Anne Lauvergeon fait de la "politicaille", pour Nicolas Sarkozy
L'ex-patronne d'Areva, évincée en 2011, a dénoncé à plusieurs reprises un "système Sarkozy" qui défend "les intérêts privés". Le président candidat ironise, François Hollande s'éloigne.
"Atomic" Anne se retrouve isolée. Après avoir violemment critiqué le "système Sarkozy" dans son livre La femme qui résiste et dans un entretien à L'Express, Anne Lauvergeon s'est définitivement mis à dos le président. Et François Hollande semble prendre ses distances avec celle qui fut le sherpa de François Mitterrand à l'Elysée au début des années 1990. Ce qui n'a pas fait taire l'ex-patronne d'Areva, invitée vendredi 13 avril sur France Inter.
"Je me suis dit que je devais parler sur ce que j'avais vu, les dérives de l'Etat actionnaire, a déclaré l'ex-dirigeante de la filière nucléaire française. Ce que je reproche à Nicolas Sarkozy, c'est d'avoir laissé se mettre en place un système qui a défendu non pas les intérêts stratégiques de la France mais les intérêts privés." Anne Lauvergeon, dans son entretien à L'Express, dénonce les méthodes du PDG d'EDF, Henri Proglio, et révèle certaines de ses conversations avec Nicolas Sarkozy, assurant qu'il lui avait proposé un ministère en 2007, "celui que je voulais". Elle accuse le gouvernement d'avoir envisagé jusqu'en 2010 de vendre un réacteur nucléaire à la Libye du colonel Kadhafi. Le tout en affirmant ne pas "régler ses comptes".
De la "politicaille" pour Nicolas Sarkozy
Ce n'est pas comme ça que l'entend Nicolas Sarkozy, qui a qualifié ces accusations de "politicaille", vendredi sur i-Télé. Il a déploré qu'elle ait attendu "d'être mise dehors pour contester un système" où "elle voulait continuer à participer au premier rang". "Franchement, Anne Lauvergeon, qui voulait rester à tout prix présidente d'Areva, ne devait pas être gênée par le système qu'elle dénonce maintenant", a-t-il raillé. "Elle est par ailleurs aujourd'hui la présidente de Libération dont on connaît l'engagement à gauche", a relevé le président sortant et candidat de l'UMP à la présidentielle. Une gauche qui prend ses distances avec l'ancienne représentante personnelle de François Mitterrand.
Le candidat PS à l'Elysée, François Hollande, dans un entretien au quotidien économique Les Echos, a affirmé "connaître et apprécier" Anne Lauvergeon. Mais, interrogé sur son éventuelle nomination à un ministère s'il était élu, le socialiste a botté en touche. "Anne Lauvergeon est d'abord une dirigeante d'entreprise", a-t-il noté. "Tant que les Français ne se sont pas prononcés, je ne forme aucune équipe", a conclu le candidat, prudent.
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