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Brice Teinturier (Ipsos) : "la situation est inédite avec quatre candidats à plus de 14%"

Directeur général délégué d'Ipsos France, partenaire de France Télévisions, Brice Teinturier observe que quatre candidats se situent au-dessus de 14% d'intentions de vote, ce qui est inédit. Il analyse l'érosion de François Bayrou pour Francetv2012.
Article rédigé par Olivier Biffaud - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos France (PATRICK KOVARIK / AFP)

Directeur général délégué d'Ipsos France, partenaire de France Télévisions, Brice Teinturier observe que quatre candidats se situent au-dessus de 14% d'intentions de vote, ce qui est inédit. Il analyse l'érosion de François Bayrou pour Francetv2012.

Le dernier sondage Ipsos pour France Télévisions, Radio France et Le Monde fait apparaître un resserrement des intentions de vote au premier tour pour Nicolas Sarkozy et François Hollande. Le candidat de l'UMP et celui du PS-PRG sont au coude à coude.

En outre, une bataille acharnée semble opposer Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon pour la troisième place.

Enfin, pour la première fois depuis le début de l'année, cet institut place François Bayrou sous la barre des 10%, en cinquième position.

Interrogé par Francetv/2012, Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos France, note que la situation actuelle est inédite avec quatre candidats au-dessus de 14%, au lieu de trois habituellement. Selon lui, il "serait très mauvais pour Nicolas Sarkozy [d'être] derrière François Hollande", le 22 avril.

Les courbes de Nicolas Sarkozy et de François Hollande se sont croisées au profit du candidat de l'UMP dans le sondage Ipsos des 23 et 24 mars. Pourraient-elles se recroiser au profit du candidat du PS et du PRG avant le premier tour ?

Compte tenu de l'offre électorale à droite et en particulier, de l'absence d'un candidat de centre droit comme par exemple Jean-Louis Borloo, il est tout à fait logique que Nicolas Sarkozy se situe dans la zone des 29%. Il devrait donc être devant François Hollande qui, s'il obtenait 28%, réaliserait en réalité lui-même un excellent score.

Cela étant, c'est le résultat des trois autres candidats, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et François Bayrou qui va déterminer celui de Nicolas Sarkozy et de François Hollande et l'écart entre eux. Or, la porosité est encore très grande au sein des blocs.

On peut aussi bien assister, le 22 avril, à un écart plus important en faveur de Nicolas Sarkozy, si par exemple Marine Le Pen est en dessous de 14%, qu'à un resserrement avec François Hollande, voire un François Hollande devant Nicolas Sarkozy, si Jean-Luc Mélenchon se tasse et que Marine Le Pen est à plus de 15%.

Pour l'instant, nous sommes dans une situation inédite avec quatre candidats au lieu de trois habituellement à plus de 14%.

La vérité cependant, c'est qu'un écart d'un point en faveur de l'un ou de l'autre n'a pas grande importance.

Cela serait très mauvais pour Nicolas Sarkozy s'il était derrière François Hollande, car il en a fait un enjeu symbolique mais ce qui compte tout autant, voire davantage, c'est l'arithmétique et notamment de savoir si le bloc de gauche est à 45% ou pas.

Si ce n'est pas le cas le 22 avril et si Nicolas Sarkozy est devant François Hollande de 3 ou 4 points et non d'1 ou 2, le second tour sera indiscutablement beaucoup plus serré.

Après avoir été sur une pente ascendante de la mi-février à la mi-mars, François Bayrou semble maintenant sur une pente descendante. Fait-il les frais d'une bipolarisation qui épargnerait Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ?

François Bayrou fait partie des personnalités politiques les plus populaires de France. Son projet est également considéré comme souhaitable et réaliste par une partie importante de la population. Ni l'homme, ni le projet ne sont donc fondamentalement en cause. Mais jamais on a vu un tel hiatus entre la popularité et le vote.

Je pense que cela est dû à son positionnement politique. En luttant à la fois contre la droite et la gauche, soit deux familles politiques qui, quoi qu'on en dise, existent encore fortement, et qui sont représentées par deux candidats crédibles, François Bayrou se donne une mission impossible à réaliser.

Il se fait donc grignoter sur ses deux flancs, avec des électeurs qui estiment qu'il est plus utile de voter soit pour Nicolas Sarkozy, soit pour François Hollande.

Par ailleurs et comme en 2007, on identifie une question récurrente sur la majorité politique qu'il devra constituer et les équipes qui l'entourent. Il semble trop seul, même si on l'apprécie.

Un total d'intentions de vote pour la gauche qui frise 45% au premier tour ne condamne-t-il pas Nicolas Sarkozy a devoir franchir franchement la barre des 30% pour espérer l'emporter au second tour ?

Oui, tout à fait. Pour l'emporter, il faut que Nicolas Sarkozy dépasse les 30%-31% et/ou que le total des voix de gauche soit plus faible que les 45% actuellement mesurés.

Ce n'est pas totalement exclu et l'élection n'est pas jouée, même si François Hollande reste le favori.

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