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Aubry / Hollande : un duel pied à pied

D'entrée de jeu, Martine Aubry a donné le ton. Pugnace, déterminée et concentrée, elle a continué sur la ligne offensive qu'elle avait adoptée juste avant le premier tour. De son côté, François Hollande a réaffirmé sa volonté de rassembler.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Martine Aubry et François Hollande sur le plateau de France 2. (AFP - Patrick Kovarik)

D'entrée de jeu, Martine Aubry a donné le ton. Pugnace, déterminée et concentrée, elle a continué sur la ligne offensive qu'elle avait adoptée juste avant le premier tour. De son côté, François Hollande a réaffirmé sa volonté de rassembler.

Interrogée en tout début d'émission sur son expression de "gauche molle", Martine Aubry a esquissé la question répondant : "Je veux vous dire ce qu'est c'est qu'une gauche forte".

Sur ce même thème, François Hollande a répondu : "Je n'ai pas envie d'une gauche dure. On sort de cinq ans d'une présidence brutale. Nous serions, nous, une candidature sectaire? Je ne le veux pas. Je pense que le pays a besoin d'être apaisé. Ce n'est pas une gauche molle. Il faut une gauche solide", a déclaré François Hollande.

20h50, deuxième tacle de la maire de Lille à son rival : "Ce qui gène, ce n'est pas le débat, c'est le flou", allusion directe à l'un des reproches souvent fait au député de Corrèze, sa difficulté à trancher.

Le débat était lancé, un débat franc, direct sur le mode du tutoiement.

Les sujets de friction : la règle d'or, le cumul des mandats et l'éducation

Si les deux candidats s'opposent à la "règle" d'or d'équilibre budgétaire proposée par Nicolas Sarkozy, François Hollande souhaite une "loi de programmation" sur la réduction des déficits après la présidentielle.

S'emparant du sujet, Martine Aubry lui a lancé : "Sur la règle d'or, (...) tu as quand même au départ dit (...) qu'il fallait prendre cette règle d'or ". "Non jamais, jamais, tu ne trouveras jamais aucun écrit de ma part sur la règle d 'or !", a répliqué le député de Corrèze.

S'en est suivi un échange un peu confus : "Je les ai", a lancé Mme Aubry en montrant un dossier qu'elle tenait à portée de main. M. Hollande lui suggère alors de les lui "donner" avant d'affirmer : "Ca n'est pas pareil, la règle d'or c'est pas du tout la loi de finances. C'est pas la règle d 'or, c'est la réduction des déficits".

La maire de Lille a aussi revendiqué la "clarté" de sa position contre le cumul des mandats : "Moi je l'ai dit clairement, tu le sais François, tu n'étais pas d'accord, ça n'était pas facile, j'ai perdu des soutiens", a-t-elle dit. François Hollande a alors contre-attaqué : "Sur le cumul des mandats, moi j'ai un principe incontestable, parce que je l'ai toujours pratiqué : je respecte les décisions de mon parti", a-t-il répliqué.

Comme lors du précédent télévisé, Martine Aubry a interpellé son rival sur le financement des 60.000 emplois qu'il compte recréer en cinq ans dans l'Education nationale : "60.000 fonctionnaires, c'est bien 2,5 mds d'euros, donc tu mets 2,5 mds?", at-elle demandé.

"Oui en fin de quinquennat", lui a répondu en substance François Hollande, ajoutant : "Je rappelle que le budget de l'enseignement scolaire c'est 50 milliards d'euros, donc c'est 1%...".

Les autres thèmes : contrats de génération

Pour Martine Aubry "Tout système basé sur l'exonération de charges n'a jamais marché. Cela créé des "effets d'aubaine". François Hollande lui a opposé que les exonérations de charge "étant acquises", elles ne créaient aucun effet d'aubaine mais permettrait de faire embaucher un jeune.

