Pourquoi la chiraquie rallie François Hollande
A l'approche du scrutin, de nombreux proches de l'ancien chef de l'Etat ont fait savoir qu'ils soutiennent François Hollande, et ce dès le premier tour. FTVi vous explique pourquoi.
Anciens ministres, conseillers, membres de la famille... A l'approche du scrutin présidentiel, de nombreux proches de Jaques Chirac ont annoncé leur soutien à François Hollande, et ce dès le premier tour. Parmi eux, les ex-ministres Brigitte Girardin (2002-2007), Corinne Lepage (1995-1997), Jean-Jacques Aillagon (2002-2004) ou encore Azouz Begag (2005-2007), l'ancien conseiller élyséen Hugues Renson, l'ex-conseiller presse Laurent Glépin, l'historien Jean-Luc Barré, co-auteur des Mémoires de l'ancien président, l'ancien judoka Thierry Rey (père de l'unique petit-fils de Jacques Chirac), ainsi que, selon Le Parisien, Claude Chirac, la fille de l'ancien chef de l'Etat, et son mari, Frédéric Salat-Barroux, secrétaire général de l'Elysée de 2005 à 2007. Et selon Jean-Luc Barré, Jacques Chirac lui-même lui a assuré qu'il voterait François Hollande.
FTVi vous explique pourquoi, à quatre jours du premier tour dimanche 22 avril, la chiraquie rallie le favori des sondages.
1. L'antisarkozysme de fond
C'est une raison invoquée par la plupart des intéressés : s'ils vont voter François Hollande, c'est d'abord pour mettre un terme à une politique qui a "divisé" et "affaibli" le pays, selon les mots de Brigitte Girardin. "La France a besoin de profonds changements", justifie par exemple Jean-Jacques Aillagon dans Libération, déplorant que la politique de Nicolas Sarkozy ait "souvent flotté entre des prises de position contradictoires et des doctrines variables selon les circonstances".
"Je ne me reconnais plus dans les valeurs de l'UMP, dans cette droitisation que rien n'arrête", explique encore l'ancienne ministre de l'Outre-Mer dans Le Figaro.
Plume de l'ancien président, Jean-Luc Barré résume dans Le Parisien : "Chirac est un humaniste, marqué à la fois par la fibre radical-socialiste corrézienne et la dimension sociale du gaullisme. Synthèse qu'il reconnaît aujourd'hui chez le candidat de gauche."
2. L'antisarkozysme de forme
Deuxième bonne raison pour ces chiraquiens de voter Hollande : rompre avec le style de Nicolas Sarkozy, à qui l'on n'a jamais pardonné, dans ce cercle, sa pique à l'égard des "rois fainéants", début 2009. Pique dont tout le monde savait qu'elle visait Jacques Chirac.
"Son bilan est mauvais. Certes, il y a la crise. Mais il y a aussi une équipe : les Morano, les Hortefeux… avec des comportements lamentables. C'est injouable de repartir cinq ans avec les mêmes. Ils abaissent et dévalorisent la politique", développe Thierry Rey dans Le Parisien. Ce dernier voit a contrario une proximité entre les styles Hollande et Chirac, "notamment dans l'écoute de ce qui se passe au-delà des petits cercles parisiens".
Un argument également évoqué par Jean-Luc Barré : "Je n'ai pas aimé le spectacle des cinq dernières années. Un président n'est pas seulement là pour 'faire le job'. Il incarne d'abord la France. Nicolas Sarkozy a surtout incarné son parti et vulgarisé la fonction." A l'inverse, Jacques Chirac et François Hollande représentent à ses yeux "deux hommes de dialogue et d'écoute". "Je ne sais pas si Hollande sera capable de rassembler les Français au-delà de la gauche mais, au moins, il ne tient pas un discours qui les divise", abonde Brigitte Girardin.
Pour Thierry Rey, "il y a aussi une forme de bonhomie et d'humour qui les rapproche. Avec Chirac et Hollande, on n'est pas dans le rapport de force permanent comme on peut l’être avec d’autres..."
3. Le vote utile
Mais pourquoi choisir François Hollande dès le premier tour et non pas François Bayrou, dont la position politique est plus proche de celle menée par Jacques Chirac ? "Pour que l'alternance soit possible, elle doit être portée par un candidat susceptible de gagner et capable, ensuite, de s'attacher le soutien d'une majorité stable à l’Assemblée nationale. Ce candidat ne sera vraisemblablement pas, la polarisation de l’opinion se portant désormais sur les deux candidats les plus visibles, un éventuel 'troisième homme'. On peut le regretter, mais c'est bien cette situation-là qui s'imposera", répond Jean-Jacques Aillagon dans Libé.
Dans Le Figaro, Brigitte Girardin ne dit pas autre chose : "Je veux aujourd'hui que cette politique cesse, que l'on arrête la casse et que l'on mette un terme à ce quinquennat. Qui est le plus en mesure de le faire ? François Hollande. Je voterai donc utile, c'est-à-dire pour Hollande dès le premier tour." Même argument pour l'ancien ministre Azouz Begag, un temps passé par le MoDem de François Bayrou, qui indique sur Twitter : "Je voterai Utile-Hollande dimanche, le seul capable de battre Sarkozy le 6 mai."
Reste à savoir si tous ces soutiens venus de la droite joueront en faveur du candidat socialiste. Son conseiller spécial Jean-Marc Ayrault veut y voir un signal positif : "Cela signifie que beaucoup de personnes qui ne sont pas socialistes reconnaissent (...) des qualités d'homme d'Etat à François Hollande." Pas franchement du goût, en revanche, d'Eric Coquerel, conseiller spécial de Jean-Luc Mélenchon. Sur son compte Twitter, il lance : "Vu le nombre de gens de droite qui rallient François Hollande, on sait au moins qui représentera clairement la gauche en cas de deuxième tour Hollande-Mélenchon !"
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