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Bernard Tapie : les trois astuces d'un homme de spectacle

Passage en revue des techniques de communication préférées de l'homme d'affaires, au lendemain de son interview mouvementée sur France 2.

Article rédigé par Héloïse Leussier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Bernard Tapie lors de l'émission l'"Heure de Vérité" le 10 octobre 1993. (© PHILIPPE WOJAZER / REUTERS / X00303)

"Baratin magistral", "numéro de claquettes", "incroyable moment de télévision" Ecouter les éditorialistes politiques mardi 2 juillet révèle à quel point l'intervention de Bernard Tapie sur France 2 la veille n'a pas laissé indifférent. L'homme d'affaires était invité au journal de 20 heures pour évoquer les suites de l'affaire Adidas-Crédit lyonnais, pour lesquelles il a été mis en examenSon aplomb, sa gouaille et son style, qu'ils soient salués ou critiqués, ont marqué les esprits. Bernard Tapie, qui fut aussi chanteur et comédien, a une fois de plus utilisé les techniques rhétoriques dont il a le secret. 

1Il utilise des mots banals, voire vulgaires

"Je suis là, donc vous allez pas pouvoir raccourcir le truc", "j'espère que les gosses qui nous regardent, quand ils voient ça, ils se disent 'merde, ce mec il a commencé à zéro'"… Bernard Tapie fuit le langage technocratique comme la peste. "Il joue à monsieur Tout-le-monde pour ramener le peuple à lui", observe Virginie Spies, sémiologue et maître de conférences à l'université d'Avignon, interrogée par francetv info. "Moi, je suis un franchouillard, j'aime mon pays", s'est même défendu l'homme d'affaires.

Bernard Tapie pousse son franc-parler jusqu'à l'invective. "Vous vous foutez de ma gueule ?!", a-t-il lancé à David Pujadas lundi. "Il joue sur l'idée que plus vous criez, plus vous serez entendu", note Virginie Spies. Cette combine n'est pas nouvelle. En septembre 2012, par exemple, au journaliste d'Europe 1 Bruce Toussaint qui l'interrogeait sur l'achat d'une villa à Saint-Tropez, il avait répondu : "Il y a deux réponses à ça. La première, c'est 'je vous emmerde'."

2Il se pose en victime

"Il y a deux France : celle qui a le droit et celle qui n'a pas le droit", assène-t-il lundi soir, affirmant appartenir à la deuxième catégorie. L'angle de défense de Bernard Tapie est assez simple : il fait partie des petits qui luttent contre les grands. Il devient donc la victime d'un "acharnement médiatique" et d'un "complot" des systèmes politique et médiatique. "Il utilise cette technique depuis des années, explique Virginie SpiesIl joue l'homme en colère et cela fait son effet parce qu'il n'est jamais aussi bon que quand il se présente en combattant."

En 2008, par exemple, entendu par les députés sur la même affaire, Bernard Tapie s'était déjà épanché sur "l'enfer" qu'il vivait, sortant de ses gonds. "Mon nom est devenu une insulte (…) Même si j'ai fait des fautes, je ne mérite pas ce traitement", regrettait-il, un trémolo dans la voix.



"A la manière de Le Pen ou Mélenchon, il se met dans la position du 'petit' face aux grands que seraient les autres politiques et les médias, ajoute Virginie Spies. C'est aussi une manière de se montrer proche du peuple."

 

3Il fait diversion

Pour expliquer "le complot" dont il se dit victime, Bernard Tapie a raconté lundi soir une anecdote aux airs de diversion : "Je vais vous l'expliquer, c'est très simple. Le soir de la victoire de la Coupe du monde de foot, qui a été gagnée par une équipe dans laquelle il y avait plus de la moitié qui étaient des Marseillais, j'ai essayé d'avoir une invitation pour la finale (…). J'ai pas eu le droit à une invitation. Et Didier Deschamps, quand on lui remet le trophée, la première déclaration, il dit : 'Cette Coupe du monde, on la doit à Bernard Tapie'."

Reste que ses histoires sont parfois moins convaincantes que son numéro d'homme en colère. "C'est un bon acteur, mais avec un mauvais texte", conclut Virginie Spies.

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