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Privatisation de la Française des jeux : trois questions à se poser avant d'acheter des actions

Les Français peuvent investir dans la FDJ, privatisée par l'État. Le prix de l'action est fixé à 19,90 euros. 

Article rédigé par franceinfo, Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
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  (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

À la veille de l'entrée en Bourse de La Française des Jeux, le ministre de l'Economie et des finances Bruno Le Maire a annoncé mercredi avoir fixé à 19,90 euros le prix de l'action. Après l'annonce de la privatisation, les investisseurs et les particuliers ont demandé au total pour plus de 11 milliards d'euros d'actions, soit 1,6 milliard en provenance des petits porteurs, et 10 milliards de la part des institutionnels, selon le gouvernement. "Nous avons décidé de porter de 33 à 40% la part des titres réservés aux investisseurs particuliers", a précisé le ministre. Mais ce placement est-il intéressant ? 

Est-ce que je vais gagner de l'argent ? 

La patronne de la FDJ le reconnaît elle-même : "On a des marchés qui sont un peu nerveux, volatiles". Stéphane Pallez pense pourtant pouvoir attirer des investisseurs à la recherche d'"un très bon placement financier de long terme".

Alors que les bourses mondiales sont agitées par les négociations commerciales entre la Chine et les États-Unis mais aussi par le Brexit, la FDJ affiche un bon début d'année. Sur les neuf premiers mois de l'année, la deuxième loterie européenne connaît une forte hausse des mises et des recettes. Son chiffre d'affaires a gonflé sur cette période de 7%, pour atteindre 1,42 milliard d'euros. "On pense qu'on est un placement durable" moins sensible "aux cycles économiques", note la PDG Stéphane Pallez. 

Cependant, pour gagner de l'argent, il faudra faire preuve de patience estime Charles Henri D'auvigny, le président de la fédération des investisseurs individuels et des clubs d'investissement. "Il ne faut pas voir l'investissement uniquement sur l'aspect cours de la bourse mais le prendre comme une valeur de rendement, explique-t-il à franceinfo. La FDJ va servir des dividendes qui vont être sans doute supérieurs à la moyenne des autres entreprises cotées. Vous allez avoir une rémunération annuelle largement supérieure au Livret A. À ce moment-là, c'est tout à fait rentable". Surtout que la FDJ va conserver sa situation de monopole qui devrait sécuriser son chiffre d'affaires. 

Le prix fixé est-il attractif ? 

C'est en tout cas le message qu'a voulu véhiculer le gouvernement. La plus importante privatisation engagée en France depuis plus d'une décennie devrait rapporter à l'Etat environ 1,8 milliard d'euros.

L'opération est un "succès considérable" selon Bruno Le Maire, puisque la demande a été très forte, avec 500 000 personnes qui ont souscrit, et représente au total plus de 11 milliards d'euros. C'est après ce succès et en fonction de l'état du marché que le prix final a été fixé mercredi, à 19,90 euros, qui était le maximum de la fourchette envisagée. Pour les particuliers, qui bénéficient d'une décote de 2%, le prix s'établit à 19,50 euros. Mais Charles Henri d'Auvigny appelle à la prudence sur "l'effet casino. Si vous conservez les actions un temps certain, vous pouvez vous dire que ça peut être rentable parce que le prix de l'action va sans doute être maintenu ou supérieur, alors que vous n'avez pas payé si cher que ça l'action". Cependant, le cours de l'action est lié à la conjoncture et personne ne peut prévoir une éventuelle hausse ou baisse. Les actions de la FDJ commenceront à coter pour la première fois jeudi. 

 

Est-il certain que cela va marcher ? 

En bourse, il est impossible de prédire si le cours d'une action va monter ou descendre. Les aléas sont nombreux, cependant, la FDJ est "une entreprise solide", note Emmanuel Cugny. Selon le journaliste de franceinfo, ces privatisations attirent généralement de nouveaux investisseurs, "ça ne peut que valoriser le chiffre d'affaires", mais en bourse, "c'est toujours la boule de cristal et il est impossible de faire des pronostics". 

Pour Charles Henri d'Auvigny, les anciennes entreprises privatisées par l'État ont connu quelques succès. "Prenez l'exemple de la BNP Paribas ou de Société générale, les cours se sont maintenus", explique-t-il. Autre exemple : France Télécom dont les cours sont montés assez haut après la privatisation. 

Malgré tout, il faut garder une vision uniquement sur le long-terme. "Quand je regarde le CAC 40 au cours des 15 dernières années, si on fait une moyenne lissée, je m'aperçois qu'on a un rendement annuel de plus de 6 % avec le dividende réinvesti. C'est huit fois supérieur au Livret A", qui plafonne actuellement à 0,75%. Si vous vous lancez dans l'achat d'actions alors que vous êtes un parfait amateur, il faut quand même rester prudent. "Il ne faut pas investir dans une seule valeur, mais dans un panier sinon on prend trop de risques", conclut-il. 

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