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Benoît Thieulin, expert en nouvelles technologies : "c'est la première campagne transmédia"

Sur le terrain, dans les grands médias et via la Toile, la campagne 2012 est multicanaux. Mais quel(le) candidat(e) décroche la palme de l'innovation sur le Net ? Francetv2012 a interrogé Benoît Thieulin, expert en nouvelles technologies.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Vue du site Internet du candidat socialiste, François Hollande. (AFP - Bertrand Langlois)

Sur le terrain, dans les grands médias et via la Toile, la campagne 2012 est multicanaux. Mais quel(le) candidat(e) décroche la palme de l'innovation sur le Net ? Francetv2012 a interrogé Benoît Thieulin, expert en nouvelles technologies.

Equipement intégral. En 2012, tous les candidats à la présidentielle arborent sites Internet, comptes Twitter et pages Facebook.

Sont-ils pour autant au top de la Web politique ?

Francetv2012 a interrogé Benoît Thieulin, directeur de campagne de Ségolène Royal en 2007. Ce spécialiste de la communication publique en ligne a aussi participé à une mission d'étude de la campagne présidentielle américaine, organisée par la fondation Terra Nova, proche du Parti socialiste.

Qui mène la meilleure campagne numérique ?

Benoît Thieulin : Internet est aujourd'hui largement utilisé par toutes les équipes de campagne. Aucune ne déserte le champ politique. C'est nouveau.

Toutes investissent, à peu près, la panoplie d'une campagne numérique, ne serait-ce qu'en termes de supports (Facebook, Twitter), que de contenus, de vidéos, d'infographies et de sites.

Cela dit, aucun candidat n'a un discours fort sur le numérique. Les deux candidats qui ressortent, éventuellement, sont Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.

Le premier a su innover avec ses Webs séries.

Marine Le Pen, elle, a un discours très marqué sur le rôle d'Internet dans un système médiatique verrouillé. C'est d'ailleurs très inquiétant de voir que le Front national reprend l'étendard de la défense des libertés d'Internet.

Hormis cela, il n'y a rien de fulgurant sur Internet.

Qu'est ce qui a changé dans cette "net-campagne" versus 2007 ?

Il y a trois phénomènes intéressants.

Le premier, c'est ce que François Hollande essaye de faire pour mobiliser. C'est du "Obama", c'est-à-dire l'utilisation d'Internet pour mener une campagne de porte à porte. C'était la force du candidat américain : se servir du Net, pas simplement pour communiquer, mais pour organiser ses équipes.

Les deux autres innovations ne sont pas du fait des politiques mais de la campagne et des citoyens.

Il s'agit d'abord de la première campagne transmédia au sens où il n'y a plus du tout d'opposition entre anciens et nouveaux médias.

Les nouveaux médias ont entouré les anciens et se mélangent, notamment sur un point embryonnaire pour le moment mais qui a vocation à se développer, le visionnage des débats à la télévision simultanément à la publication et/ou le suivi de commentaires sur Twitter.

On peut participer, poser des questions, discuter avec des experts et des journalistes.

Le dernier point concerne la révolution des formats. Il y a dix ans, les campagnes numériques se résumaient à du texte. Maintenant, il y a de la vidéo, de l'infographie, de l'animation. On peut expliquer une réforme technique par une infographie plutôt que par un long discours fastidieux. C'est un moyen de décryptage supplémentaire.

Qu'est-ce qui nous sépare des Etats-Unis ?

Du point de vue de la campagne en général et des pratiques, il n'y a pas beaucoup de différences.

En revanche, les moyens financiers n'ont rien à voir. Dans les campagnes américaines, il y a énormément d'argent. Les équipes sont donc très professionnelles et consistantes. Il y a un côté plus artisanal en France.

Disons, enfin, qu'il y a peu d'hommes politiques qui maîtrisent vraiment ces outils en France. Or, quelqu'un qui n'est pas allé sur Facebook ou Twitter ne comprendra jamais ce que c'est et à quoi cela sert.

Barack Obama connaissait parfaitement tout cela. C'était un "praticien". Quand il est entré à la Maison Blanche, il était triste de devoir rendre son iPhone.

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