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Info France 2 Affaire Bygmalion : ce que Jean-François Copé a dit devant les juges

Entendu par les juges le 8 février, l'ancien président de l'UMP a de nouveau clamé son innocence dans l'affaire du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012. Il a aussi pris ses distances avec l'ancien président-candidat.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le député Jean-François Copé à l'Assemblée nationale, le 9 février 2016. (MAXPPP)

Il est ressorti de leur bureau sans être mis en examen. Pendant plusieurs heures, lundi 8 février, l'ancien secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a été entendu par les juges d'instruction Serge Tournaire et Roger Le Loire, dans le cadre de l'enquête sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012. Une audition au cours de laquelle il a de nouveau clamé son innocence, selon le procès-verbal obtenu par France 2. Francetv info publie en exclusivité les passages les plus marquants de ce document. 

"Tout m'a été totalement dissimulé"

Dans le bureau du tribunal de grande instance de Paris, le député-maire de Meaux (Seine-et-Marne) martèle, comme il l'a toujours fait depuis le début de cette affaire, qu'il n'a jamais été mis au courant du dérapage des dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy.

"Tout cela m'a été totalement dissimulé. Personne, je dis bien personne, ne m'a fait, sur ce sujet, la moindre alerte, assure Jean-François Copé. Ni le directeur de cabinet, ni le directeur des services, ni la directrice financière, ni d'ailleurs, le trésorier, ni les experts-comptables de l'UMP, ni, enfin, les commissaires aux comptes. C'est fou, mais c'est comme cela." 

L'ancien patron de l'UMP l'assure : ce n'est que deux ans après l'élection présidentielle, à la suite des révélations de Libération à la mi-mai 2014, que son plus proche collaborateur, Jérôme Lavrilleux, également directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy, avoue lui avoir caché la mise en place d'un système de fausses factures, via l'UMP, dans le but de dissimuler le dérapage des dépenses de campagne.

Jérôme Lavrilleux m'a dit ne pas me l'avoir dit parce qu'il savait que je m'y serais immédiatement opposé – en cela il avait raison – et qu'il ne voulait pas créer un clash politique entre Nicolas Sarkozy et moi. Il a ajouté que les dépenses de campagne avaient filé tel un TGV qu'on ne pouvait pas arrêter, et que pris dans la spirale de ces dépenses astronomiques, l'ensemble de l'équipe de campagne avait abouti à cette conclusion absurde de commettre cette illégalité qui consistait à faire prendre en charge par l'UMP les dépenses de campagne qui allaient excéder le plafond autorisé.

Jean-François Copé, devant les juges Tournaire et Le Loire

Conclusion de Jean-François Copé : "J'ai été tellement pointé du doigt alors que je suis totalement innocent, et j'ai été désigné coupable par la vindicte, sans la moindre vérification."

"Rien ne me paraissait préoccupant"

L'audition de Jean-François Copé laisse néanmoins transparaître une certaine naïveté de sa part. Le 27 avril 2012, Fabienne Liadze, alors directrice des affaires financières du parti, lui envoie un e-mail, où elle lui annonce que le découvert autorisé par les banques n'est plus suffisant pour assurer les dépenses électorales de 2012, et qu'il faut le porter à près de 52 millions d'euros.

Malgré cette somme exorbitante, le patron de l'UMP assure ne pas avoir tiqué. "Il n'y avait rien qui ne me paraissait inquiétant ou préoccupant", répond-il aux juges.

Je partais du principe que ces dépenses correspondaient en toute légalité à des dépenses conformes au respect de la loi. (...) Dans le contexte de l'époque, je ne suis pas alerté parce que je ne fais pas le calcul de ce que cela représente.

Jean-François Copé, devant les juges Tournaire et Le Loire

"Je n'ai jamais participé à l'organisation de la campagne"

S'il ne cesse de répéter qu'il n'a jamais été mis au courant de ce système, Jean-François Copé l'assure : c'est parce qu'il n'a "jamais, à aucun moment, participé à l'organisation de la campagne présidentielle" de Nicolas Sarkozy. 

Je n'étais absolument pas impliqué dans la campagne présidentielle elle-même, et notamment pas dans ce qui touchait à son organisation. (...) Mon rôle, en tant que secrétaire général de l'UMP, c'était l'animation politique du parti et la mobilisation de nos militants sur le terrain.

Jean-François Copé, devant les juges Tournaire et Le Loire

"Je crains que la mémoire de Sarkozy ne lui fasse défaut"

A aucun moment durant son audition, Jean-François Copé n'affirme que Nicolas Sarkozy était au courant de ce système frauduleux.

"Quelques jours après" l'article de Libération, "le 22 ou 23 mai 2014, je vais voir Nicolas Sarkozy pour l'informer de ce que je viens d'apprendre, explique-t-il aux juges. Il m'indique ne pas en avoir été informé. Je lui ai donné la totalité des éléments dont je disposais ce jour-là."

– Les juges : "A-t-il contesté cette possibilité de l'existence de la falsification ?"

– Jean-François Copé : "Dans mon souvenir, il n'a pas fait de commentaires. Je l'ai trouvé plutôt incrédule, sceptique sur la réalité des faits, alors que moi, je n'avais plus aucun doute."

Mais plus loin, le député-maire de Meaux prend beaucoup plus ses distances avec l'ancien chef de l'Etat. Ainsi, quand les juges lui rapportent que, durant une audition, Nicolas Sarkozy a affirmé que c'est Jean-François Copé qui lui avait soufflé le nom de Jérôme Lavrilleux pour diriger l'état-major logistique de sa campagne, l'intéressé voit rouge : "Je crains que sa mémoire ne lui fasse défaut", lâche-t-il.

Idem lorsque Serge Tournaire et Roger Le Loire racontent à Jean-François Copé que Nicolas Sarkozy l'accuse, ainsi que Jérôme Lavrilleux, d'avoir imposé à son équipe de recourir, pour l'organisation des meetings, à l'agence de communication Bygmalion, une société dirigée par des proches de l'ancien patron de l'UMP. "C'est totalement faux. (...) Je n'ai jamais été à l'initiative de cela, je le démens formellement, s'insurge Jean-François Copé. Pour tout vous dire, j'ai découvert dans la presse qu'il avait tenu ces propos. Le fait que vous me les confirmiez ce matin m'amène à les considérer comme très inélégants de sa part." 

Et d'ajouter, un peu plus loin :

Cela me paraît assez incompatible avec la personnalité de Nicolas Sarkozy que de lui "imposer" quelque chose sans son accord.

Jean-François Copé, devant les juges Tournaire et Le Loire

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