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Dominique Strauss-Kahn reconnaît une "relation inappropriée" et une "faute morale"

Dominique Strauss-Khan était ce soir sur le plateau du journal télévisé de 20H00 de TF1 présenté par Claire Chazal. C’était la première fois que l’ancien patron du FMI s’exprimait publiquement depuis sa spectaculaire arrestation à New York il y a quatre mois. Délivré des charges pénales qui pesaient contre lui aux Etats-Unis, il a livré sa version des affaires.
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" J’ai toujours clamé mon innocence et je suis content ce soir de pouvoir m’exprimer", a dit DSK devant les caméras de TF1. Jusqu’à présent, l’ancien patron du FMI s’était contenté d’un simple communiqué rendu public le 23 août dernier, juste après l’abandon des poursuites pénales contre lui. "Ces derniers mois ont été un cauchemar pour ma famille et moi", avait-il alors réagi.

DSK regrette "une faute morale"

Ce soir, l’ancien directeur du FMI le clame haut et fort : Ce qui s’est passé le 14 mai dernier dans la suite du Sofitel de New York ne comprend "aucun acte délictueux". Il s'agissait d'une "relation inappropriée" mais non tarifée et "sans violence".

Dominique Strauss-Kahn regrette avoir commis une faute, non pas vis à vis de la femme de chambre, mais "vis-à-vis de ma femme, mes enfants, mes amis, mais aussi une faute vis-à-vis des Français ", a-t-il dit. Plus qu'une faiblesse, il parle de "faute morale". "Je n’en suis pas fier, et je la regrette infiniment", a-t-il dit.

"J'ai manqué mon rendez-vous avec les Français"

"J'ai tout perdu dans cette histoire", a-t-il ajouté. "Je
comprends que cela ait choqué, je l'ai payé lourdement je le
paie toujours"... " J'ai manqué mon rendez-vous avec les Français ", a dit l'ex champion de la gauche dans les sondages pour 2012.

"J'ai eu très peur"

"Dans le rapport officiel, il n'y a rien, ni griffure, ni blessure, ni aucune trace de violence, ni sur elle, ni sur moi (...) Nafissatou Diallo a menti sur tout", insiste Dominique Strauss-Kahn. Ce n'est pas lui qui le dit, c'est le rapport du procureur Vance, ou du moins l'interprétation qu'il en fait. Mais ce qui est sûr c'est que les charges contre lui "ont été abandonnées" au pénal. Ce n'est pas lui qui l'a décidé, c'est la justice. Mais une justice américaine qui a aussi été particulièrement violente à son encontre, si l'on en croit ses déclarations. "J’ai eu peur, j’ai eu très peur", explique DSK, qui dit avoir vécu "des attaques terribles".

Interrogé sur le rôle de sa femme Anne Sinclair dans cette épreuve, il parle d'une "femme exceptionnelle" sans laquelle il n'aurait "pas résisté".

DSK piégé ?

Dominique Strauss-Kahn parle aussi de "zones d'ombres" dans le dossier, pointant notamment du doigt le fait que les avocats de son accusatrice aient eu accès à des informations qui, à lui, lui avaient été refusées. "Un piège? C'est possible. Un complot ? Nous verrons", a-t-il déclaré.

Tristane Banon... Presque rien à déclarer

L’affaire Tristane Banon ? Expédiée en deux phrases. Il n’y a eu "aucun acte d’agression, aucune violence", selon DSK qui dénonce "une version imaginaire et calomnieuse" de la part de la romancière qui l’accuse d’avoir tenté de la violer en 2003. Une enquête préliminaire est toujours en cours.

Son rapport aux femmes ? "Des dizaines de mensonges"

"Je comprends que vous abordiez ce point" a dit DSK. Mais le portrait qui a souvent été fait de lui en la matière, il "ne l'aime pas et le récuse". Ponctuant son propos de longs silences, Dominique Strauss-Khan a tenté de gommer son image de séducteur et d'homme usant ou abusant de son pouvoir. "J’ai du respect pour les femmes" a-t-il affirmé.

"Je ne suis candidat à rien"

Interrogé sur ses ambitions politiques, notamment à l'horizon 2012, Dominique Strauss-Kahn a été très clair. "Je voulais être candidat. Tout ça est derrière moi", a-t-il déclaré. Il a ajouté qu'il ne serait "évidemment" pas candidat à la présidentielle de 2012. Et même s'il "souhaite la victoire de la gauche", DSK ne souhaite pas s'immiscer dans la primaire socialiste.
C'est pourtant ce qu'il a fait, non pas en rendant hommage à son "amie" Martine Aubry, qui a été "très présente" au cours des derniers mois, mais en reconnaissant avoir eu un "pacte" de désistement avant mai dernier avec la maire de Lille. Une erreur selon Stéphane Rozès, président de Cap. "Sa seule erreur: avoir prononcé le mot de pacte. Il n'aurait pas dû le faire explicitement. Il n'a pas dû voir à quel point c'était préjudiciable. Ça semble dire que c'est une candidature de substitution. Ce n'est pas une bonne chose", a réagi le politologue.
Dominique Strauss Kahn qui quoi qu'il en soit va "prendre le temps de réfléchir". "Mais toute ma vie a été consacrée à essayer d'être utile au bien public et on verra", a-t-il conclu.

  • Selon un sondage Ifop publié ce matin par le JDD, un tiers des Français attendaient que Dominique Strauss-Kahn s'explique sur ce qui s'est passé le 14 mai dans la suite du Sofitel de New York. 53% des sondés souhaitaient qu'il annonce à la télévision son retrait de la vie politique.

    Cécile Mimaut, Clara Beaudoux avec agences

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