Pourquoi Richard Ferrand traverse une mauvaise passe à l'Assemblée
Le patron des députés LREM au Palais-Bourbon connaît des débuts difficiles. Contesté en interne, Richard Ferrand a également déposé des amendements bien loin du renouvellement de la vie politique promis par Emmanuel Macron.
Laborieux. Les premiers pas de Richard Ferrand en tant que patron du puissant groupe La République en marche sont loin d'être une réussite. L'ex-ministre de la Cohésion des territoires, toujours dans la tourmente depuis les révélations sur l'avantage dont aurait bénéficié sa compagne lors d'une transaction immobilière, semble subir un début de fronde en interne, rapportent jeudi 27 juillet Le Monde et L'Express (articles abonnés). D'autant que ce proche d'Emmanuel Macron s'est également fait remarquer par deux amendements bien éloignés de l'esprit de renouveau de la vie politique promis par le président de la République.
Il a voulu torpiller (sans succès) la suppression de la réserve parlementaire
C'est une promesse de campagne d'Emmanuel Macron : la suppression de la réserve parlementaire, cette somme de 130 000 euros par an allouée à chaque député. Ce dernier peut en disposer comme il l'entend, en aidant notamment les associations ou communes de son choix. Mais, mercredi 12 juillet, lors d'une réunion à huis clos du groupe LREM, les choses évoluent. "Une troisième voie, calquée sur ce qu’ont décidé les sénateurs, se dessine : la suppression avec création d’un fonds de développement pour les collectivités locales", raconte Libération.
"Devant la liste d’orateurs qui s’allonge, Richard Ferrand accélère la discussion. Le député du Finistère ne donne pas son avis mais oriente un peu les débats, insistant sur le fait qu’il ne faut pas créer une 'usine à gaz', poursuit le quotidien. A ses yeux, le fonds d’aide aux collectivités ne verra peut-être jamais le jour vu que Bercy racle tous les fonds de tiroir à la recherche d’économies." En clair, Richard Ferrand fait discrètement pression pour maintenir cette réserve parlementaire analyse Le Parisien.
Résultat : 76 députés se prononcent pour le maintien, 73 pour la suppression. Néanmoins, un nouveau vote du groupe, qui se tient dès le lendemain, se décide pour la suppression de la réserve parlementaire.
Avec son groupe, il a déposé un amendement pour abandonner l'obligation d'avoir un casier vierge
Autre point légèrement embêtant pour Richard Ferrand : il a signé avec son groupe La République en marche un amendement de blocage du texte visant l'obligation d'avoir un casier judiciaire vierge pour se présenter à une élection. Là encore, une promesse de campagne d'Emmanuel Macron.
Visé par une enquête, #Ferrand dépose un amendement contre l'obligation de présenter un casier vierge pour être élu… #LREM #DirectAN pic.twitter.com/47H9l7MVIa
— Nils Wilcke (@paul_denton) 24 juillet 2017
Si la rapporteure du texte et les experts constitutionnalistes ont prévenu des "risques importants" d'inconstitutionnalité, cet amendement passe mal dans l'opinion. Beaucoup rappelant sur les réseaux sociaux l'affaire des mutuelles de Bretagne pour laquelle Richard Ferrand est visée.
Il est contesté au sein de sa propre majorité
Mais le problème le plus important auquel est confronté Richard Ferrand vient sans doute de ses propres troupes. Son autorité est contestée en interne, rapporte notamment Le Monde. "Un pilier de l’Assemblée nationale a (...) noté que M. Ferrand n’assistait pas non plus systématiquement à la conférence des présidents, chargée d’organiser les travaux parlementaires", indique le quotidien du soir.
On ne sait pas ce qu’il fait de ses journées, on le voit deux fois deux heures par semaine en réunion de groupe et ça s’arrête là.
Un proche d'Emmanuel Macronau Monde
"Ferrand ne tient pas son groupe", confie encore au Monde un proche de la majorité. "L’homme est atteint", observent ainsi plusieurs élus. "Son autorité n'est pas reconnue", lâche encore à L'Express un député anonyme. "C'est un très mauvais président de groupe", assène une autre. "De l'extérieur, on a l'impression d'un groupe caporalisé, alors que de l'intérieur, il ne tient rien", renchérit un autre.
Face à ces reproches, Richard Ferrand s'est défendu dans Le Monde, expliquant qu'il ne se voit pas comme "un surveillant général ou un chien de berger". "Mon rôle, c’est de permettre aux talents d’éclore, et aux compétences des uns et des autres de s’exprimer", ajoute-t-il, revendiquant le fait d’encourager "ceux qui souhaitent prendre des responsabilités" à le faire.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.