Cet article date de plus d'un an.

Attaque du Hamas contre Israël : les réactions politiques à l'allocution télévisée d'Emmanuel Macron

Cinq jours après l'attaque terroriste lancée par le Hamas depuis la bande de Gaza, le président français a pris la parole pendant dix minutes, jeudi, dans une allocution télévisée.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 12min
Le président Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée sur la guerre entre Israël et le Hamas, le 12 octobre 2023. (MARC OLLIVIER / MAXPPP)

Dans une allocution télévisée d'une dizaine de minutes, le président de la République a condamné, jeudi 12 octobre, "l'attaque terroriste la plus tragique de l'histoire d'Israël" et appelé les Français à rester unis afin de "porter un message de paix et de sécurité au Proche-Orient".

>> Attaque du Hamas contre Israël : ce qu'il faut retenir de l'allocution télévisée d'Emmanuel Macron

Parmi les réactions politiques à ce message du chef de l'État, le secrétaire général des Républicains Geoffroy Didier a salué, sur franceinfo, "des mots forts" mais attend "des actes tout aussi forts". Tandis que le député La France insoumise Alexis Corbière reconnaît que les mots du président "étaient à la hauteur de ce qu'il fallait dire" mais souhaite que l'Elysée aille plus loin en appelant au cessez-le-feu.

"Les mots étaient forts", salue le LR Geoffroy Didier

"Les mots étaient clairs, les mots étaient forts, ils étaient nécessaires au regard de l'horreur qui s'est battue sur le peuple d'Israël", a salué jeudi sur franceinfo le député européen LR Geoffroy Didier, secrétaire général des Républicains. Mais Geoffroy Didier ajoute qu'"à ces mots doivent s'ajouter aussi des actes. Les actes doivent être tout aussi forts. Car l'unité dont a parlé le président de la République ne se décrète pas". Le député européen plaide pour "suspendre l'aide au développement à l'égard de l'autorité palestinienne, tant qu'on ne disposera pas de garanties solides sur l'usage des fonds qui sont alloués à l'Autorité palestinienne". Les Républicains proposent également "de mettre fin aux accords financiers à l'égard des pays qui soutiennent le Hamas, comme l'Iran ou comme le Qatar".

Geoffroy Didier veut également interdire "les organisations islamistes qui se réclament des Frères musulmans, alors que nous savons très bien que le Hamas puise ses origines dans cette association". Il attend également à ce que soient interdites "les manifestations, comme celle qui a eu lieu de facto place de la République" ce jeudi soir à Paris où, selon lui, "des slogans" étaient lancés "du type 'Israël assassin, sionistes, vous êtes tous des terroristes'. Ce n'est pas acceptable". Le secrétaire général de LR ne se "contente pas des mots qui étaient certes nécessaires et forts du président de la République", qu'il "salue" mais veut "des actes sur le territoire français".

"Le président a voulu montrer que la France avait une forme de leadership diplomatique", estime le député Renaissance Pieyre-Alexandre Anglade

"Le président a voulu montrer que la France avait une forme de leadership diplomatique", a expliqué sur franceinfo Pieyre-Alexandre Anglade, député Renaissance des Français de l’étranger. "Quelques jours après ces tragiques attentats terroristes, nous avons des choses à dire au monde, des choses à faire dans la région", estime l'élu de la majorité. "Les entretiens du Président avec évidemment son homologue israélien et son Premier ministre, avec l'Autorité palestinienne, les Jordaniens, les Egyptiens, les Libanais, les Emiratis et les Qataris démontre que Paris est à l'initiative", s'est félicité Pieyre-Alexandre Anglade. Il y voit deux buts : apporter un soutien "complet" à Israël mais aussi éviter toute extension du conflit.

Au sujet de l'interdiction par Gérald Darmanin de toutes les manifestations propalestiniennes, l'élu des Français de l'étranger y voit une décision sage. "Le ministre de l'Intérieur a raison [...] Nous avons vu à Berlin, à Londres, dans différentes capitales européennes, des manifestations qui, ces derniers jours, ont dégénéré. Nous avons vu des appels à la mort des juifs, des slogans qui faisaient l'apologie du terrorisme". Cet après-midi, les préfets ont reçu l'ordre d'interdire tout rassemblement des défenseurs de la cause palestinienne. Bien qu'elle n'ait pas été autorisée, une manifestation a eu à Paris cet après-midi place de la République.

Le président a "esquissé ce qui était le risque réel de la France, le séparatisme", selon le député RN Laurent Jacobelli

Emmanuel Macron a "esquissé, en parlant de l'unité, ce qui était le risque réel de la France, c'est-à-dire qu'un séparatisme, un communautarisme, viennent importer ce qui se passe en Israël", a réagi jeudi sur franceinfo Laurent Jacobelli, porte-parole du RN. "La France a déjà souffert malheureusement du terrorisme islamiste, rappelle le député de Moselle. C'est là, peut-être, que nous l'avons trouvé un peu léger, c'est-à-dire qu'il n'a énoncé aucune mesure. C'est-à-dire qu'il n'a énoncé aucune mesure."

