Emmanuel Macron veut s'appuyer sur les Français "patriotes et européens" pour la fin de son quinquennat
Dans un long entretien à "L'Express", le chef de l'Etat n'annonce pas de nouvelles réformes, mais donne sa "vision complexe" de la France. Et confie se sentir proche des idées de Jean-Pierre Chevènement, ténor du souverainisme de gauche.
Il esquisse sa stratégie pour la fin du quinquennat voire au-delà. Emmanuel Macron souhaite s'appuyer sur les Français "patriotes et européens" pour "réconcilier" par "l'action" un pays miné par des "divisions" qui persistent, trois ans et demi après son entrée à l'Elysée.
Dans un entretien fleuve de dix pages à L'Express (article payant), publié mercredi 23 décembre, le chef de l'Etat n'annonce pas de nouvelles réformes. Mais il donne sa "vision complexe" de la France, ce "pays très politique, perclus de passions contraires" et peuplé de "Gaulois réfractaires" dans lesquels il s'inclut.
Elite "mondialisée et nomadisée"
Malgré la succession de crises, dont celle des "gilets jaunes", ayant rythmé ses trois premières années à l'Elysée, "je ne m'avoue pas vaincu", affirme Emmanuel Macron. Se projetant vers la présidentielle de 2022, pour laquelle il n'a pas encore dit s'il serait candidat, il avance un nouveau slogan : "Nous, Français", qu'il présente comme "un principe d'action" pour "aujourd'hui et demain".
Les Français ont, selon lui, la "volonté farouche, absolue" de "reprendre le contrôle (...) de la France comme nation". Et de "retrouver la force et le sens d'une souveraineté qui ne soit ni repli ni conflictualité". Celle-ci doit, plus que jamais, "s'appuyer sur une autonomie stratégique européenne indispensable", car l'UE est "un formidable outil de reprise de contrôle de notre destin économique, technologique, militaire, culturel", selon lui.
Il parie sur les Français "patriotes et européens", qui sont "de plus en plus nombreux". Mais, regrette-t-il, "ceux qui veulent relever le gant, qui croient en la grandeur, n'ont jamais été la majorité" en France, alors que "le camp de la défaite, des corporatistes, des égoïstes a toujours été très fort". Sans citer de noms, il dénonce ainsi ces "intellectuels" qui "n'ont pas su penser un avenir français" et "l'élite économique" qui s'est "mondialisée et nomadisée".
"Je n'ai jamais été un multiculturaliste"
Fidèle au "en même temps" de sa campagne de 2017, Emmanuel Macron ne fait, dans l'entretien, aucune allusion au clivage droite-gauche. Mais il salue à la fois "l'intuition" de Nicolas Sarkozy lorsqu'il a lancé "il y a dix ans" un débat sur "l'identité française", et celle de François Mitterrand pour avoir promu le "rêve européen".
"Ma matrice intellectuelle et mon parcours doivent beaucoup à Jean-Pierre Chevènement", ténor des souverainistes de gauche, précise-t-il. Emmanuel Macron regrette aussi d'avoir été présenté comme "un multiculturaliste", "ce que je n'ai jamais été", et "caricaturé" en promoteur exclusif de la "start-up nation".
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