Le doyen du Sénat Serge Dassault renonce à briguer un nouveau mandat
A 92 ans, le sénateur Les Républicains de l'Essonne met un terme à sa carrière de treize ans sur les bancs de la Haute Assemblée.
A 92 ans, le doyen du Sénat prend sa retraite. L'élu Les Républicains de l'Essonne Serge Dassault, sénateur depuis treize ans, a annoncé son départ de la Haute Assemblée mercredi 19 juillet, devant la commission des Finances. Il a invoqué sa difficulté à obtenir une nouvelle investiture.
Le milliardaire a connu une carrière fructueuse en politique comme dans l'industrie, mais rythmée par les tribunaux ces dernières années. Le sénateur a été condamné à cinq ans d'inéligibilité et deux millions d'euros d'amende en février, pour avoir caché au fisc des comptes à l'étranger pendant quinze ans. Serge Dassault a cependant fait appel de cette décision, ce qui lui a permis de conserver son fauteuil de sénateur jusqu'à la fin de son mandat.
Quarante-trois ans en politique
Polytechnicien et diplômé de l'Ecole nationale supérieure de l'aéronautique, Serge Dassault entre en politique en 1977, lors d'élections municipales perdues à Corbeil-Essonnes (Essonne). Il adhère au RPR en 1986, puis est élu conseiller régional d'Ile-de-France. Il abandonnera cette fonction en 1995, pour cause de cumul des mandats.
Après deux échecs aux élections municipales, Serge Dassault finit par conquérir la mairie de Corbeil-Essonnes en 1995. Un "challenge que s'est fixé Serge Dassault pour faire mieux que son père", député d'une circonscription de droite dans l'Oise, raconte Jean-François Aymard, un ancien adjoint, dans le livre-enquête Dassault Système (Robert Laffont).
Serge Dassault a passé un moment dans l'ombre de son père, l'avionneur Marcel Dassault, déporté à Buchenwald pendant la seconde guerre mondiale et doyen de l'Assemblée nationale entre 1978 et 1986. Serge Dassault reprend les rênes du groupe Dassault six mois après la mort de son père, en 1986. Il s'offrira ensuite Le Figaro en 2004. Cette même année, il est nommé Grand officier de la Légion d'honneur.
Mis en examen en 2014
Traversant les continents pour vanter ses avions, ses pérégrinations lui valent des déboires avec la justice belge, qui le condamne en 1998 à deux ans de prison avec sursis pour corruption active. Le sénateur a vu pulluler les affaires judiciaires autour de lui ces dernières années. En 2009, il est déclaré inéligible pour un an par le Conseil d'Etat en raison de "dons d'argent". Serge Dassault doit alors quitter sa mairie et passe le relais à son bras droit, Jean-Pierre Bechter. Problème : le nom de Dassault apparaît sur les bulletins de vote de son successeur et l'élection est annulée. Jean-Pierre Bechter l'emporte finalement en 2010, puis en 2014.
Serge Dassault est ensuite mis en examen en avril 2014 pour "achat de votes", "complicité de financement illicite de campagne électorale" et "financement de campagne électorale en dépassement du plafond autorisé". Des accusations qu'il rejette. En attendant son éventuel procès, l'un de ses proches, Younès Bounouara, écope d'une peine de quinze ans de réclusion en mai 2016 pour tentative d'assassinat, liée à ces soupçons de corruption électorale. Cité comme témoin, Serge Dassault sèche l'audience, invoquant des déplacements à l'étranger.
Le richissime homme d'affaires (3e fortune française et 57e mondiale, selon un classement Forbes paru en mars) a quitté la tête de son groupe d'aviation en 2014, mais n'en a pas tout à fait terminé avec la politique. Il restera conseiller départemental de l'Essonne après les sénatoriales.
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