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Paul Ryan doit-il craindre Joe "la gaffe" Biden?

Le colistier de Mitt Romney et le vice-président débattent ce soir. FTVi vous donne les clés pour comprendre la confrontation. 

Article rédigé par Nora Bouazzouni
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le colistier de Mitt Romney, Paul Ryan (G) et le vice-président de Barack Obama, Joe Biden, s'affrontent jeudi 11 octobre en débat à Danville, Kentucky (Etats-Unis). (STAN HONDA / BRENDAN SMIALOWSKI / AFP )

PRESIDENTIELLE AMERICAINE - Sénateur pendant trente-six ans, deux fois candidat à la primaire présidentielle démocrate, vice-président de Barack Obama : le CV de Joe Biden, qui doit affronter lors d'un débat jeudi 11 octobre Paul Ryan, le colistier du républicain Mitt Romney, est impressionnant. Le nombre de ses maladresses depuis le début de la campagne aussi. Mais s'il est surnommé "Joe le gaffeur" il n'en reste pas moins un féroce débatteur, et FTVi vous explique pourquoi Ryan peut craindre son adversaire.

Biden, le vieux routier de la politique

Joe Biden est sous pression. Jeudi (vendredi vers 3 heures du matin en France), le vice-président va devoir faire oublier le débat raté qui a opposé le 3 octobre Barack Obama à Mitt Romney, où le candidat républicain a brillé par son énergie et son agressivité. Dans le camp démocrate, l'heure est donc à la contre-attaque. Et ça tombe bien, car Biden n'est pas né de la dernière pluie. Sénateur du Delaware pendant trente-six ans, deux fois candidat à la primaire présidentielle du parti démocrate, le presque septuagénaire est rodé aux débats.

Dans son camp, on ne doute pas un instant qu’il ne fera qu'une bouchée du novice Paul Ryan, 42 ans : "C'est depuis longtemps une figure publique et un grand habitué des débats. A mon avis, il a juste à aller là-bas et défendre ce qu'Obama a défendu" face à Romney, estime sur CNN (en anglais) le conseiller principal de la campagne d'Obama. Mitt Romney lui-même a ironisé sur l'inexpérience de son colistier, note l'AFP : "Je pense que c'est le premier débat de Paul. Mais je peux me tromper. Il a peut-être eu un premier débat au lycée, je ne sais pas", a-t-il dit à la chaîne CNN, mardi 9 octobre. Même les républicains vantent les mérites de Biden : "Joe Biden est un orateur talentueux. Il est très doué en rhétorique et populaire", a confié le président du Comité national républicain à CNN.

 

Joe Biden au Chesterfield Country Fairgrounds, à Chesterfield, en Virginie (Etats-Unis), le 25 septembre 2012. (WIN MCNAMEE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

D'après un conseiller de Mitt Romney, indique le Wall Street Journal (en anglais), Paul Ryan a commencé à se préparer au face-à-face dès la fin de la convention républicaine, fin août, en visionnant le débat Biden-Palin de 2008, où le futur vice-président avait tenu tête à la gouverneure d'Alaska. Car le colistier républicain s'attend à un Biden en "mode confrontation totale", prêt à se lancer sur lui tel un "boulet de canon", a-t-il déclaré au magazine conservateur The Weekly Standard"Après la prestation catastrophique du président, (…) [les démocrates] n'ont d'autre choix que de lâcher Biden sur moi", a renchéri l'élu du Wisconsin sur les ondes de WTMJ, une radio du Milwaukee.

Pour tenter de combler l'écart entre les deux candidats dans les sondages après la prestation décevante de Barack Obama face à Mitt Romney, Joe Biden va en effet devoir attaquer frontalement Paul Ryan. Notamment sur les questions économiques, qui obsèdent les électeurs et sont la spécialité du colistier républicain, favorable à des coupes budgétaires drastiques. Mais Biden reste prudent : "J'ai hâte, vraiment. Mais je ne veux rien dire pendant le débat qui ne soit tout à fait exact", a-t-il confié, rapporte USA Today (en anglais). "Je ne veux pas que Paul Ryan puisse me rétorquer 'Ah non, ce n'est pas ma position'." Autre point fort du vice-président (et potentielle faiblesse du républicain), la politique étrangère. Il a dirigé pendant quatre ans, dans l'opposition, le Comité des affaires étrangères du Sénat, entre 2003 et 2007, en pleine guerre en Irak et en Afghanistan.

Joe, le roi de la gaffe

Si les républicains craignent l'expérience de Joe Biden et son côté accessible aux gens, ils savent aussi que sa spontanéité l'a fréquemment desservi. L'élu du Delaware est en effet surnommé "Joe le gaffeur" à cause de ses boulettes à répétition. Dernière en date le 2 octobre, à Charlotte, en Caroline du Nord, où il fustigeait le projet budgétaire des républicains. "Comment (les républicains) peuvent-ils justifier une augmentation des impôts sur une classe moyenne qui a été ravagée ces quatre dernières années ?", a lancé Biden, oubliant que c'est bien son parti qui est au pouvoir depuis 2008.

Mitt Romney a sauté sur l'occasion et réagi immédiatement sur son compte Twitter : "Je suis d'accord avec Joe Biden, la classe moyenne a été dévastée ces quatre dernières années, c'est pourquoi nous avons besoin de changement en novembre."

Au mois d'août, en Virginie, s'adressant à un auditoire composé en majorité d'Afro-Américains, il avait accusé les républicains de vouloir leur remettre "des chaînes aux pieds". "[Romney] a dit que dans les 100 premiers jours de son mandat, il allait laisser les banques écrire leurs propres règles – libérer Wall Street. (Les républicains) vont vous remettre à tous des chaînes aux pieds !" Une comparaison malheureuse dans un ancien Etat esclavagiste… 

Joe le gaffeur a aussi beaucoup d'autodérision. En 2008, un mois après avoir été choisi par Barack Obama pour être son colistier et le candidat à la vice-présidence des Etats-Unis, il a trouvé qu'Hillary Clinton aurait été un meilleur choix. "Hillary Clinton est aussi voire plus qualifiée que moi au poste de vice-président des Etats-Unis. Très franchement, c'aurait peut-être été un meilleur choix."

Mais le vice-président de Barack Obama reste un féroce débatteur, et Paul Ryan "ne compte pas" sur ses maladresses légendaires pour décrédibiliser le camp démocrate jeudi soir. "C’est quelqu'un de très discipliné lorsqu'il s'agit de débattre. Il ne fait pas de gaffes dans ces moment-là, plutôt lorsqu'il parle au pied levé, sur le terrain", a-t-il affirmé sur la chaîne Fox News.

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