Delphine Batho : "En aucun cas je n'ai manqué à la solidarité gouvernementale"
Deux jours après son éviction du gouvernement, Delphine Batho a donné sa version des faits. L'ancienne ministre de l'Ecologie a affirmé qu'"en aucun cas " elle n'avait "manqué de solidarité gouvernemental e", en émettant des critiques sur le budget 2014, comme l'avait indiqué le lendemain Jean-Marc Ayrault.
Ce budget "marque un tournant par rapport à la volonté de mener à bien la transition écologique. Je n'ai pas accepté cela en silence ", a déclaré Delphine Batho, ajoutant que ce budget était le tournant "de la rigueur qui ne dit pas son nom ". Elle a revendiqué le statut de "lanceuse d'alerte ".
"C'est fini, la collégialité au sein du gouvernement"
L'ancienne ministre a détaillé les trois mesures qu'elle avait demandées, jugées "déraisonnables " : "Que le budget de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise et de l'énergie, ndlr) ne soit pas amputé de 80 millions d'euros (...) que la moitié des investissements d'avenir soient consacrés à la transition énergétique, et que la fiscalité verte serve à financer l'écologie et ne soit pas synonyme d'un nouvel impôt de l'austérité qui frapperait les plus modestes ".
Elle a aussi mis en cause les méthodes du Premier ministre, expliquant que pour les arbitrages du budget, il n'y avait plus de "discussion directe " avec les ministres concernés. "Mon éviction est aussi un message à mes ex-collègues pour leur dire que c'est fini, la collégialité au sein du gouvernement ", a-t-elle lancé. "Il n'y a pas eu débat collégial au sein du gouvernement sur les arbitrages budgétaires, comme il n'y en a plus sur tant d'autres sujets ", a-t-elle dénoncé.
Le gouvernement a cédé à "certaines forces économiques" qui "voulaient (sa) tête"
Mais Delphine Batho est aussi allée plus loin, indiquant que le gouvernement avait cédé "à certaines forces économiques ", sur des sujets comme le gaz de schiste ou la réduction de la part du nucléaire en France. "Certaines puissances économiques n'acceptaient pas le niveau d'ambition que je fixais pour la transition énergétique ", a-t-elle indiqué. "Ces forces ne se sont pas cachées de vouloir ma tête, mais si le gouvernement avait été solidaire, elles n'y seraient pas parvenues ", a-t-elle ajouté.
Elle s'en est notamment pris au patron de l'entreprise de tubes en acier Vallourec. "Est-il normal que le patron de l'entreprise Vallourec directement intéressé par l'exploitation des gaz de schiste ait pu annoncer ma marginalisation des semaines à l'avance devant des responsables de son entreprise aux USA ? " a-t-elle demandé.
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