Corse : Gérald Darmanin sur l'île, des avancées concrètes attendues par des manifestants et les élus
Le ministre de l'Intérieur se rend en Corse les 16 et 17 mars. Il participe à un "cycle de discussions" sur le statut de la Corse, pour faire retomber les tensions sur l'île. Les élus nationalistes et les manifestants attendent le rapprochement des détenus corses et des annonces concrètes sur l'autonomie de la Corse.
"Nous sommes prêts à aller jusqu'à l'autonomie". Le mot est lâché par Gérald Darmanin ce 16 mars dans le journal Corse-Matin. Un statut particulier pour l'île pourrait déboucher du "cycle de discussions" qui s'engage ce mercredi, et auquel le ministre doit se rendre. Il est attendu à Ajaccio, où il doit rencontrer notamment Gilles Simeoni, le président du Conseil de l'exécutif corse, et Marie-Antoinette Maurepuis, présidente de l'assemblée de corse.
Mercredi matin, des jeunes manifestants l'attendaient de pied ferme. Cette fois-ci, la manifestation s'est déroulée dans le calme. Pas de casse, pas de cris, ni même de banderoles pour accuser l'État français d'assassinat. Yannick, étudiant de 19 ans en génie civil, a tenu à revenir manifester pour "mettre la pression" à quelques heures de la venue du ministre.
"On veut envoyer un message, pour montrer que le peuple corse se mobilise, et en soutien à la famille d'Yvan Colonna."
Yannick, étudiantà franceinfo
La tentative d'assassinat d'Yvan Colonna a été un déclic pour remobiliser tous ces jeunes, très politisés déjà pour la plupart. "Mes grands-parents se faisaient frapper pour ne pas parler corse" raconte Marie, 25 ans. "J'en veux à l'État français, parce que c'est comme ça qu'on perd une langue. Bien évidemment, on ne peut pas dire que la Corse a été colonisée. Mais c'est quand même des aspects de colonisation quand on frappe les gens pour qu'ils ne parlent pas leur langue."
Les élus nationalistes soutiennent la jeunesse mobilisée
"Ça me touche de voir les jeunes de l'île se mobiliser aujourd'hui", déclare Marcellu Cesari, 70 ans, maire de Riventosa, une communes nichée dans la montagne corse. Lui et Antone Cassanova 29 ans, maire de Pioggiola, attendent aussi beaucoup du cycle de discussion. Marcellu Cesari est membre de "Femu a Corsica" (Faisons la Corse), le parti majoritaire nationaliste en Corse, et milite depuis des années pour l'autonomie. "La mobilisation actuelle me replonge dans mes souvenirs. Je me suis engagé quand j'avais 27 ans. J'ai pratiqué la violence politique. On a eu le sentiment qu'il n'y avait plus que cette solution pour se faire entendre. Et aujourd'hui, tant d'années après, on se retrouve dans la même situation. Et en réponse, on a que le mépris du gouvernement."
Un mépris toujours d'actualité, estime Antone Casanova, lui aussi nationaliste, mais sans parti : "il faut attendre une tentative d'assassinat en prison et une semaine d'échauffourées pour que l'État daigne envoyer un ministre pour peut-être annoncer des choses". Le jeune maire se méfie des déclarations du ministre : "À la place des paroles, on veut des actes concrets. Il ne faut pas qu'on croit à tout et n'importe quoi. Il y a des choses qu'on peut appliquer dès aujourd'hui, comme la libération des prisonniers politiques. Et ensuite, il faut qu'Emmanuel Macron prenne des engagements devant la France entière quant à l'évolution institutionnelle de la Corse."
"Tant que le peuple corse ne sera pas respecté, tant qu'on sera méprisé par le pouvoir parisien, la mobilisation continuera."
Pierre-François, manifestant corseà franceinfo
Pour les deux élus,tous les candidats doivent s'emparer du sujet. Ils estiment que, de toute façon, l'autonomie se fera un jour. "Je ne suis pas pessimiste sur l'avenir. On va y arriver, c'est sûr. Je soutiens cette jeunesse." affirme Marcellu Cesari. Les deux maires se disent prêts à rejoindre les manifestants dans la rue si les discussions qui démarre aujourd'hui avec le gouvernement n'aboutissent à rien.
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