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Corbeil-Essonnes : qui sont les mis en examen dans l'affaire Dassault ?

Jean-Pierre Bechter, le successeur de Serge Dassault à la mairie de cette ville de l'Essonne, est soupçonné d'avoir bénéficié d'achat de votes présumés. Il est mis en examen avec plusieurs autres personnes.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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L'ancien maire de Corbeil-Essonnes (Essonne), Serge Dassault (à gauche), et Jean-Pierre Bechter, alors candidat UMP à la mairie de la ville, le 28 novembre 2010. (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Jean-Pierre Bechter, le maire UMP de Corbeil-Essonnes (Essonne) et successeur de Serge Dassault, a été mis en examen, vendredi 17 janvier. L'élu est poursuivi pour recel du produit d'achat de votes, financement illicite de campagnes électorales et dépassement du plafond des dépenses électorales.

Le dossier porte sur des soupçons d'abus de biens sociaux, corruption, blanchiment et achat de votes en marge des élections municipales de Corbeil-Essonnes en 2008, 2009 et 2010. Il est instruit par deux magistrats parisiens. Les juges Guillaume Daieff et Serge Tournaire s'intéressent notamment à des mouvements de fonds entre la France et le Liban. En particulier, un transfert de quelque 18 millions d'euros, dont trois seraient revenus dans l'Hexagone. Ils soupçonnent une partie de cet argent d'avoir servi à l'achat de voix par le biais de deux intermédiaires présumés de Serge Dassault dans les cités de la ville.

Outre le bras droit de l'industriel et sénateur UMP, Jean-Pierre Bechter, qui sont-ils les personnes mises en examen dans cette affaire d'achat présumés de votes ?

Bechter, fidèle bras droit de Dassault

Comme le titrait Libération en 2009, lors de l'une élection municipale, Bechter a été "parachuté par Dassault". Il ne s'en cachait pas une seconde. Le milliardaire avionneur devenu inéligible après l'annulation de la municipale de 2008, Jean-Pierre Bechter, ancien directeur délégué puis administrateur du groupe Dassault, se présentait "pour maintenir Corbeil-Essonnes dans le giron de M. Dassault", avec la promesse que leurs deux bureaux seraient contigus à la mairie. Bien qu'inconnu à Corbeil-Essonnes, il est élu en 2009, mais l'élection est invalidée. Il se représente en 2010 et gagne encore.

Ce chiraquien corrézien est toujours administrateur des groupes Dassault et Socpresse (Le Figaro), quand Serge Dassault est président de son conseil d'administration. Il avait été placé en garde à vue, fin juin, dans le cadre de l'enquête sur l'une des deux tentatives d'homicide survenues dans sa ville début 2013, et qui pourrait être liée à des soupçons de fraude électorale.

Cristela de Oliveira, adjointe au bout du rouleau ?

Loin d'avoir la notoriété du maire hors de la ville, sa seconde adjointe (en charge notamment du logement, de la cohésion sociale et de la réussite éducative), Cristela de Oliveira est pourtant mise en examen au même titre. Il semble pourtant que, candidate à Courcouronnes (Essonne), sur la liste de l'UMP Stéphane Beaudet, l'élue de 34 ans ne passait pas beaucoup de temps à la mairie, ce que lui reprochait la gauche. D'après Le Parisien, si elle délaissait Corbeil c'est parce qu'elle a été victime de "menaces ou outrages" l'an passé. Et un adversaire de glisser : "Elle n’en peut plus, c’est le vrai motif."

Mais d'après l'AFP, ce n'est pas son mandat à Corbeil qui intéresserait directement les enquêteurs. Ils devaient l'interroger sur les largesses de Serge Dassault, un "très bon ami", et quelque 12 000 euros destinés à un financement politique dépassant le cadre légal. Elle affrontait alors Manuel Valls aux législatives. Finalement, sa mise en examen l'oblige à se retirer de la liste UMP à Courcouronnes, affirme Essonne Info qui a joint le candidat-maire de droite : "Je viens de m'entretenir avec Cristela de Oliveira au sortir de sa garde à vue prolongéeElle m'annonce avoir été, comme d'autres prévenus, mise en examen sous contrôle judiciaire dans le cadre de l’affaire qui secoue Corbeil-Essonnes. De ce fait, Cristela de Oliveira vient également de m'annoncer son retrait de la liste."

Younès Bounouara, "gros lézard"

Troisième mis en examen, Younès Bounouara aurait été le relais de Serge Dassault dans les quartiers sensibles de cette commune de l'Essonne. Chef d'entreprise quadragénaire, Le Monde parle d'un "personnage charismatique de la cité des Tarterêts" où on le surnomme "gros lézard" pour "ses qualités d'orateur et son physique imposant". Younès Bounouara est lui aussi poursuivi pour complicité et recel d'achat de votes et de financement illicite de campagnes électorales, ainsi que pour blanchiment de fraude fiscale. Dans une vidéo tournée clandestinement par Mediapart, Serge Dassault reconnaissait lui avoir remis de l'argent.

Mais il est aussi accusé de tentative d'homicide. Il a tiré sur Fatah Hou, 32 ans, en plein centre-ville, avant de se lancer dans une cavale de neuf mois en Algérie. Aujourd'hui, il dit avoir tiré "sans viser" et "sans l'intention de tuer", mais il est mis en examen pour tentative d'homicide.

Il a aussi été condamné en 2009 pour avoir menacé de mort Bruno Piriou, élu communiste et grand rival de Serge Dassault à Corbeil-Essonnes.

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