Du "monopole du coeur" aux "colères saines", 28 ans de débats élyséens

Premier round : Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand (1h40)

Nous sommes en 1974, au studio 101 de la Maison de la Radio, et le journaliste Alain Duhamel a réussi à convaincre les deux candidats de se faire face devant les caméras. Le premier débat télévisé français se jouera moins sur le fond que sur la répartie des deux adversaires. Un terrain où Valéry Giscard d'Estaing excelle, lançant à François Mitterrand le désormais célèbre "vous n'avez pas le monopole du coeur" .

Après le débat, François Mitterrand quittera le studio en jugeant sa prestation catastrophique. Arrivé en tête au premier tour, il perdra pourtant les élections au second.

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Deuxième round : François Mitterrand et Valéry Giscard d'Estaing (2h18)

En 1981, François Mitterrand a l'occasion de prendre sa revanche. Mais pas question de laisser ce débat télévisé porter atteinte à son score dans les sondages. Le candidat socialiste va profiter d'une nouveauté : les deux adversaires ont le droit d'être assistés du réalisateur de leur choix. Le sien, Serge Moati, a pour consigne de rendre le débat aussi ennuyeux que possible. François Mitterrand ne résistera pas à une petite vendetta personnelle : qualifié "d'homme du passé" en 1974" , il rendra la pareille au président sortant.

François Mitterrand l'emportera finalement avec 51,76% des suffrages.

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Troisième round : François Mitterrand et Jacques Chirac (2h16)

Cette fois, les deux candidats se connaissent d'autant mieux qu'ils ont travaillé ensemble. Jacques Chirac est le Premier ministre du président Mitterrand depuis plus de deux ans. La situation, inédite, donnera lieu à un échange glacial entre les deux hommes, François Mitterrand s'obstinant à appeler son adversaire "Monsieur le Premier ministre" .

Jacques Chirac peine à sortir de ce rapport de subordination suggéré par François Mitterrand. Ce dernier sera réélu avec plus de 54% des voix.

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Quatrième round : Jacques Chirac et Lionel Jospin (2h22)

Le duel de 1995 est une surprise. Après avoir caracolé en tête des sondages pendant plusieurs semaines, le Premier ministre Édouard Balladur arrive en troisième position. Le second tour se jouera donc entre Jacques Chirac, candidat du RPR, et Lionel Jospin, investi par le PS au détriment d'Henri Emmanuelli. Le débat est nettement moins mélodramatique que les précédents. À l'exception de cette boutade de Lionel Jospin sur sa proposition de passer au quinquennat.

Déjà en tête au premier tour, et bénéficiant des voix laissées par Édouard Balladur, Jacques Chirac s'impose finalement avec près de 53% des suffrages.

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Forfait : Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen

Dans la mémoire collective, on se souvient souvent mieux du débat entre les deux présidentiables que du reste de l'élection. En 2002, c'est une date qui est restée dans les mémoires, celle du 21 avril, et un visage, celui de Jean-Marie Le Pen, compétiteur surprise du président sortant Jacques Chirac. Ce dernier refuse officiellement, quelques jours plus tard, de débattre avec le président du Front national, et s'en justifie.

Cet abandon (temporaire) du traditionnel débat jouera en faveur de Jacques Chirac, réélu sans surprise avec 82,21% des voix.

Cinquième round : Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal (2h40)

C'est (pour l'instant) le débat télévisé le plus long, et sans doute le plus disputé de l'histoire de la Ve République. Les deux candidats s'affrontent véritablement, donnant du fil à retordre aux deux journalistes Patrick Poivre d'Arvor et Arlette Chabot. Ségolène Royal semble la plus combattive, Nicolas Sarkozy veut donner une image plus apaisée. Quand la candidate socialiste s'emporte sur la question du handicap à l'école, son adversaire estime qu'elle "perd ses nerfs" ; elle réplique qu'il y a "des colères très saines et très utiles" .

Cette colère de Ségolène Royal fera polémique, certains considérant qu'il s'agit d'un moment fort de ce débat, d'autres qu'elle a desservi la candidate. Quelques jours après, Nicolas Sarkozy remporte la présidentielle avec 53% des suffrages.

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