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De l'INA à la Culture, le "recasage" d'Agnès Saal ne passe pas inaperçu

Contrainte à la démission suite au scandale de ses frais de mission, l'ancienne patronne de l'INA n'a pas eu le temps de pointer à Pôle Emploi. Trois semaines après son départ, la voilà recasée au ministère de la Culture, son affectation d'origine, où l'attend un poste de chargée de mission.
Article rédigé par Alice Serrano
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Agnès Saal a démissionné de son poste de présidente de l'INA le 28 avril © Christophe Morin / IP3 / Maxppp)

Pour la discrétion, c'est raté. Démissionnaire de son poste de présidente de l'INA le 28 avril après que France Info eut révélé ses frais de taxi exhorbitants (40.000 euros en dix mois), Agnès Saal a déjà trouvé un autre poste. Et pas n'importe où. Elle a décroché un job de "chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle et de compétences"  au ministère de la Culture, dirigée par Fleur Pellerin, celle qui lui avait demandé de quitter son poste.  Un intitulé fort compliqué, pour un poste de ressources humaines.

Une réintégration très rapide, mais en accord avec le droit de la fonction publique

Officiellement, l'intéressée peut toujours faire l'objet d'une procédure disciplinaire. Une enquête est en cours. Mais les radiations sont rares dans la fonction publique : pour être rayé des listes, il faut soit avoir fait preuve d'une insuffisance professionnelle, soit avoir refusé successivement plusieurs postes tout en étant en disponibilité.

"Il ne faut pas donner l'impression qu'Agnès Saal n'a pas été sanctionnée" , nuance la ministre de la Culture Fleur Pellerin. Interrogée par nos confrères de RTL, elle précise qu'il y a eu "une réelle sanction puisqu'elle était présidente de l'INA, elle est aujourd'hui chargée de mission" .

Ce qui choque pourtant, c'est la rapidité avec laquelle Agnès Saal a pu rebondir. Entre le 28 avril, date de sa démission, et le 21 mai, date de sa réintégration rue de Valois, il s'est écoulé à peine plus de trois semaines. "Ce n'est pas commun" , commente Jean-Luc Touly, juge aux Prud'hommes et auteur de l'ouvrage "Les recasés de la République".

"Ce n'est pas commun" Jean-Luc Touly, auteur de l'ouvrage "Les recasés de la République"
De son côté,  Fleur Pellerin, la ministre de Culture, tente d'apaiser les choses :"je comprends l'émotion que suscite cette réintégration, même si, en réalité, il s'agit uniquement de l'application du droit de la fonction publique" , a-t-elle réagi.

Un cas loin d'être isolé

Un cas pas commun donc, mais loin d'être exceptionnel. On est même "dans une accélération presque exponentielle, notamment sous les présidences Sarkozy et Hollande ", selon Jean-Luc Touly. "Cumul des mandats, conflits d'intérêt, nomination entre copains de la haute fonction publique vers des postes toujours plus importants (...) le recasage est malheureusement un système très français ", conclut-il.

"Le recasage est malheureusement un système très français" Jean-Luc Touly, auteur de l'ouvrage "Les recasés de la République"
 

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