Procès en appel "LuxLeaks" : "Ça paraît difficilement compréhensible que nous soyons condamnés"
Les deux lanceurs d'alertes à l'origine de l'affaire "LuxLeaks" sont jugés en appel du 12 au 21 décembre au Luxembourg. Interrogés sur franceinfo, Antoine Deltour et Raphaël Halet dénoncent les failles de leur statut et le manque de soutien de l'État.
Antoine Deltour et Raphaël Halet, les lanceurs d'alerte à l'origine du scandale "LuxLeaks", sont jugés en appel à Luxembourg à partir de lundi 12 décembre et jusqu'au 21 décembre. Leur ancien employeur, la firme d'audit PricewaterhouseCoopers, les accuse d'avoir violé le secret des affaires en divulguant des milliers de documents confidentiels. En avril 2016, ils ont été condamnés à 12 et 9 mois de prison avec sursis. Le parquet a fait un appel général.
"Nous avons agi dans l'intérêt général"
Selon Antoine Deltour, "même au-delà du statut de lanceur d'alerte qui est reconnu, il est également reconnu que nous avons agi dans l'intérêt général, que nous avons suscité un débat politique mondial important – je cite les termes du jugement – que cela a permis une plus grande transparence et équité fiscale. Donc cela paraît difficilement compréhensible que nous soyons condamnés", s'est-il confié à franceinfo.
En novembre 2014, les deux hommes avaient permis de révéler l'existence d'accords fiscaux entre le Luxembourg et plusieurs centaines de multinationales, dont Apple, Amazon et Ikea. Ils attendent de ce procès en appel d'être entièrement blanchis. Antoine Deltour "espère en finir le plus rapidement possible avec cette histoire pour pouvoir tourner la page" et retourner à sa "vie assez ordinaire", sa "vie de famille" et son emploi dans une administration nancéienne.
Aller plus loin que la loi Sapin 2
Raphaël Halet, l'autre accusé, en profite, lui, pour réclamer de nouvelles avancées quant au statut du lanceur d'alerte. Pour ce chômeur en fin de droits, il faut aller plus loin que la loi Sapin 2 adoptée en novembre et qui prévoit de mieux protéger les lanceurs d'alerte. Actuellement, il est aidé financièrement par les dons de la "foule des anonymes." "C'est un vrai scandale. Ce n'est pas à eux de m'aider, c'est aux pouvoirs politiques, aux pouvoirs publics qui ne font rien" a dénoncé le lanceur d'alerte.
"Ce qu'il faudrait, c'est qu'un organisme existant ait un budget pour nous aider à payer nos avocats, à payer des frais médicaux quand les lanceurs d'alerte en ont besoin parce qu'on a une détresse psychologique, voire physique, à payer des moyens matériels pour simplement se rendre au procès" a-t-il imaginé, lundi 12 décembre sur franceinfo.
Les deux hommes ne regrettent pas leur geste. "Cette affaire illustre que des citoyens à la base, en s'indignant contre des pratiques injustes, peuvent faire bouger les lignes", pense Antoine Deltour. Ils seront jugés jusqu'au 21 décembre, en compagnie d'Edouard Perrin, le journaliste qui avait révélé cette affaire dans l'émission "Cash Investigation" [sur France 2]. Lui avait été relaxé en première instance.
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