Afghanistan-Libye : les « opex » de la France dans le viseur des candidats
Les opérations extérieures françaises, appelées " opex " divisent les candidats à la présidentielle, partagés sur la date du retour des troupes françaises d'Afghanistan et sur l'enlisement du conflit lybien.
Le 19 juillet dernier, la France est en deuil. Face au tombeau de Napoléon, les corps des sept soldats français, , sont alignés. Sous une pluie battante, Nicolas Sarkozy les décore de la Légion d'honneur. Devoir, fierté, Nation, les mots de l'éloge funèbre sont solennels.
Dans la foule qui assiste aux hommages, des familles éplorées, des militaires émus, et des politiques attristés. Parmi ces derniers, de nombreux prétendants à la présidentielle comme Jean-Louis Borloo, François Hollande ou encore François Bayrou. Face aux journalistes, tous opposent un « sans commentaire » à la question qui plane sur les Invalides : le retrait des troupes françaises d'Afghanistan.
Une seule d'entre eux, Ségolène Royal, ose ce commentaire : « Le retrait aurait du avoir lieu en 2008 ». Une position dénoncée dans la foulée comme «un manque de responsabilité » par Gérard Longuet, le ministre de la Défense.
Quitter l'Afghanistan : oui, mais quand ?
L'occasion était sûrement trop belle pour la candidate à la primaire du PS. Depuis plusieurs jours, les prétendants socialistes affutaient leurs arguments sur « l'erreur » de Nicolas Sarkozy. Début juillet, le président de la République avait annoncé que les 4.000 soldats français auraient quitté le sol afghan en…2014. Retrait confirmé le 12 juillet depuis la base de Tora.
Visite de Nicolas Sarkozy en Afghanistan le 12 juillet 2011 - 20 Heures de France 2
Deux jours plus tard, à l'occasion du 14 juillet, plusieurs candidats profitent du défilé pour rappeler leur position sur le sujet. Martine Aubry prône un retour anticipé des troupes, tout comme Dominique de Villepin, pour qui « dix ans de guerre, c'est assez ». Certains vont plus loin, le retrait des soldats français « doit être immédiat » pour Arnaud Montebourg, qui préconisait déjà « une solution diplomatique » plutôt que militaire.
Une position que partagent Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou ou encore Eva Joly.
Au centre, on ne se risque pas à parler de date. Selon François Bayrou, « il faut partir, le plus vite possible, mais en ordre, en ayant transmis à la sécurité afghane la sécurité du pays. »
Pour Hervé Morin, c'est « le moment de vérité » : « Nous avons fait un immense effort de sang et d'argent pour la stabilisation de l'Afghanistan » déclare l'ancien ministre de
la Défense (2007-2010). Selon lui, si les transferts de la responsabilité de la sécurité aux forces afghanes sont réussis, « la communauté internationale pourra constater que ça n'a pas été vain.»
L'incertitude libyenne inquiète
Si l'ensemble des candidats sont d'accord sur la nécessité du retrait d'Afghanistan, leurs voix sont loin d'être concordantes concernant le nouveau théâtre d'opération libyen où 4.300 militaires français sont déployés dans les airs et en mer.
Lors du soulèvement populaire en Libye, tous les candidats déclarés ou potentiels ont condamné à de multiples reprises les agissements de Kadhafi. Et le jour où les forces armées françaises sont entrées en action, nombreux sont ceux qui ont soutenu l'initiative du gouvernement, à l'image de Dominique de Villepin : « Je veux saluer ici le rôle de la France qui a su, dans une démarche d'initiative, être à la hauteur de ses messages à un moment décisif pour le renouveau de la légitimité internationale et l'avenir de la paix et de la démocratie. »
Les ténors du PS vont dans le même sens tout en mettant en garde le chef de l'État contre « le risque d'embourbement. »
Seul contestataire, le Parti communiste qui fustige « une intervention occidentale menée par des ex-pays colonisateurs », et le NPA pour qui « les grandes puissances veulent saisir l'occasion que leur procure la folie du dictateur pour tenter de reprendre la main dans la région, riche en pétrole, tout en se donnant le beau rôle de défenseur des peuples. »
Le 12 juillet, les parlementaires approuvent la prolongation de la mission libyenne. Manuel Valls s'en réjouit tout comme Jean-Michel Baylet. Mais Martine Aubry, au nom des députés socialistes, expriment « des réserves » sur l' « impréparation et la tardiveté » de l'opération.
Or les critiques pourraient encore s'accentuer si la popularité de ce conflit continue à chuter. Le 21 mars dernier, 66% des français se disaient favorables à l'intervention française en Libye. Fin juin, 51% y sont opposés, un chiffre qui reste constant au mois d'août.
Autre argument de poids, repris par le FN, le coût de cette opération Harmattan dont la facture s'élevait déjà à 87 millions d'euros après trois mois de conflit. Pour Marine Le Pen : « Cette guerre coûte une fortune aux finances publiques […], cet argent jeté par les fenêtres creusera encore le trou de notre dette abyssale. »
Le budget de la Défense, objectif premier de Nicolas Dupont-Aignan, qui dans son programme compte conserver l'objectif d'un maintien des budgets français de la défense à environ 2% du PIB hors pensions. Il propose aussi que la France sorte de l'Otan, une proposition qui règlerait définitivement la question de la fin des opérations extérieures françaises.
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