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Passeports diplomatiques : "Le Quai d'Orsay aurait dû envoyer un huissier à Alexandre Benalla", estime le député RN Gilbert Collard

Le député Rassemblement national du Gard a réagi sur franceinfo samedi à l'annonce du ministre des Affaires étrangères qui va saisir le procureur de la République après des informations de presse sur l'utilisation d'un passeport diplomatique par l'ancien conseiller de l'Elysée Alexandre Benalla. 

Article rédigé par franceinfo
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Le député RN Gilbert Collard, en octobre 2017.  (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

"Ce que le Quai d'Orsay aurait dû faire, c'est envoyer un huissier à Alexandre Benalla en lui faisant sommation d'avoir à restituer les passeports", a indiqué samedi 29 décembre sur franceinfo Gilbert Collard, député Rassemblement national du Gard. Selon les révélations de Médiapart, l'ex-conseiller de l'Élysée a continué à utiliser des passeports diplomatiques à la suite de son licenciement, alors que le Quai d'Orsay avait réclamé leur restitution par deux fois. La ministère des Affaires étrangères a annoncé qu'il va saisir le procureur de la République.

"Je pense qu'on a à faire à un personnage qui est au centre d'un mécanisme de petites combines", a affirmé le député, parlant même d'un "valet de comédie", d'une sorte de "Scapin moderne" qui aurait "rendu toutes sortes de services inavouables". "Et ça va se savoir, car c'est lui-même qui va le dire", a-t-il prédit.

franceinfo : Qu'est-ce qui vous surprend le plus ?

Gilbert Collard : Ce qui me surprend, et ça m'étonne que ça ne surprenne personne, c'est le fait que [Alexandre Benalla] ait eu des passeports diplomatiques. Pourquoi ? Il accompagnait [Emmanuel Macron] à quel titre ? Accordez-moi qu'on peut légitimement se poser la question. Je ne dis pas que j'ai raison, mais je crois qu'il est utile de se la poser. À supposer qu'une mission à laquelle serait attachée un droit de passeport diplomatique était terminée, cinq mois après, le Quai d'Orsay n'avait pas récupéré les passeports. Je me permets de faire observer que la pratique, quand on veut récupérer un document, c'est de faire une sommation interpellative par huissier avec sommation d'avoir à remettre les documents. Ce que le Quai d'Orsay aurait dû fairen, c'est envoyer un huissier à Alexandre Benalla en lui faisant sommation d'avoir à restituer les passeports. Ça coûte pour un quidam 350€. Le Quai d'Orsay aurait pu faire cette dépense faramineuse. Pourquoi cela n'a-t-il pas été fait ? Je ne dis pas que poser les questions, c'est faire le procès. Je dis que dans ce magma de combines, ce sont des questions que l'on a le droit de se poser.

Alexandre Benalla affirme continuer d'avoir des relations avec certaines personnes au sein de l'Élysée.

Je pense qu'on a à faire à un personnage qui est au centre d'un mécanisme de petits services, de petites combines, de petites affaires, une espèce de factotum des intérêts privés, parfois publics peut-être, du président. Que ce "valet de comédie", cette espèce de "Scapin moderne" - et c'est lui faire beaucoup d'honneur que de le dire - a rendu toutes sortes de services tout à fait inavouables et ça va se savoir, car c'est lui-même qui va le dire. Parce que les avantages dont il profitait il n'en profite plus, et puis, il va faire comme tous ceux qui sont partis, il va balancer ! Ça nous met au coeur de tout un système de petits avantages. Ce qu'un témoin avait dit lors de la commission d'enquête, c'est que c'est du copinage, des petits avantages, tout le monde se tient, on tient tout le monde, on rend des services, c'est le contraire de la République et de la démocratie.

Est-ce que vous souhaitez qu'il soit une nouvelle fois entendu par la commission d'enquête du Sénat ?

Oui, parce qu'il y a des questions à lui poser. Vous savez, des questions en matière de justice paraissent toujours un peu banales, un peu évidentes, mais c'est quand on les pose qu'on comprend mieux. Première question : pourquoi avait-il un passeport diplomatique ? Il va nous répondre, peut-être. La question vaut le coup d'être posée. Y a-t-il des documents, un dossier de référence ? Et ensuite, cinq mois après [lui avoir réclamé] les passeports, il ne les avait toujours pas restitués, pourquoi on n'a pas envoyé d'huissier pour les récupérer ? A supposer que ce ne soit pas un courrier de convenance... Parce que ça existe aussi, c'est comme la plainte déposée entre les mains du procureur, on nous prend pour des blaireaux ! Le procureur, il y en a de totalement indépendant, j'en connais, de courageux, mais il y en a d'autres qui sont complètement soumis. Alors, à quel procureur a-t-on à faire ? La progression hiérarchique d'un procureur dépend du pouvoir. Il n'y a qu'en France que l'on accepte ça. De toute manière, la question qui se pose c'est de savoir quelle infraction Alexandre Benalla aurait commise. S'il n'y a pas eu les procédures de retrait officiel de passeport, où est l'infraction ? Si on a à faire à un parquet diligent et à un juge d'instruction acharné à son métier, on va peut-être dérouler la pelote et savoir pourquoi il avait ce passeport, quel usage il en faisait, quels intérêts il servait, en ramification avec l'Élysée ou des proches de l'Élysée. C'est déjà une affaire d'État, mais ça peut devenir une affaire des combines d'État.

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