La tribune de Sarkozy, une forme de "rage" pour la gauche, de "courage" pour la droite
Le Premier ministre juge "insupportable" la comparaison entre la France et l'ex-RDA qui figure dans la tribune signée par Nicolas Sarkozy dans "Le Figaro".
Les réactions ne se sont pas fait attendre. La tribune de Nicolas Sarkozy dans Le Figaro, jeudi 20 mars, comparant notamment sa mise sur écoute aux pratiques de la Stasi, a provoqué de nombreux commentaires. Francetv info résume les principales sorties du côté de l'exécutif, de la majorité et de l'opposition.
L'exécutif : une comparaison "insupportable" avec "des régimes totalitaires"
François Hollande, président de la République, a réagi jeudi soir depuis Bruxelles où se tient le Conseil européen. Précisant qu'il ne répondrait "à aucune polémique", il a toutefois affirmé que "toute comparaison avec des dictatures [était] forcément insupportable" : "Laisser penser que notre pays, notre République puissent ne pas être fondés sur les libertés, c'est introduire un doute qui n'a pas sa place", a-t-il lancé, garantissant encore "l'indépendance de la justice".
Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, dénonce une "grave faute morale" de Nicolas Sarkozy en mettant en cause la justice et la police. "La comparaison entre la République française et l'Allemagne de l'Est est insupportable", selon Jean-Marc Ayrault.
Christiane Taubira, garde des Sceaux, assure qu'elle "n'entend pas accepter cette injure à l'égard des citoyens français et des juges ainsi que cette attaque envers les institutions de la République". La ministre de la Justice n'accepte pas non plus la comparaison avec des "pratiques à l'œuvre dans des régimes autoritaires ou totalitaires".
Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, accuse Nicolas Sarkozy de s'en prendre "au fondement même de l'Etat de droit". Invité d'Europe 1 vendredi, il s'indigne : "J'ai le sentiment en lisant ce texte que Nicolas Sarkozy, pris par une forme de rage, veut tout détruire pour se protéger, se protéger de quoi, je ne le sais pas, c'est à la justice de le dire".
Michel Sapin, ministre du Travail, y a vu vendredi "une forme de coup d'Etat verbal" qu'il a jugé "insupportable", reprenant là le qualificatif employé par François Hollande. "C'est du Berlusconi. De la grande gueule contre les institutions", Il a conclu à "un coup d'Etat verbal à la Berlusconi".
À gauche : "une contre-attaque politique grossière"
Harlem Désir, premier secrétaire du PS, dénonce "l'irruption" de Nicolas Sarkozy dans les médias. Pourtant, la veille, il exhortait l'ancien président à "s'expliquer devant les Français", relève Le Lab.
Bruno Le Roux, chef de file des députés socialistes, voit dans la tribune de Nicolas Sarkozy une "contre-attaque politique grossière". Il rappelle également que l'ancien chef de l'Etat "comme un vulgaire délinquant dealer dans une cité avait une ligne cachée".
coprésident du Parti de gauche, estime que la tribune de Nicolas Sarkozy évoquant la Stasi est une "lettre de guerre". "C'est une lettre de guerre, de bataille politique, donc je n'y attache pas plus d'importance que ça", a commenté l'eurodéputé au micro de RTL, vendredi.
À droite : une réponse "courageuse"
Jean-François Copé, président de l'UMP, salue "une réponse courageuse, forte et indispensable aux accusations violentes" dont est l'objet l'ancien président dans l'affaire des interceptions judiciaires qui le visent dans le cadre d'une enquête.
Nadine Morano, ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, dénonce sur i-Télé "une traque insupportable, organisée à quelques jours des municipales".
Henri Guaino, député UMP proche de Nicolas Sarkozy, a assuré vendredi sur Europe 1, que la tribune est "l'expression d'un homme qui est attaqué, dont l'honneur est traîné dans la boue, auquel on applique des moyens absolument disproportionnés, invraisemblables". Et d'accuser : "Quand il n'y a plus de sphère privée, plus d'intimité, plus de secret des personnes, des correspondances, ça s'appelle, dans l'Histoire, le totalitarisme."
Des silencieux ? "Il reprend la stratégie du Karcher", a commenté vendredi un ancien ministre de Nicolas Sarkozy, interrogé par Europe 1, sous couvert d'anonymat. Ce nouvel épisode de l'affaire des écoutes pourrait même "dégouter encore un peu plus les Français de la politique, et ne servir le Front national".
Enfin, l'éditorialiste de la radio, Caroline Roux, révèle que "l’entourage proche de Nicolas Sarkozy note le nom des déserteurs, c’est-à-dire ceux qui sont pris en flagrant délit de silence ou de service minimum pour défendre l’ancien président." Dans "le viseur : François Fillon et Alain Juppé, dont la parole est attendue.
Au FN : ni le "moment", ni le bon "ton"
Marine Le Pen, la présidente du Front national, a trouvé l'indignation de Nicolas Sarkozy "parfaitement artificielle et surtout très malvenue". "Compte tenu de la multiplication des affaires qui sont actuellement à l'instruction et qui concernent Nicolas Sarkozy, on ne peut pas dire qu'il a été irréprochable. Aujourd'hui il s'en plaint, je pense que ça n'était pas le moment, ni peut-être le ton", a-t-elle ajouté jeudi à Lille en marge d'un meeting.
Elle a renvoyé dos à dos "le PS et l'UMP qui se sont partagé le pouvoir et qui ont et l'un et l'autre mis le bras jusqu'au coude dans la confiture".
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