Dossier Karachi : le PS s'engouffre dans la brèche
Au lendemain de la mise en examen de Thierry Gaubert et de la garde à vue prolongée de Nicolas Bazire, deux proches de Nicolas Sarkozy, les socialistes passent à l'offensive évoquant "peut_être l'une des affaires les plus graves de la Ve République".
"C'est en train de devenir une affaire d'Etat politico-financière", a déclaré Pierre Moscovici jeudi sur Canal Plus. "Il faudrait bien que celui, le président de la République, qui plaidait pour une République irréprochable, explique toutes ces affaires qui concernent des intermédiaires, des commissions, des mallettes", a-t-il continué à propos de l'enquête sur le financement de la campagne Balladur en 1995.
Voir l'interview de Pierre Moscovici sur Canal+ lors de la Matinale du 22 septembre:
Le député du Doubs s'est dit "frappé par le halo qui commence à entourer ce pouvoir, entre les Bourgi, les Takkiedine, les Djouhri..."Il y a un climat extrêmement malsain qui est train de se répandre et je ne crois pas que le président de la République puisse dire : tout ça ne me concerne pas, ni de près ni de loin. Il faudra qu'il s'en explique et surtout que la justice fasse son travail librement".
Au même moment, un autre socialiste enfonçait le clou sur une station voisine: "Ça sent mauvais. Il y a quand même des accusations extrêmement précises", a déclaré l'ancien premier ministre socialiste Laurent Fabius sur RMC, avant de noter que "ça se rapproche de ce qu'on appelle dans les journaux 'la Sarkozie'"."J'ai le sentiment que ce quinquennat qui a commencé avec un argent qui ruisselle se finit avec un argent de poubelle", a ajouté ce soutien de Martine Aubry pour la primaire du PS.
Voir l'interview de Laurent Fabius sur BFMTV le 22 septembre:
La veille, la maire de Lille a estimé que ce dossier était "peut-être l'une des affaires les plus graves de la Ve République".
Le contexte
Les deux hommes entendus par la justice mercredi sont suspectés d'avoir participé au financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, grâce à des commissions versées lors de contrats d'armement. Il s'agit de la vente de trois sous-marins au Pakistan pour 825 millions d'euros, dont 83 millions d'euros payés au titre de commissions et de la cession de frégates à l'Arabie Saoudite, contrat baptisé Sawari 2.
Si à ce stade aucune preuve ne confirme ses soupçons, plusieurs éléments donnent corps à l'hypothèse notamment la mention au compte de campagne d'Edouard Balladur d'un dépôt de 15 millions de francs en espèce, par coupures de 500 francs.
Ministre du Budget d'Edouard Balladur, Nicolas Sarkozy était aussi à l'époque, porte-parole de sa campagne pour l'élection présidentielle.
Thierry Gaubert, Nicolas Bazire : deux proches du chef de l'Etat
Mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux mercredi soir par le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, Thierry Gaubert est un ancien conseiller de l'actuel président de la République lorsqu'il était ministre du Budget. Leurs relations remontent aux années 1980 à la mairie de Neuilly et se poursuit lors des affectations ministérielles du Nicolas Sarkozy au Budget, où il est alors chargé de mission, puis à la communication dont il est directeur adjoint de cabinet.
Nicolas Bazire, l'autre homme soupçonné par la justice est aujourd'hui directeur général du Groupe Arnault. Il est passé par Sciences-Po et l'ENA avant d'être nommé directeur de cabinet d'Edouard Balladur de 1993 à 1995. C'est à cette période qu'il fait la connaissance avec l'intermédiaire Ziad Takieddine mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux dans l'affaire de la vente de sous-marins au Pakistan.
Ami intime du chef de l'Etat, Nicolas Bazire fut son témoin de mariage avec Carla Bruni.
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