Fiscalité

Précise, rapide, la maire de Lille a affirmé : "il faut passer de 90 à 60 milliards de déficit. Ce qui est possible avec la réduction des niches fiscales" et a proposé "une tranche supplémentaire à 50% au-delà de 100.000 euros par part fiscale. Cela rapporte deux milliards."

"La fiscalité française, c'est une suite de bricolage" et donc ma première mesure, "c'est de faire la réforme fiscale d'ampleur", a argué François Hollande, fixant une fois encore le cap, à l'instar d'un chef de gouvernement.

Banques

Sur ce thème, les deux finalistes étaient en accord, proposant le placement sous contrôle public des banques qui seraient recapitalisées par les deniers publics. François Hollande a proposé trois mesures : l'instauration d'un droit de veto de l'Etat quel que soit le niveau de son entrée au capital d'une banque, la séparation des activités de dépôt et d'investissement, et une "mutualisation" des profits qui seraient réalisés par certains établissements.

Martine Aubry a fait des propositions identiques, à l'exception de l'idée de "mutualisation" des profits bancaires, empruntée à Arnaud Montebourg, qu'elle n'a pas cité.

Mondialisation

Réaffirmant qu'il était "pour une économie ouverte, François Hollande a cependant posé trois conditions : "un principe de réciprocité", une pression accrue que la Chine pour qu'elle suive les mêmes règles que les autres pays et "une contribution écologique". Pas favorable au protectionnisme, François Hollande s'est dit favorable à une stratégie offensive.

La maire de Lille a elle plaidé pour "un Etat stratège" (...) avec "une banque publique d'investissement régionalisée".

Grèce

Partisane de prêter de l'argent à la Grèce, Martine Aubry a critiqué le plan d'austérité et s'est prononcé pour demander aux grecs un plan précis et un effort accrue en matière de fiscalité.

François Hollande s'est dit pour la reconnaissance et l'annonce "d'un défaut paiement" de la Grèce, pour une modification des règles de décision des pays européens et en finir avec la règle d'unanimité en vue d'adopter l'idée des eurobonds.

Style de présidence

"Moi je me suis engagée depuis de longs mois dans cette démarche" sans savoir qui seraient les autres candidats. J'ai eu l'intuition, le sentiment que le pays avait besoin "d'une présidence solide, solidaire respectueuse" tout ce qui n'a pas été fait, a

Moi je suis "un homme de ténacité", "j'ai commencé très jeune (...) à 26 ans", a fait valoir François Hollande avant de défendre son bilan à la tête du PS pendant onze ans et assumant le fait d'être "un homme neuf".

Interrogée sur son expérience Martine Aubry a fait valoir ses avantages, en l'occurrence son CV : à la fois à la tête de ministères et en entreprises privées. Puis elle a enchaîné sur ses qualités de "pragmatisme", de "constance", de "clarté" à la tête du parti socialiste. "Moi je fixe clairement un chemin et je dis comment je vais y aller".

Vote des étrangers aux élections locales et institutions

François Hollande a indiqué que "dès notre arrivée en 2012", cette proposition serait mise en oeuvre. Même position pour Martine Aubry.

Sur les contre-pouvoirs, la maire de Lille s'est dite notamment favorable à un renforcement du poids du parlement et au renforcement de l'indépendance de la justice.

François Hollande s'est dit pour une "république exemplaire", une "réforme du statut du chef de l'Etat", "des modes de scrutin... des modes de nomination".

Conclusion

Assurant proposer des idées nouvelles : réformer les services publics, mieux répartir l'offre de soins, Martine Aubry a lancé un appel à tous les Français s'adressant plus particulièrement à tous les jeunes et aux femmes.

"Les primaires, c'est cela, c'est voté avec son coeur".

Comme il avait commencé, François Hollande à qui le mot de la fin revenait, a mis en avant la nécessité de rassemblement. "La France, ce n'est pas n'importe quel pays, c'est le pays qui est moteur en Europe".

"J'ai été en tête au soir du premier tour des primaires", "il faut que je sois largement en tête" dimanche, a-t-il conclu.

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