De l'INA à la Culture, le "recasage" d'Agnès Saal ne passe pas inaperçu
Pour la discrétion, c'est raté. Démissionnaire de son poste de présidente de l'INA le 28 avril après que France Info eut révélé ses frais de taxi exhorbitants (40.000 euros en dix mois), Agnès Saal a déjà trouvé un autre poste. Et pas n'importe où. Elle a décroché un job de "chargée de mission sur les questions de gestion prévisionnelle et de compétences" au ministère de la Culture, dirigée par Fleur Pellerin, celle qui lui avait demandé de quitter son poste. Un intitulé fort compliqué, pour un poste de ressources humaines.
Une réintégration très rapide, mais en accord avec le droit de la fonction publique
Officiellement, l'intéressée peut toujours faire l'objet d'une procédure disciplinaire. Une enquête est en cours. Mais les radiations sont rares dans la fonction publique : pour être rayé des listes, il faut soit avoir fait preuve d'une insuffisance professionnelle, soit avoir refusé successivement plusieurs postes tout en étant en disponibilité.
"Il ne faut pas donner l'impression qu'Agnès Saal n'a pas été sanctionnée" , nuance la ministre de la Culture Fleur Pellerin. Interrogée par nos confrères de RTL, elle précise qu'il y a eu "une réelle sanction puisqu'elle était présidente de l'INA, elle est aujourd'hui chargée de mission" .
Ce qui choque pourtant, c'est la rapidité avec laquelle Agnès Saal a pu rebondir. Entre le 28 avril, date de sa démission, et le 21 mai, date de sa réintégration rue de Valois, il s'est écoulé à peine plus de trois semaines. "Ce n'est pas commun" , commente Jean-Luc Touly, juge aux Prud'hommes et auteur de l'ouvrage "Les recasés de la République".
Un cas loin d'être isolé
Un cas pas commun donc, mais loin d'être exceptionnel. On est même "dans une accélération presque exponentielle, notamment sous les présidences Sarkozy et Hollande ", selon Jean-Luc Touly. "Cumul des mandats, conflits d'intérêt, nomination entre copains de la haute fonction publique vers des postes toujours plus importants (...) le recasage est malheureusement un système très français ", conclut-il.
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