Bygmalion : la garde à vue de Jérôme Lavrilleux levée
Il aura finalement passé près de 12 heures en garde à vue ce mardi. Jérôme Lavrilleux, ancien directeur adjoint de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012, est sorti ce mardi soir, à 21h, a annoncé son avocat Maître Jean-Yves Leborgne. L'audition a été menée par les hommes de l'Office anti-corruption de la police judiciaire, dans le cadre d'une enquête préliminaire du parquet de Paris.
Ce très proche de Jean-François Copé, désormais ancien président de l'UMP, était interrogé dans le cadre de l'enquête sur le financement de cette fameuse campagne présidentielle. Il avait reconnu, fin mai, des "dérapages ", soit l'existence de factures indues établies par la société Bygmalion, dépassant le plafond légal de financement de la campagne. Le scandale a fait imploser le parti d'opposition. Désormais, les enquêteurs cherchent surtout à savoir qui était au courant du système dans les équipes du candidat UMP, voire à l'Élysée. Selon une source judiciaire, une clé USB est d'ores et déjà entre les mains des enquêteurs : elle confirmerait la double comptabilité pratiquée par Bygmalion pour les 44 meetings de l'UMP pour lesquels la société est intervenue.
Interrogé lundi, Jérôme Lavrilleux avait laissé entendre qu'il comptait bien assumer ses responsabilités, mais qu'il espérait bien qu'il ne serait pas le seul à le faire.
L'ancien directeur de campagne de Sarkozy cible Lavrilleux
Dans cette affaire, le Figaro publie ce mercredi une lettre qui montre que Jérôme Lavrilleux est toujours un homme seul pour assumer le système présumé de fausses factures. Guillaume Lambert, ancien directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, qui devrait être interrogé bientôt lui aussi par les enquêteurs, a devancé l'appel en écrivant au Procureur général de Paris.
Il réaffirme qu'il n'était absolument pas au courant d'un financement illégal de cette campagne. Il insiste sur le rôle primordial de Jérôme Lavrilleux qui était en contact étroit avec Bygmalion et sa filiale Event et Cie. "Lavrilleux a lié très clairement l'implication de l'UMP dans la campagne au fait de retenir Event comme prestataire exclusif ", note Guillaume Lambert.
La comptabilité de Bygmalion publiée
Ce mercredi, le Canard Enchaîné publie l'intégralité des comptes de la société, depuis sa création en 2008 à 2013. Dans l'article "Tous ces mécènes qui ont nourri le féroce appétit de Bygmalion ", le journal liste les clients de la société : l'Etat français, le ministre de l'Intérieur et de la santé (dirigés à l'époque par Xavier Bertrand, Brice Hortefeux et Claude Guéant) et l'UMP, son groupe à l'Assemblée nationale (dirigé par Jean-François Copé puis Christian Jacob), des syndicats patronaux comme le Medef, des entreprises du CAC 40 (LVMH, Veolia, EDF), l'Union nationale des professions libérales.Il y a aussi des firmes internationales comme Coca-Cola ou des pays étrangers comme le Qatar.
Autre constat, Bygmalion déclare quelques millions d'euros par an au fisc, mais aurait en réalité 60 millions d'euros. "Bygmalion a un chiffre d'affaires relativement faible mais elle a des facturations beaucoup plus élevées ", explique l'un des auteurs de l'article, Hervé Liffran, "elle encaisse et reverse à d'autres sociétés sans considérer " cet argent "comme son chiffre d'affaires ".
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