Le président de la République a rappelé lors de son intervention que les lieux de culte étaient davantage surveillés ou que les forces de sécurité sont mobilisées. Mais pour le porte-parole du RN, "c'est presque un aveu d'échec". "Etre obligé de protéger les Français qui sont de confession juive, c'est un échec parce que ça signifie que la société est fracturée", estime Laurent Jacobelli. "Cela veut dire qu'aujourd'hui il y a en France des gens qui veulent mener le jihad et s'en prendre à des Français parce qu'ils sont juifs ou catholiques, ou simplement athées." "Il faut prendre d'autres mesures", lance le député.

Le Rassemblement national attendait un autre discours du chef de l'Etat. "On sait qu'en France, il y a des mosquées salafistes, martèle Laurent Jacobelli. On sait qu'en France, des associations financées parfois par des communes, des régions, des départements, abritent des activités islamistes." Pour éviter "qu'à nouveau, l'horreur s'abatte sur notre pays comme elle s'est abattue sur Israël, ou comme elle peut s'abattre dans n'importe quel pays d'Europe, il faut prendre des mesures concrètes". Il prône le renvoi "dans leur pays d'origine les fichés S étrangers" ou la fermeture "des mosquées obtenues par les Frères musulmans". "Les déclarations d'intention, c'est bien. L'action, c'est mieux. Il faut maintenant agir. C'est probablement ce qu'on peut reprocher au président de la République", ajoute le député RN.

"Le président a eu raison d'être clair sur la nature terroriste du Hamas", selon le député socialiste Boris Vallaud

"Le président a eu raison d'être clair sur la nature terroriste du Hamas, il a eu les mots justes. Il n'y a pas de place pour d'autres expressions", a expliqué sur franceinfo Boris Vallaud, le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. "Il a pour l'essentiel trouvé les mots, l'émotion. Son propos était assez équilibré", admet l'élu des Landes.

Le député PS apprécie également le fait qu'Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisuelle ce soir ait rappelé la solution à deux Etats. Boris Vallaud a néanmoins voulu insister "sur la nécessité de retrouver un chemin qui est celui de la paix". "Nous avons en fait face à face ceux qui ont été historiquement les adversaires des accords d'Oslo" , rappelle le parlementaire PS. Et Boris Vallaud de conclure : "Ce fil, il faudra le reprendre. Ça manquait jusque là dans les positions fjusque-là."
Les accords d'Oslo avaient été signés au début des années 1990 entre Israël représentée par Yitzhak Rabin et l'OLP de Yasser Arafat. Deux ans plus tard, en 1995, le premier ministre israélien sera assassiné par un militant juif d'extrême droite.

Les mots "étaient à la hauteur de ce qu'il fallait dire", selon le député LFI Alexis Corbière

"Le président de la République a adressé un message à l'ensemble de la population extrêmement choquée, horrifiée, indignée, et c'est bien normal", et "il l'a dit avec des mots qui étaient, me semble-t-il, à la hauteur de ce qu'il fallait dire", a réagi jeudi soir, sur franceinfo, le député LFI Alexis Corbière.

Alors que LFI a été au cœur d'une polémique après son refus de qualifier de terroriste le Hamas, l'élu de Seine-Saint-Denis, souligne que "le président a bien pointé qu’il fallait préserver les populations civiles, notamment dans la riposte militaire du gouvernement israélien". Mais Alexis Corbière souhaite que l'Elysée aille plus loin en appelant au cessez-le-feu, parce que le fait que 2,3 millions habitants soient dans la bande de Gaza "ne réglera rien, ça ne fera que rajouter à une spirale de violences". "C'est historiquement la position de la France et nous devons le dire plus clairement" a insisté le député LFI. "Préserver les populations civiles à Gaza comme l'a dit le président Macron doit [se traduire par le fait] que la France dise clairement que toute réponse disproportionnée qui frappe les civils n'est pas tolérable. Il faut le dire avec force après avoir réaffirmé un message d'amitié avec le peuple israélien si violemment touché."

Sans les nommer, au contraire de sa Première ministre, les Insoumis ont été mis en cause par le président ce jeudi soir lors de son allocution qui a déclaré : "Rien ne peut justifier le terrorisme, il ne peut y avoir de 'oui, mais'". Réponse d'Alexis Corbière : "Je ne fais aucun oui, mais. Je condamne les assassins. Il s'agit d'actes terroristes. Que ce soit avec François Ruffin ou avec d'autres de mes amis, notre parole est très claire. Mais elle l'est aussi - ne jouons pas sur les mots - dans tout le mouvement insoumis qui condamne ce qui a eu lieu et qui n'a évidemment aucune sympathie avec le Hamas et les assassins."

De son côté, le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a jugé "inacceptable" jeudi que le président Emmanuel Macron n'ait pas condamné "clairement" dans son allocution télévisée la riposte militaire israélienne à Gaza après l'attaque du Hamas. "Je trouve inacceptable que le président de la République n'ait pas eu de condamnation claire contre les actes en cours par l'armée israélienne contre la bande de Gaza qui sont contraires au droit international", a-t-il déclaré à l'Assemblée nationale au micro de LCI.

"Quand on est attaché au respect du droit international on n'accepte pas ou on ne donne pas à un pays un droit de tuer", a renchéri le responsable Insoumis, évoquant le "siège total" d'un "territoire de 360 km2" dans lequel "2,3 millions de personnes sont enfermées et subissent toutes les 30 secondes des bombardements".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.