou breton ? Jusqu'ici, il était interdit de commercialiser du vin produit dans les régions "non-viticoles", définies par l'Institut national des appellations d'origine (Inao). Mais à compter du 1er janvier, un nouveau règlement assouplit ces conditions. Les producteurs pourront obtenir les autorisations convoitées dans l'ensemble du pays, à condition de ne pas détourner la notoriété d'une appellation ou indication protégée.

Ce vin ch'ti pourrait être commercialisé courant 2016

"Nous attendions cette décision depuis longtemps", résume Olivier Pucek. Petit-fils et arrière-petit-fils de mineur, ce vigneron a eu l'idée folle de planter de la vigne sur un terril d'Haillicourt, près de Béthune (Pas-de-Calais). Pour le moment, il doit encore se contenter d'une autorisation à titre culturel ou expérimental. Seuls les 200 membres de l'association 2Bis et Tertous peuvent donc acheter le breuvage, dont un tiers de la production est réservé à la mairie, propriétaire du vignoble à hauteur de 30%.

Olivier Pucek a choisi de se lancer, car la réforme est déjà en gestation "depuis cinq ans" chez les professionnels. Malgré tout, la partie était loin d'être gagnée, faute d'ensoleillement. "On récolte tardivement, après le 15 octobre. Il faut des très jolis mois de septembre et d'octobre, ce qui est rare dans le Pas-de-Calais." Malgré tout, il parvient à ses fins. En octobre, nos confrères de France 3 ont assisté aux troisièmes vendanges de ce petit vignoble, grand de 30 ares. Le "Charbonnay" régale ses amateurs.

Cette année devrait récompenser les efforts et les investissements fournis par Olivier Pucek. "Nous avons demandé la conversion de nos droits de plantation en autorisation commerciale. Avant-hier, le directeur de FranceAgriMer m'a confirmé que c'était possible, même s'il manquait encore des petits outils réglementaires", explique-t-il. Le vigneron espère commercialiser "quatre hectolitres dans le courant de l'année 2016". Mais il reste méfiant : "L'administration, c'est très compliqué."

"Cette interdiction était une injustice"

Le vigneron vise notamment les caves et les grands restaurants. La viticulture a-t-elle sa place dans ce département ? Olivier Pucek le pense. "Du vin a été produit dans la région au XVIIIe siècle, avant que la production ne soit progressivement abandonnée parce que les conditions sont difficiles et en raison d'une législation contraignante." Dans le département, une dizaine de petits vignobles associatifs ont déjà été créés, avec des exigences de qualité plus ou moins élevées. En revanche, "personne ne croyait à la possibilité d'utiliser le terril pour planter un vignoble."

Des passionnés cultivent déjà de la vigne sur les flancs d'un terril d'Haillicourt (Pas-de-Calais).  (O. PUCEK / DR)

Ces nouvelles dispositions font naître certaines critiques. Quid de la qualité de nouveaux vins, non rattachés à une appellation géographique ? Pour Olivier Pucek, la réforme permet surtout de réparer une injustice et de donner leurs chances à des terroirs exceptionnels. Le vigneron réplique : "On n'interdit pas à certaines régions de produire des fraises, des pommes, des vaches ou des moutons." Et il prend aussi exemple sur des régions proches du Nord-Pas-de-Calais.

J'ai toujours considéré cette interdiction comme une injustice. Des régions voisines, comme le sud de l'Angleterre ou la Belgique, produisent du vin depuis très longtemps et le commercialisent. Alors pourquoi priver le Nord-Pas-de-Calais de cette possibilité ?

Olivier Pucek

à francetv info

La production d'un vin blanc honnête semble limitée à des terroirs de qualité, rares dans la région. A ce titre, le terril d'Haillicourt offre un terrain riche en schistes, en grès et en charbons. Selon Olivier Pucek, la région a surtout un potentiel économique dans la production de mousseux. "Les Champenois ont déjà investi dans le sud de l'Angleterre et en Belgique. Dans notre région, il y a un certain nombre de coteaux crayeux propices à la production de mousseux, qui demande une maturité différente des jus." Reste à convaincre les géants du secteur, avant de trinquer avec eux.

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