Cet article date de plus de six ans.

"Grand monsieur" ou "clientéliste", à Corbeil-Essonnes les avis sont partagés sur l'ancien maire Serge Dassault

Serge Dassault, décédé lundi, a été maire de Corbeil-Essonnes pendant 14 ans. Les réactions des élus et des habitants illustrent le paradoxe de la carrière de l'homme politique et patron de l'industrie. 

Article rédigé par Benjamin Mathieu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Serge Dassault, à la mairie de Corbeil-Esonnes le 22 mars 2008. (MAXPPP)

À Corbeil-Essonnes (Essonne), ville que Serge Dassault a dirigée de 1995 à 2009, l'annonce de son décès lundi 28 mai a été diversement commentée. L'ancien maire y a laissé un souvenir mitigé, où les affaires ne sont jamais très loin.

Le reportage de Benjamin Mathieu à Corbeil-Essonnes

Jean-Michel Fritz, premier adjoint au maire, a encore du mal à se faire à l'idée de la disparition de son mentor en politique qu'il suit depuis 1977. "Difficile, très difficile", souffle-t-il. Serge Dassault, qu'il a aidé à conquérir cette mairie communiste en 1995, n'est plus là. "C’est quand même un choc. Certains d’entre nous l’avaient eu au téléphone le matin même", précise l'élu. Quand on l'interroge sur les démêlés judiciaires de Serge Dassault, Jean-Michel Fritz se ferme. "C’est quelque chose qui ne m’a jamais intéressé. Donc, je ne peux vous dire, je ne sais rien du tout", lance-t-il. 

Un homme attachant, avec beaucoup de rigueur et un dévouement extrême. On a eu quand même 18 ans d’opposition avant d’être élus en 1995.

Jean-Michel Fritz, premier adjoint à la mairie de Corbeil-Essonnes

à franceinfo

Prévenu en fin d'après-midi, l'actuel maire de Corbeil-Essonnes, Jean-Pierre Bechter, un très proche du patron d'industrie, est aussitôt parti rejoindre la famille Dassault à Paris. Avec Jean-Michel Fritz, ils ont décidé de maintenir le conseil municipal de lundi. À la sortie de la réunion, la polémique n'est pas de mise. L'opposant de toujours, le communiste Bruno Piriou, rend aussi hommage à Serge Dassault, avec nuance. "Nous avions une passion commune, c’était Corbeil-Essonnes et ses habitants, déclare le conseiller municipal. Évidemment, le moins que je puisse dire, c’est que je n’ai pas toujours aimé la forme et le fond de son engagement."

Quand bien même tout lui était accessible, il s'est donné une peine humaine de s'attaquer à cette ville.

Bruno Piriou, élu PCF à Corbeil-Essonnes

à franceinfo

Dans les rues de Corbeil-Essonnes, les sentiments sont plus mitigés. Faycal Driouah, patron d’un salon de coiffure depuis 13 ans, apprécie l'héritage de l'ancien maire de la ville. "C’était un grand monsieur. Il a fait plein de trucs pour le social. C’est lui qui ramené l’hôpital à Corbeil", affirme-t-il. Pourtant, "il n’y pas eu que du positif", souligne un autre habitant.

Ce que j’ai vu de Dassault, c’est le clientélisme, les achats de voix. Il a fallu voter trois fois pour une même élection.

un habitant de Corbeil-Essonnes

à franceinfo

La mairie a mis à disposition un registre de condoléances pour recueillir les témoignages des Corbeil-Essonnois. Une rue et une avenue Serge Dassault existent déjà sur le territoire municipal, preuve du poids considérable de la quatrième fortune de France dans cette ville de tradition ouvrière.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.