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Une enseignante de Seine-Saint-Denis lance un appel contre les discriminations lors de sorties scolaires

De retour d'un voyage scolaire, gare du Nord à Paris, trois élèves d'un lycée de Seine-Saint-Denis se font contrôler par la police devant leurs camarades et professeurs. Ils racontent à franceinfo "un incident humiliant". Leur enseignante dénonce une augmentation des discriminations dans le cadre de sorties scolaires. 

Article rédigé par Solenne Le Hen, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des policiers gare du Nord à Paris  (MAXPPP)

Une professeure d'un lycée professionnel de Seine-Saint-Denis a publié le 12 mars sur sa page Facebook un appel "contre les discriminations en sorties scolaires". Elise Boscherel raconte comment trois de ses élèves se sont fait contrôler par la police à la gare du Nord, à Paris, au retour d'un voyage scolaire. 

"C'est une humiliation, une dégradation"

Le 1er mars dernier, l'enseignante rentre d'un séjour de deux jours à Bruxelles avec un groupe de 18 élèves. Il est 20 heures quand leur train arrive en gare du Nord, à Paris. A la descente du groupe, Illyas est le premier élève interpellé par un policier : "contrôle aléatoire", lui dit-on. Illyas raconte la scène : "Il m'a attrapé par le bras devant mes camarades, m'a mis sur le coté, et m'a demandé ma pièce d'identité."

Un peu plus loin, Zakaria et Mamadou, deux autres élèves font eux aussi l'objet d'un contrôle d'identité, malgré l'intervention de leurs professeurs. Mamadou parle d'un contrôle discriminant dans une gare bondée : "Le policier m'a tutoyé, a fouillé mes bagages et dit devant toute ma classe au talkie-walkie qu'ils avaient bien fait de me contrôler car j'avais un casier judiciaire. C'est une humiliation, une dégradation !"

On ne se sent pas Français quand on vit des choses comme ça. Ce n'est pas normal.

Mamadou, lycéen contrôlé gare du Nord à Paris

Elise Boscherel assure que ce n'est pas la première fois qu'elle vit une telle situation en sortie scolaire. Elle raconte qu'après avoir tenté, en vain, de porter plainte au commissariat,elle a décidé de lancer un appel : "Je suis sidérée et encore plus en colère que mes élèves. Les contrôles de police, cela m'était déjà arrivé il y a deux ans, mais il y a aussi les remarques discriminantes dans les musées, les métros, les trains." L'enseignante fait référence à une polémique avec le musée d'Orsay, en décembre dernier. Une professeure avait raconté avoir été bousculée et insultée par des surveillants du musée qui accusaient ses élèves de parler trop fort. 

"Ces humiliations ne peuvent plus durer, dénonce Elise Boscherel dans son post Facebook. Ces sorties scolaires me font prendre conscience à quel point leur quotidien est épuisant et stressant. Avant même d'ouvrir la bouche, ils semblent être toujours présumés coupables. Liberté, égalité, fraternité. Pas pour eux."

Ce sont de véritables assignations à résidence physique, symbolique d'une partie de notre jeunesse, celle des banlieues, celle de nos quartiers populaires.

Elise Boscherel, enseignante dans un lycée de Seine-Saint-Denis

Elise Boscherel poursuit : "La société leur envoie continuellement le même message : restez chez vous ou ça se passera mal." La professeure en appelle à "tous les personnels de l'Education pour déposer plainte auprès d'un commissariat, d'un procureur de la République, de l'IGPN ou du Défenseur des droits, chaque fois qu'un élève est discriminé dans le cadre de sorties scolaires." 

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