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Passeports diplomatiques, conversations avec Emmanuel Macron : comment l'Elysée et le Quai d'Orsay répliquent à Benalla

L'affaire Benalla n'en finit pas de rebondir. Après les déclarations dans la presse de l'ancien chargé de mission, l'exécutif réplique. 

Article rédigé par franceinfo
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Alexandre Benalla, devant la commission d'enquête du Sénat, le 19 septembre 2018.  (ALAIN JOCARD / AFP)

Alexandre Benalla et l'entourage du président de la République se livrent à un bras de fer par communiqués et déclarations interposés. Au cœur de ces échanges, deux passeports diplomatiques utilisés par l'ancien chargé de mission après son éviction du palais présidentiel, ainsi que des échanges "réguliers" avec Emmanuel Macron. Après les sorties médiatiques d'Alexandre Benalla dans le JDD et Mediapart pour défendre sa version, l'Elysée et le Quai d'Orsay contre-attaquent, lundi 31 décembre.

L'Elysée accuse Benalla de diffuser des "contrevérités"

La mise au point se veut claire. L'Elysée a accusé, lundi, Alexandre Benalla d'entretenir "tout un faisceau de contrevérités et d'approximations". La présidence de la République dément d'abord catégoriquement avoir détenu les deux passeports diplomatiques et les avoir confiés à l'ancien chargé de mission en octobre dernier, a appris franceinfo. Des affirmations qui contredisent la version d'Alexandre Benalla tel qu'il l'a exposée à Mediapart. Il affirme qu'un "salarié" de l'Elysée lui a remis les deux documents "à l’angle de l’avenue Gabriel et de la rue de l’Elysée", en lui conseillant de ne pas faire "de bêtises avec". 

L'Elysée ne commente pas les échanges avec le président de la République via la messagerie Telegram évoqués par Alexandre Benalla. Le palais présidentiel réfute en revanche tout rôle confié à l'ex-chargé de mission : "Personne (...) ne l’a jamais chargé d’une quelconque mission pour la France... et personne n’a jamais reçu de rapport sur ses 'activités' africaines. Il nous a juste informés le 20 décembre de son déplacement au Tchad qui avait déjà eu lieu, sans doute du fait des rumeurs de presse insistantes", explique à franceinfo l'entourage du président.

Sur Twitter, le directeur de la communication de l'Elysée, Sylvain Fort, cité par Fabrice Arfi de Mediapart, ne dément pas les échanges entre Benalla et Macron: "Rien n’interdit à AB [Alexandre Benalla] d’écrire au PR [président de la République], que celui-ci a pu une fois ou deux accuser réception".

"Je ne comprends pas toute cette histoire, ils me font passer pour un escroc", a réagi Alexandre Benalla sur BFMTV lundi, affirmant cette fois que son dernier contact avec Emmanuel Macron "date du 24 décembre" 2018.

Le Quai d'Orsay contredit la version de Benalla

Presque simultanément, le ministère des Affaires étrangères monte au créneau pour lui aussi démentir les dires d'Alexandre Benalla. Dans un communiqué diffusé lundi après-midi, le Quai d'Orsay affirme que le chargé de mission "n’a bénéficié d’aucune indulgence particulière" de la part de ses services. Ainsi, "un premier courrier recommandé avec accusé de réception a été envoyé le 26 juillet 2018, puis à une autre adresse dans l’Eure". "Ce courrier a bien été réceptionné par un mandataire de M. Benalla le 6 août 2018. M Benalla ne peut donc prétendre qu’il n’a pas été instruit, de façon toute particulière, de restituer ces documents", détaille le communiqué. Un second courrier a été envoyé le 10 septembre à la même adresse dans l'Eure, mais, cette fois-ci, Alexandre Benalla n’a pas retiré ni fait retirer ce document qui a été renvoyé à l’administration par la Poste. 

En l'absence de restitution des deux passeports, une procédure d'invalidation a donc été lancée le 8 novembre. "Une telle situation justifiant une annulation n’avait pas de précédent, s’agissant des passeports diplomatiques", précise le Quai d'Orsay, ajoutant que "par conséquent, l’invalidation n’a pu être concrètement traduite immédiatement dans les systèmes d’information, pour des raisons purement techniques".

Enfin, Alexandre Benalla affirme à Mediapart que "quand vous voyagez à l’étranger avec un passeport diplomatique, l’ambassade de France est au courant que vous arrivez". Une affirmation qualifiée de "purement fantaisiste" par le Quai d'Orsay. "Aucune obligation, ni aucun système n’existe à cette fin", balaie le ministère.

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