Boycott des Insoumis, coût... Ce qu'il faut savoir de la deuxième réunion du Congrès par Emmanuel Macron
Le président français Emmanuel Macron s'exprime pour la deuxième fois de son quinquennat devant les députés et les sénateurs réunis en Congrès, lundi, à Versailles. Il devrait évoquer les orientations de sa politique lors de la prochaine année et répondre aux critiques sur ses mesures sociales. Franceinfo vous en dit plus.
Emmanuel Macron convoque les deux chambres parlementaires, lundi 9 juillet, à Versailles (Yvelines), pour la deuxième fois depuis son élection en mai 2017. Contesté jusque dans son propre parti pour le manque de "justice sociale" dans sa politique, le chef de l'Etat tiendra un discours afin de tracer "les grandes lignes" de sa ligne économique et sociale. Les groupes de La France insoumise et des élus de droite ont d'ores et déjà annoncé qu'ils boycotteraient la réunion.
Lors de la première réunion du Congrès de son quinquennat, le 3 juillet 2017, le chef de l'Etat avait présenté les grandes orientations du début de son mandat. Il avait alors promis de revenir "tous les ans" devant le Congrès. Franceinfo vous explique ce qu'il faut savoir sur cette nouvelle convocation des parlementaires devant le Congrès.
Comment va se dérouler le discours ?
Prévu à 15 heures, le discours d'Emmanuel Macron devrait durer environ une heure, d'après l'Elysée. L'année dernière, le président avait pris la parole pendant une heure et demie. Députés et sénateurs seront convoyés en bus jusqu'à l'hémicycle tapissé de rouge, dans une salle du château de Versailles. Le président de la République fera son entrée au milieu d'une haie de gardes républicains : une mise en scène déjà utilisée l'année dernière.
Que va annoncer Emmanuel Macron ?
Selon l'Élysée, le discours du président va aborder "les grandes lignes" des chantiers des 12 prochains mois pour mener à bien "la transformation du pays", de la réforme de l'audiovisuel aux retraites. Emmanuel Macron "tracera les grandes lignes de son action pour l'année à venir et la mettra en perspective, mais ce discours n'a pas vocation à entrer dans le détail d'annonces", a indiqué la présidence.
Pas de "catalogue de mesures", comme le souligne le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, dans Ouest-France, mais une précision du "sens de son action". "Face à la dictature de l'immédiateté, le risque est de perdre le sens général des réformes engagées alors que l'action politique s'inscrit dans le temps long", a-t-il encore précisé dans les colonnes du quotidien.
Le chef de l'État ne devrait donc pas évoquer les détails du plan pauvreté, reporté à la rentrée, le temps d'effectuer des arbitrages budgétaires. Il pourrait cependant tenter de répondre aux préoccupations de l'opinion, alors que sa cote de popularité connaît quelques remous. Ainsi, un sondage Odoxa-Dentsu-Consulting pour franceinfo, publié jeudi dernier, se montre particulièrement sévère à l'égard de l'action présidentielle : près de trois quarts des Français interrogés par l'étude (71%) estiment que la politique d'Emmanuel Macron est "injuste" . De plus, 65% des sondés jugent "inefficaces" les mesures prises par le président.
Qu'en pensent les parlementaires ?
Le retour de cette réunion du Congrès, instituée par la réforme constitutionnelle de 2008 voulue par Nicolas Sarkozy, fait débat au sein des adversaires politiques d'Emmanuel Macron. Interrogé sur le sujet, dimanche, Jean-Luc Mélenchon n'a pas mâché ses mots sur Europe 1 : "C'est tous les ans que nous sommes convoqués à venir admirer sa splendeur, Macron Ier, qui nous fait un discours. (...) Comme tout le reste du décor de Versailles, c'est du carton-pâte, c'est du faux marbre et là, ça va être de la fausse solennité."
Pour le député Les Républicains (LR) Christian Jacob, la réunion du Congrès, instituée par la réforme constitutionnelle de 2008 voulue par Nicolas Sarkozy, "c'est utile, lorsqu'on y vient pour quelque chose". "Ca va être : 'ma vie, mon œuvre'", a-t-il déclaré au micro du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.
Qui assistera au discours ?
Tous les députés et sénateurs sont conviés, mais plusieurs parlementaires ne se rendront pas à Versailles pour écouter le président. Comme l'an dernier, les députés de La France insoumise ont décidé de boycotter l'invitation, refusant d'entendre "le monarque", sans débat possible. Le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a annoncé que les députés de son groupe organiseront à cette occasion une "manifestation en ligne". Les internautes seront invités à publier des tweets avec le hashtag "#MacronMonarc".
Quelques députés des Républicains, tels que Pierre Cordier (Ardennes) ou Julien Dive (Aisne) ne s'y rendront pas non plus. Ils critiquent le coût et l'utilité du discours. Les chefs de file des Républicains de l'Assemblée et du Sénat ont par ailleurs refusé l'invitation à déjeuner d'Emmanuel Macron juste avant son discours. Le président du groupe communiste à l'Assemblée, André Chassaigne, ne participera pas non plus au déjeuner avec le président, tout comme son homologue au Sénat, Eliane Assassi (Seine-Saint-Denis). Un choix que la députée Aurore Bergé (LREM) a dénoncé, les qualifiant de "postures".
A l'inverse des députés de La France insoumise, les parlementaires communistes ont confirmé leur présence lors du discours du président, alors qu'ils avaient boycotté la séance l'année dernière. Ils s'y rendront cette année pour "démonter le discours du président de la République" et montrer "à quel point sa première année de pouvoir est une entreprise de démolition", a expliqué André Chassaigne, président du groupe de la gauche démocrate et républicaine à l'Assemblée, sur franceinfo.
Combien coûte la réunion ?
La facture pourrait s'élever à 286 000 euros, selon les calculs du journal Le Parisien. En 2017, la même réunion avait coûté 7 000 euros de plus, à 293 000 euros. L'argent dépensé dans l'événement est notamment l'une des raisons évoquées par certains parlementaires pour ne pas se rendre au Congrès. "C'est juste de la communication politique à 500 000 euros, par respect je n'irai pas", a déclaré le député Les Républicains de Moselle, Fabien Di Filippo.
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