Analyse des scores du premier tour : les candidats ont marqué à domicile
Régulièrement pendant la campagne, les candidats ont fait état de leurs attaches locales. Une façon de montrer l' ancrage territorial qui est payant électoralement. Ils font de bons scores dans leurs villes ou régions.
En politique comme en football, c'est un avantage de jouer à domicile.
Tel est l'enseignement anecdotique de l'examen des résultats des candidats dans les villes dont ils sont élus ou qu'ils habitent.
Candidat-maire
Ainsi Nicolas Dupont-Aignan arrive , ville dont il est le maire depuis 1995. Il obtient 24,88 %, soit 20 fois plus que son score national. Il y a clairement une prime pour l'enfant du pays, à moins que par un hasard extraordinaire, cette commune compte le plus grand nombre de souverainistes au mètre carré dans l'Hexagone.
Si toute la France avait voté comme à Tulle, François Hollande aurait été élu dès le premier tour. Il recueille 56% des voix et ne fait pas dans la dentelle dans cette ville qu'il administra de 2001 à 2008.
Nicolas Sarkozy a confié qu'il arrêterait la politique en cas de défaite. Mais en regardant son score à Neuilly, son ancien fief, il devrait peut-être reconsidérer la question. Il est plébiscité avec 72,64 % des voix.
Enfin Marine Le Pen, un temps conseillère municipale à Hénin-Beaumont, réalise 35,48% dans sa terre électorale. En revanche, à Saint-Cloud ou à la Trinité sur Mer, où elle réside ou passe ses vacances, il n'y a pas de prime à l'habitant. Elle est dans la moyenne de ses scores en Bretagne et en Ile de France
Candidat-habitant
Jean-Luc Mélenchon a été conseiller municipal et conseiller général de Massy dans l'Essonne. Mais c'était dans les années 80-90, trop éloignées dans le temps pour qu'il bénéficie du statut d'enfant du pays. Il y obtient 15% des suffrages, au-dessus de son score national néanmoins dans son ancien fief, où ses compagnons de route se sont divisés entre ceux qui sont restés au PS et ceux qui ont rejoint le Front de gauche.
François Bayrou habite Bordères, un petit village des Pyrénées Atlantiques. Sans surprise, il y arrive premier avec 36,63% des voix. Mais à Pau, où il fut candidat aux municipales il n'arrive qu'en troisème place.
Enfin grace à Philippe Poutou, chacun sait désormais qu'il y a une usine Ford à Blanquefort en Gironde. C'est là qu'il est syndicaliste. Ses camarades de lutte ou leur famille ont sans doute voté pour lui. Il triple son score national avec un peu plus de 3% des suffrages.
Candidat de la planète
Eva Joly habite dans le 14 ème arrondissement de Paris et député européen n' a pas vraiment d'implantation locale. Mais sur l'ile de Groix, où elle possède une résidence secondaire, elle obtient 6,55% des voix. En revanche dans son pays natal, la Norvège, c'est un triomphe pour la candidate d'Europe-Ecologie. Elle recueille 15% des voix.
Bref, les candidats ont été prophètes en leurs pays.
Seule exception à cette règle Nathalie Arthaud, la candidate de Lutte Ouvrière. Conseillère municipale à Vaulx-en-Velin près de Lyon, elle enseigne à Aubervilliers en banlieue parisienne. Dans ses deux villes, elle réalise des scores dans sa moyenne nationale, illustrant le célèbre proverbe : "qui a deux maisons perd la raison".
Reste Jacques Cheminade. Tout le monde a plaisanté sur le vote des extra-terrestres à son sujet. Les étudiants de l'école de journalisme de Lille ont malicieusement remarqué qu'il n'avait obtenu aucune voix à Mars dans l'Ardèche.
Petite consolation pour le candidat qui vitupérait contre la City. Au Royaume-Uni, il ne termine pas dernier et devance Mme Arthaud d'une dizaine de bulletins.
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