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Cinq affaires judiciaires qui touchent Serge Dassault de plus ou moins loin

Un enregistrement de Mediapart révèle que le sénateur UMP, ancien maire de Corbeil-Essonnes, aurait avoué avoir corrompu des électeurs. 

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le sénateur UMP de l'Essonne et patron du groupe d'aviation Serge Dassault, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), le 14 juin 2013. (ERIC PIERMONT / AFP)

Serge Dassault de nouveau inquiété. Le site Mediapart a publié, dimanche 15 septembre, un enregistrement sonore dans lequel le richissime avionneur - et patron du Figaro - dit avoir "payé pour s'assurer de la victoire de son successeur à la mairie de Corbeil-Essonnes (Essonne), Jean-Pierre Bechter", selon le site internet. Lundi, Serge Dassault a reçu une convocation de la part de juges d'instruction d'Evry, pour être entendu, le 2 octobre, comme témoin assisté. Les juges enquêtent sur des tentatives d'homicide perpétrées en début d'année dans son fief.

L'enregistrement révélé par Mediapart ne tombe pas à n'importe quel moment. Depuis plusieurs mois, la justice enquête sur différentes affaires concernant de près le milliardaire âgé de 88 ans. Et ce n'est pas la première fois que les juges s'intéressent à lui. Voici cinq affaires qui ont attiré les soupçons et, dans certains cas, abouti à la condamnation de l'ancien maire de Corbeil-Essonnes, surnommé dans la ville "le Vieux", ou encore "professeur Tournesol". 

11998 : condamné par la justice belge pour corruption

Dans les années 1990, Serge Dassault est au cœur d'une enquête de la justice belge. Il est notamment accusé d'avoir versé des pots-de-vin au Parti socialiste flamand dans le cadre d'un marché destiné à moderniser des avions de combat F16 de l'armée belge, selon Les Echos. Pour cette affaire, Serge Dassault a été condamné, en décembre 1998 par la Cour de cassation belge, à deux ans de prison avec sursis. Pour la cour, "tout indique qu'il a lui-même conçu les pactes de corruption et en a ordonné l'exécution", rapportait L'Humanité. De nombreux élus belges sont également reconnus coupables et contraints à la démission.

22006 : condamné pour injure

Serge Dassault a été maire de Corbeil-Essonnes de 1995 à 2009, et est sénateur depuis 2004. Politicien "naïf [qui] a des griffes", volontiers gaffeurselon ce portrait de Libération, l'entrepreneur a aussi ses accès de mauvaise humeur. Au point d'être poursuivi en justice par un opposant communiste, Bruno Piriou, début 2006, après que Dassault lui a adressé un "quel con" lors d'un conseil municipal. Serge Dassault s'excuse. Insuffisant, pour l'opposant. En décembre de la même année, le jugement tombe : le maire de Corbeil-Essonnes est condamné à 1 500 euros d'amende pour injure. 

32010 : une enquête sur le financement des élections à Corbeil-Essonnes

A partir de 2010, les soupçons qui pèsent sur Dassault s'étoffent. Cette année-là, "une enquête est ouverte à Evry, puis transférée à Paris, après un signalement de Tracfin, l'organisme antiblanchiment de Bercy, qui dénonçait des mouvements de fonds suspects opérés à l'occasion des élections municipales s'étant déroulées en 2008, 2009 et 2010 à Corbeil-Essonnes", selon Le Monde (article payant).

La réélection de Serge Dassault, en 2008, avait en effet été invalidée par le Conseil d'Etat, un an plus tard, pour "fraude électorale". L'opposition locale assurait que le maire sortant avait distribué de fortes sommes d'argent pour assurer sa victoire. Dassault était alors devenu inéligible dans la ville, tout en gardant son mandat au Sénat. 

Les enregistrements fournis par Mediapart, dimanche 15 septembre, concernent l'élection de son successeur, Jean-Pierre Bechter, en 2009. Une élection elle aussi annulée, en 2010, car les bulletins de vote précisaient que le candidat était "secrétaire général de la fondation Serge Dassault". La Cour a jugé que cette allusion pouvait susciter la confusion dans l’esprit de certains électeurs sur les enjeux exacts du scrutin.

42012 : une enquête sur des versements d'argent suspects

Une enquête préliminaire visant Serge Dassault est ouverte, également à l'initiative de Tracfin, en 2012. Des virements de plusieurs centaines de milliers d'euros ont été effectués sur les comptes de Corbeillois connus de la justice, selon Le Monde (article payant). Le sénateur assure que ce sont des prêts. Le parquet de Paris confie l'enquête à l'Office central de lutte contre le crime organisé, un service destiné à combattre le grand banditisme.

Présenté comme un donateur généreux envers des jeunes des quartiers pauvres de la commune, Serge Dassault aurait été victime de racket à la fin des années 2000. Cet article des Inrocks raconte comment le milliardaire aurait été pris au piège à force de vouloir "acheter la paix sociale""Il acceptait ces petits chantages, selon un témoin. Je crois qu’il avait l'impression d'aider des jeunes qui n'avaient rien et dont il se sentait proche. Monsieur Dassault se voyait comme un bon grand-père." A l'enquête de l'Office central de lutte contre le crime organisé s'ajoute alors une enquête pour "tentative d'extorsion de fonds", après une plainte des enfants de Serge Dassault, qui s'estiment victimes de harcèlement.

52013 : deux enquêtes pour tentative d'homicide

En février 2013, un certain Younès B., entrepreneur proche de Serge Dassault, est accusé d'avoir tenté d'abattre un homme en pleine ville, selon Le Point. Les deux hommes se connaissent. La victime aurait fait chanter Younès B. "Dans le compte rendu de conversations" enregistréesque possédait la victime, "il est question d'un chef d'entreprise issu des Tarterêts qui aurait perçu 1,7 million d'euros pour 'corrompre' les électeurs des cités", selon Le Point. Craignant d'être découvert, Younès B. serait passé à l'acte. Il aurait réussi à quitter la France après sa tentative de meurtre et, selon des sources policières, résiderait aujourd’hui en Algérie.

"En janvier, c’est Rachid Toumi qui se faisait tirer dessus", rappelle Rue 89. "Là aussi, une enquête est ouverte." Interrogé par Le Parisien, cet homme dit avoir participé à l’entretien du "système Dassault", et assure avoir "toujours vu des gens toucher de l’argent" en échange de leur vote.

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