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Copé-Fillon, nouvelle illustration de la haine à droite

Sarkozy-Villepin, Chirac-Balladur... L'affrontement entre les deux candidats à la présidence de l'UMP rappelle quelques précédents.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Le Premier ministre Edouard Balladur et le président du RPR Jacques Chirac, à La Rochelle (Charente-Maritime), le 25 septembre 1993. (DERRICK CEYRAC / AFP)

CHAOS A L'UMP - Ces deux-là se détestent. Le "soap opera" qui se joue depuis dimanche 18 novembre à la tête de l'UMP laisse peu de doute sur l'inimitié entre Jean-François Copé et François Fillon. Avant eux, d'autres membres de la droite se sont livré bataille sans merci, pour atteindre le pouvoir ou le garder. Trahisons, petites phrases, coup de grâce : il n'y a pas toujours eu de mort, mais systématiquement un K.-O...  Francetv info revient sur cinq duos politiques de droite rongés par la haine.

Copé-Fillon, la drôle de guerre

La guerre est déclarée le 6 mai 2012, quand Nicolas Sarkozy est battu à l'élection présidentielle. Le président sortant n'a pas désigné d'héritier. Son Premier ministre comme le secrétaire général de l'UMP s'estiment aussi légitimes l'un que l'autre. Dans la famille UMP, Jean-François Copé et François Fillon sont des cousins germains obligés de se sourire au déjeuner dominical, mais qui ne pensent qu'à une chose : l'héritage.

Après les mots doux durant la campagne, l'élection à la présidence du parti tourne au drame au moment du résultat. Les deux camps revendiquent la victoire. Quand la commission électorale de l'UMP annonce que Jean-François Copé a gagné, le camp adverse conteste, s'appuyant sur trois territoires d'outre-mer oubliés dans les décomptes. François Fillon, accusé d'être un "mauvais perdant", en appelle à l'arbitrage d'Alain Juppé. Jean-François Copé saisit alors la commission des recours du parti. Quatre jours après le vote, le psychodrame n'est toujours pas terminé, les militants sont désemparés. Inévitable dommage collatéral : le grand perdant, c'est l'UMP.

Sarkozy-Villepin, la bagarre de rue

La rivalité naît pendant la campagne présidentielle de 1995 : Nicolas Sarkozy se range derrière Edouard Balladur, Dominique de Villepin suit Jacques Chirac. Ils ne s'aiment pas et lorsqu'ils se rencontrent, les deux hommes serrent les poings et bombent le torse. En 2004, lorsque l'affaire Clearstream éclate et éclabousse Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin, alors ministre de l'Intérieur, se réjouit, raconte Le Nouvel Obs. "Sarkozy ne survivra pas à cette affaire-là", dit-il au Premier ministre de l'époque, Jean-Pierre Raffarin. Nicolas Sarkozy est convaincu que Dominique de Villepin a monté l'affaire de toutes pièces et menace de le pendre à "un crochet de boucher".

En janvier 2010, Dominique de Villepin est relaxé dans l'affaire Clearstream. Nicolas Sarkozy, partie civile, décide de ne pas faire appel. Mais la hache de guerre n'est pas enterrée pour autant, comme le détaille la chronologie de L'Express. Dominique de Villepin veut toujours en découdre et choisit le terrain politique. Il lance son parti, République solidaire, puis claque la porte de l'UMP en 2011. Mais, dans la course à l'Elysée 2012, l'ancien Premier ministre "n'inquiète pas" Nicolas Sarkozy. Faute de parrainages suffisants, le président de République solidaire ne peut même pas déposer sa candidature.

Sarkozy-Chirac, le triple parricide

En 1995, Jacques Chirac, trahi par Edouard Balladur qui décide de se présenter à la présidentielle, perd du même coup Nicolas Sarkozy, dont il avait fait son protégé. La méfiance s'installe pour quelques années entre les deux hommes.

Pourtant, en 2002, Jacques Chirac nomme Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur. Il le prive ainsi de Matignon, mais lui offre tout de même une place de choix, d'où le ministre peut préparer la campagne pour la prochaine présidentielle, explique Le Figaro. Leurs relations sont tendues et le président de la République ne manque pas de rappeler à l'ordre son ministre. "Je décide, il exécute", assène-t-il à la télévision, le 14 juillet 2004 avant de lui imposer de choisir entre l'Intérieur et la tête de l'UMP. Nicolas Sarkozy décide de conquérir le parti, tenu par le chiraquien Alain Juppé, et y parvient... avant de revenir au gouvernement en cumulant les deux casquettes.

Devenu l'homme fort de la droite, Nicolas Sarkozy multiplie les coups pendant sa campagne pour la présidentielle de 2007 et réussit à imposer son idée de "rupture" avec son prédécesseur, qu'il qualifie de "roi fainéant". Arrivé à l'Elysée, il change le fauteuil du bureau présidentiel, raconte L'Express. Un geste symbolique, qui résume la position qu'il maintient tout au long de son mandat, s'éloignant toujours plus de l'ancien président. En 2012, le clan Chirac vote Hollande.

Chirac-Balladur, la guerre ouverte

Le choc Balladur-Chirac reste le pire exemple de guerre fratricide de la Ve République, souvent cité lors du match Fillon-Copé. Tour à tour, les deux "amis de 30 ans" sont "alliés, puis rivaux, puis ennemis mortels", résume Rue89. En 1993, le président François Mitterrand perd les législatives et doit nommer un Premier ministre issu du RPR. Jacques Chirac, chef de l'opposition, laisse sa place Edouard Balladur, alors son bras droit, en vue de préparer la présidentielle de 1995. Mais Edouard Balladur aussi rêve de l'Elysée. Les deux hommes ne s'adressent plus la parole.

Edouard Balladur, porté par d'excellents sondages, est confiant et assure à Jacques Chirac : "Ne vous y trompez pas, je ne serai pas votre Premier ministre." En effet, une fois élu, le président Chirac nomme Alain Juppé chef de gouvernement.

Le RPR ne se relève pas de l'affrontement, perd les législatives de 1997 et reste rongé par les querelles de personnes jusqu'à sa dissolution dans l'UMP en 2002. Les plaies d'Edouard Balladur et de Jacques Chirac peinent à cicatriser. En 2009, chacun sort un ouvrage et règle son compte à "l'ami de 30 ans".

Chirac-Giscard, la guerre de 30 ans

C'est la mère de toutes les batailles internes. En 1974, Jacques Chirac aide Valéry Giscard d'Estaing à battre le socialiste François Mitterrand à la présidentielle. En remerciement, le nouveau président le nomme Premier ministre. Mais Jacques Chirac estime qu'il n'a pas la liberté nécessaire pour assumer sa fonction et démissionne en 1976, pour entrer en opposition, au sein même du RPR. En 1981, il se présente à la présidentielle. Battu au premier tour, il refuse d'appeler à voter Giscard. Il serait même allé jusqu'à demander de voter pour le socialiste aux militants qui téléphonent au RPR, rapporte Rue89.

Sorti trahi et groggy de la présidentielle, VGE ne cache pas sa rancœur et ne perd pas une occasion de décrire le "caractère clanique" d'un Chirac qui "a faim de pouvoir", dans ses mémoires parues en 2007. Deux ans plus tard, Jacques Chirac raconte que son rival lui avait assuré "avoir 'jeté rancune à la rivière'. Mais ce jour-là, la rivière devait être à sec". Désormais, lorsqu'ils siègent au Conseil constitutionnel, les deux hommes se serrent la main sans un regard, décrit L'Express.

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