Affaire Benalla : "Cela m'étonne qu'on ait pu placer la sécurité d'un président dans un circuit parallèle"
Alain Le Caro, fondateur du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR) s'étonne, samedi, sur franceinfo, qu'Alexandre Benalla ait pu s'immiscer dans les services officiels de sécurité d'Emmanuel Macron.
Placé en garde à vue pour des violences sur un manifestant le 1er mai dernier, Alexandre Benalla, chargé de mission auprès du chef de cabinet d'Emmanuel Macron, s'est vu confier des missions de service d'ordre et de sécurité auprès du président. "Cela m'étonne qu'on ait pu placer la sécurité d'un président dans un circuit parallèle", a commenté samedi 21 juillet sur franceinfo Alain Le Caro, fondateur du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR) en 1983.
franceinfo : Vous avez dirigé le GSPR sous François Mitterrand jusqu'en 1988, avez-vous eu affaire à des conseillers du président pour des questions de sécurité comme semblait le faire Alexandre Benalla ?
Alain Le Caro : Non, heureusement que non ! C'était déjà assez compliqué, car nous devions nous installer au sein du service des voyages officiels, qui était en place depuis plusieurs présidents. Nous avions comme mission d'assurer la sécurité personnelle du président avec un groupe issu du GIGN. Le GIGN avait été choisi par souci d'efficacité dans le cadre de la lutte antiterroriste, mais aussi pour la confidentialité et la discrétion à avoir autour de la deuxième mission qui nous était confiée, à savoir la protection d'un secret d'État - la deuxième famille du président et sa maladie. Heureusement, nous n'avons pas eu affaire à ce genre de phénomène, qui aurait pu venir s'immiscer dans l'exécution de nos missions.
Est-ce que cela vous surprend qu'un personnage comme Alexandre Benalla se soit retrouvé dans cette situation-là ?
Tout à fait. Cela m'étonne beaucoup qu'on ait pu placer la sécurité d'un président dans un circuit parallèle, qui vient s'immiscer dans les services officiels de sécurité, que ce soit la police ou la gendarmerie. Ce qui m'étonne, c'est qu'il puisse avoir eu à connaître des décisions concernant la sécurité du président. On peut très bien concevoir qu'il connaisse l'organisation des voyages, puisqu'il était adjoint au chef de cabinet et qu'à ce titre, il pouvait avoir à connaître des dispositifs de sécurité. Mais jamais, en aucun cas, devoir s'immiscer dans l'organisation-même de la sécurité.
Après votre départ, savez-vous s'il y a eu d'autres volontés de l'Élysée de reprendre la main sur l'action du GSPR, ou est-ce une première ?
Il y a très certainement eu des volontés de reprendre la main sur l'action du GSPR et on a eu des difficultés à résister à toute la reprise de la sécurité personnelle du président par la police, à qui on avait enlevé cette mission. Légitimement, ils ont essayé de la reconquérir. La sécurité qui dépendait des services des voyages officiels de l'époque était reliée au ministère de l'Intérieur. Et nous au GSPR, nous ne devions rendre des comptes qu'au président en personne. On n'avait pas à rendre compte ni à notre hiérarchie, ni au ministère de l'Intérieur. Le GSPR a ensuite évolué et intégré à la fois des membres du GIGN et des éléments de la police nationale. Ils sont retombés sous l'égide du ministère de l'Intérieur.
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