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Christian Estrosi reproche au PDG de Renault de jouer double jeu

Au lendemain de l'inauguration de l'usine Renault au Maroc, l'ancien ministre de l'industrie, Christian Estrosi, s'en prend directement à son PDG, dans un entretien au Parisien, vendredi 10 février, et demande à l'Etat de réagir.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Christian Estrosi assiste aux premières rencontres nationales de la police municipale, à Nice, le 16 juin 2011. (AFP - Sébastien Nogier)

Au lendemain de l'inauguration de l'usine Renault au Maroc, l'ancien ministre de l'industrie, Christian Estrosi, s'en prend directement à son PDG, dans un entretien au Parisien, vendredi 10 février, et demande à l'Etat de réagir.

Evincé du gouvernement en juin 2011, le député des Alpes-Maritimes et ancien ministre de l'industrie, Christian Estrosi, s'intéresse toujours au sujet et ne manque jamais de se rappeler au bon souvenir de ses ex-collègues.

Cette fois, c'est l'inauguration d'une usine Renault géante à Tanger, jeudi 8 février, qui le fait réagir.

Dans un entretien au Parisien, celui qui se dit "libre" et se définit comme un "gaulliste social", reproche au n°1 de Renault, Carlos Ghosn, de participer "au dumping social au Maroc" et rappelle au passage à l'Etat qu'il "est fondé à demander des comptes".

"Cette affaire est une provocation"

"Je suis scandalisé ! Cette affaire est une provocation", déclare M. Estrosi interrogé sur l'ouverture de l'usine Renault, au Maroc.

"Alors que le gouvernement annonce une taxe anti-délocalisation et une baisse de 5,4% sur les charges des entreprises pour les rendre plus compétitives, Renault nous dit "on s'en fiche" et inaugure une usine au Maroc pour produire 170.000 véhicules et même 300.000 à terme, dont certains seront destinés au marché français et européen !", poursuit-il.

Etait-il au courant du projet en tant qu'ancien ministre de l'industrie ?

"Le problème de Carlos Ghosn, c'est qu'il ne dit jamais la vérité", répond M. Estrosi. "J'ai eu plusieurs réunions avec lui ou son n°2. A chaque fois, c'est la même chose : ils parlent de leur volonté de renforcer la production en France ou assurent que les usines à l'étranger seront destinées à alimenter le marché local. Et du jour au lendemain, vous découvrez ce qu'on découvre aujourd'hui".

Et d'en appeler à l'Etat pour qu'il demande à M. Ghosn de respecter les règles proposées pour soutenir l'emploi industriel en France. "Si Renault et son PDG ne s'engagent pas vite à augmenter de 10% la production française cette année, je demanderai au Parlement l'ouverture d'une commission d'enquête.

Une usine "low cost' ?

S'élevant contre les accusations, le PDG de Renault, défend sa stratégie. "Implanter une usine low cost à Tanger "n'est pas de la délocalisation" car de tels véhicules ne peuvent pas être produits en France".

Pour produire des voitures à très bas prix, "il faut aller dans les pays dans lesquels il y a une main d'œuvre abondante, qualifiée et aussi des coûts extrêmement compétitifs", explique-t-il.

"Malgré le fait que nous créons des usines à l'étranger, il y a quand même 40% des investissements industriels qui continuent à être faits en France", souligne encore le patron de Renault, citant les usines de Douai (Nord) et Cléon (Seine-Maritime).

Pour l'instant, à Tanger, une seule chaîne de montage est en fonction, d'où sortiront entre 150 et 170.000 véhicules par an quand elle tournera à plein. La capacité sera doublée à partir de 2013 avec une deuxième ligne. Renault y assemblera un monospace, le Lodgy, puis un utilitaire et un troisième modèle encore tenu secret.

Les boîtes de vitesse, les moteurs et d'autres composants seront en revanche importés de France, d'Espagne et de Roumanie.

La mondialisation n'est pas une fiction.

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