Ce que Marine Le Pen projette pour la France
Avant la présentation, samedi à Paris, du projet présidentiel du Front national, son directeur stratégique de campagne, Florian Philippot, présente à FTVi les grands axes de son programme.
Avant la présentation officielle, samedi 19 novembre à Paris, du projet présidentiel de la candidate du Front national, Marine Le Pen, son directeur stratégique de campagne, Florian Philippot, annonce à FTVi les grands axes de son programme. Un ensemble de mesures autour d'une idée : le "rétablissement de l'autorité de l'Etat".
Quelles sont les grandes lignes que Marine Le Pen défendra durant cette campagne ?
Florian Philippot : Samedi, elle va expliquer quelle est sa vision de l'homme, de la France, de l'avenir, sans s'interdire de se projeter sur dix à quinze ans sur certains sujets, car le président de la République est aussi là pour faire de la prospective. Au même moment, nous mettrons en ligne le projet présidentiel sur son site de campagne.
L'objectif est de montrer la cohérence de l'ensemble, par rapport à Sarkozy et Hollande, qui pour l'instant se contentent de catalogues de mesurettes dans la continuité des politiques menées depuis quarante ans.
La cohérence de Marine Le Pen réside dans une idée assez simple : c'est le rétablissement de l'autorité de l'Etat, face aux marchés et aux banques, dans les domaines régaliens, dans le domaine de l'école.
Si elle arrive au pouvoir, quelles seront ses premières décisions ?
F. P. : La première mesure sera la création d'un ministère des Souverainetés, qui devra faire en sorte que la nation française retrouve la main, notamment vis-à-vis de l'Union européenne. Il agira sur tous les sujets : économique, monétaire, législatif, migratoire, etc.
L'autre décision forte, ce sera de redonner la parole au peuple, avec la mise en place du référendum d'initiative populaire (sans verrou parlementaire), de la proportionnelle intégrale aux législatives, et un usage plus fréquent du référendum classique sur tous les grands sujets, par exemple le rétablissement de la peine de mort et la perpétuité réelle, ou encore les services publics ou le retour au septennat, mais non renouvelable.
Et sur l'euro ?
F. P. : Nous privilégions une fin concertée de l'euro. Donc la France ira voir ses partenaires pour en discuter. Nous proposerons aux pays qui s'engagent dans ce processus d'organiser des référendums sur cette question.
Dans ce cas, la France ne risque-t-elle pas d'être le seul pays européen à défendre cette voie ?
F. P. : Honnêtement, cela me paraît peu probable, étant donné qu'en mai prochain, on sera certainement très avancés dans le processus de destruction de l'euro.
Et si la France est seule, nous prendrons nos responsabilités. Le peuple français doit sortir de cette spirale infernale. La France est la cinquième puissance économique mondiale, elle est capable d'avoir une monnaie nationale comme 95 % des pays. Le processus de sortie de l'euro peut prendre six à huit mois, le temps de mener à bien les négociations et les aspects techniques. Ce sera effectif avant la fin 2012, peut-être même plus vite si la France perd son triple A entre-temps.
La plupart des économistes prédisent une inflation catastrophique si la France sort de l'euro...
F. P. : Je ne sais pas ce que vous appelez "la plupart". Avant la création de l'euro, j'entendais les prix Nobel d'économie Milton Friedman et Maurice Allais dire que tout allait exploser. Paul Krugman, autre prix Nobel, dit qu'il faut faire un bilan pragmatique et mettre fin à tout cela de manière concertée, exactement comme nous le disons. Amartya Sen, lui aussi Nobel d'économie, dit que l'euro fait tomber l'Europe...
En France, j'entends Jacques Sapir, j'entends Alain Cotta, j'entends Jean-Jacques Rosa. Ce sont des économistes de renom, qui enseignent, et qui disent exactement la même chose que nous. Si d'autres disent l'inverse, j'aimerais au moins qu'on puisse vraiment en débattre, car le débat est sclérosé en France.
Marine Le Pen propose de recréer 19 000 postes de policiers supprimés par la droite et 40 000 places de prison supplémentaires. Comment financer ces mesures sans alourdir le déficit ?
F. P. : Nous pouvons faire des économies. Il y a par exemple une inflation des emplois publics dans les collectivités territoriales qui n'est pas raisonnable. Les grandes collectivités devront présenter des plans de stabilisation ou de réduction des effectifs. Nous appliquerons une baisse de 2 % de la dotation de l'Etat aux conseils généraux et régionaux.
Nous lancerons en parallèle un vaste plan anti-fraudes. Pas le plan Sarkozy présenté mardi avec les mêmes phrases qu'en 2007 ! Cela passera par la carte Vitale biométrique, toujours pas mise en place, par une aggravation des peines contre les patrons qui emploient des clandestins, par des actions contre la fraude documentaire [les faux papiers]. Car plus vous avez d'immigration, plus vous avez de fraude fiscale.
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