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A Lille avec Martine Aubry, François Hollande fait coup double

Pour son dernier grand meeting avant le premier tour dimanche, François Hollande a fait meeting commun, mardi 17 avril à Lille avec Martine Aubry. L’occasion d’afficher l’unité du Parti socialiste et de mettre l’accent sur un discours social.
Article rédigé par Sébastien Tronche
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
A Lille, François Hollande a affiché l'union de la gauche. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Pour son dernier grand meeting avant le premier tour dimanche, François Hollande a fait meeting commun, mardi 17 avril à Lille avec Martine Aubry. L'occasion d'afficher l'unité du Parti socialiste et de mettre l'accent sur un discours social.

De notre envoyé spécial, à Lille. D'une pierre, double coup. Pour son dernier grand meeting de campagne, même si un autre a été rajouté à Bordeaux jeudi, François Hollande a suivi la tradition socialiste. Celle d'achever la campagne à Lille, ville à "forte signification historique pour la gauche", dixit Bernard Cazeneuve, porte-parole du candidat. Le tout aux cotés de Martine Aubry, représentante d'une aile plus à gauche du Parti socialiste. L'arme pour contrer la dynamique du Front de gauche et de Jean-Luc Mélenchon ?

"C'est toujours à Lille que le candidat socialiste vient tenir son dernier grand meeting avant le premier tour, ici sur une terre du socialisme et du combat ouvrier mais aussi une terre au cœur de l'Europe", a déclaré Martine Aubry à l'AFP dans la journée précédant le meeting.

L'unité sans Ségolène Royal

Dès la gare du Nord à Paris, entre les porte-paroles de campagne et les attachés de presse, les socialistes ont voulu placer ce grand rassemblement lillois sous le signe de l'unité et du rassemblement autour de François Hollande dans le fief de la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry. Une unité affichée dès le quai de la gare et clamée fermement.

Pour l'occasion, tout l'aréopage du parti à la rose était présent. De Jean-Marc Ayrault à Harlem Désir en passant par Arnaud Montebourg, Jean-Michel Baylet et par les anciens premiers ministres Lionel Jospin et Laurent Fabius. Invité également, le premier ministre belge Elio Di Rupo ne s'est pas exprimé à la tribune après le concert du groupe de rock Blankass, laissant ce soin à son successeur à la tête du PS belge, Thierry Giet. Seule Ségolène Royal, candidate malheureuse des socialistes en 2007 manquait à l'appel du beffroi lillois.

"Que le rassemblement se fasse à Lille n'est pas neutre"

Malgré cette absence remarquée mais tue, Bernard Cazeneuve voyait dans la réunion lilloise une symbolique forte. "Que le rassemblement se fasse ici n'est pas neutre", nous expliquait-il avant les prises de parole en référence à l'inimitié existante entre le présidentiable et celle qui lui a succédé rue de Solférino.

Dans un Grand Palais réservé dans son intégralité, à l'inverse d'un Nicolas Sarkozy ou d'un Jean-Luc Mélenchon, passé dans cette vaste salle quelques semaines plus tôt, le prétendant socialiste à l'Elysée a lancé une nouvelle fois l'appel à la mobilisation, même si la sérénité semble régner dans les rangs de l'équipe du candidat. "Nous n'avons pas le sentiment que cette élection est imperdable. Toute élection peut-être perdue", ajoute Bernard Cazeneuve, député spécialiste de l'Affaire Karachi.

Aubry : "Oui, il y aura une sanction le 6 mai"

Pour ce meeting commun entre les deux personnages forts de la gauche française de gouvernement, Martine Aubry, prétendante légitime à Matignon, a loué la candidature de François Hollande, le remerciant pour son "engagement", sa "force tranquille" et sa "dignité". "Tu nous rends fiers d'être socialistes, d'être de gauche", a déclamé la maire de Lille dans une rhétorique que ne renierait pas le leader du Front de gauche.

Mais la première secrétaire socialiste, chargée depuis le début de la campagne de porter les coups contre le pouvoir sortant, a attaqué frontalement le bilan de Nicolas Sarkozy. Quel meilleur socle pour l'unité que la désignation d'un ennemi commun. "Distrait sur son bilan, discret sur son projet", a-t-elle dit, rappelant les chiffres du chômage en hausse depuis cinq ans, la perte du triple A, les déficits de la sécurité sociale...

Hollande : "Il n'y a pas deux gauches"

"Il veut repeindre son bilan en rose. Mais noir c'est noir et c'est ainsi qu'il en est", a poursuivi Martine Aubry en insistant parallèlement sur le "progrès" porté par le projet de François Hollande. "Nicolas Sarkozy a voulu relancer l'usine à promesses, la seule qui ne ferme pas avec lui. (…) Oui, il y aura une sanction le 6 mai. Mais pas celle des marchés financiers, celle du peuple de France."

Après l'intervention engagée et ancrée à gauche de Martine Aubry, acclamée en son fief, François Hollande a livré, devant 25 000 personnes selon Manuel Valls, un de ses derniers discours d'avant-premier tour, rendant un hommage appuyé à Pierre Mauroy, ancien maire de Lille et premier Premier ministre de François Mitterrand.

Un discours à forte connotation sociale, articulé autour du rassemblement et de la mobilisation –thème fort de cette fin de campagne-, en présence des candidats malheureux à la primaire socialiste. "Ce rassemblement est notre force", a dit le député de Corrèze après avoir chaleureusement salué Martine Aubry. "Il n'y aura pas la gauche contre la gauche, la gauche de protestation contre la gauche de gouvernement. Il n'y a pas deux gauches. Il n'y a qu'une gauche qui veut gagner, qui veut diriger, qui veut rassembler les Français".

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