Guerre en Ukraine, pénurie de carburant, manifestations en Iran... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron dans "L'Evénement" sur France 2
Le chef de l'Etat a promis à l'Ukraine la livraison de systèmes anti-aériens. Sur la pénurie de carburant en France, il a appelé les syndicats et les entreprises pétrolières à des efforts pour lever les blocages.
Sa parole était attendue au sujet de nombreuses crises. Emmanuel Macron était l'invité du premier numéro de "L'Evénement", la nouvelle émission politique de France 2, mercredi 12 octobre. Il a répondu aux questions de la journaliste Caroline Roux.
>> REPLAY : retrouvez l'interview d'Emmanuel Macron dans "L'Evénement" sur France 2
L'interview a été consacrée à l'actualité internationale, mais a permis d'entendre le chef de l'Etat sur le sujet brûlant de la pénurie de carburant. Le chef de l'Etat sera aussi l'invité de la deuxième édition, le 26 octobre, pour évoquer cette fois la politique intérieure française. On vous résume ses principales déclarations sur la politique internationale.
Une volonté de continuer à parler à Vladimir Poutine
"A chaque fois que ce sera nécessaire, je parlerai à Vladimir Poutine" : Emmanuel Macron a balayé les critiques au sujet de ses entretiens téléphoniques avec le président russe. Volodymyr Zelensky, notamment, lui reproche d'accorder une légitimité au responsable de l'invasion de l'Ukraine.
Le président de la République estime que ce dialogue reste nécessaire dans l'espoir d'un retour de la paix. "A un moment donné, j'espère le plus tôt possible, il faudra que toutes les parties prenantes reviennent à une table de discussions", estime Emmanuel Macron. Des négociations exclues par la Russie, mais aussi par l'Ukraine. "Négocier, ça ne veut pas dire renoncer", a lancé le chef de l'Etat à l'adresse des Ukrainiens, fixant comme objectif "le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine". Un peu plus tôt, il avait souligné que Kiev souhaitait le retour "aux frontières de 1991", incluant l'intégralité du Donbass et la Crimée, et pas simplement un retour à la situation à la veille de l'invasion de février dernier.
L'annonce de l'envoi de systèmes de défense anti-aériens après les récentes frappes russes
Après la salve de missiles russes qui a touché plusieurs grandes villes du pays, dont Kiev, lundi, Volodymyr Zelensky a demandé l'aide de ses soutiens pour créer un "bouclier" au-dessus de l'Ukraine. Emmanuel Macron y a répondu, mercredi soir, comme l'avaient déjà fait l'Allemagne et les Etats-Unis. La France livrera à Kiev "des radars et des systèmes avec des missiles anti-aériens", "dans les prochaines semaines", a assuré le chef de l'Etat. Ils serviront "en particulier pour les protéger des attaques de drones et des attaques de missiles". La France avait déjà livré des missiles anti-aériens à l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe.
Emmanuel Macron a également confirmé l'annonce, faite début octobre, de la livraison de six canons d'artillerie Caesar supplémentaires, prélevés sur une commande destinée au Danemark. Ce qui porterait à 24 le nombre de ces canons fournis à l'armée ukrainienne. Le président de la République a par ailleurs répondu aux critiques sur la faible quantité d'armes envoyées par la France en Ukraine, en comparaison à d'autres Etats comme la Norvège. "Je suis obligé d'en garder certaines pour nous-mêmes, pour nous protéger ou protéger le flanc Est [de l'Otan]", a-t-il justifié, rappelant notamment que Paris vient de renforcer l'arsenal posté en Roumanie.
Face à la pénurie de carburants, un appel à la "responsabilité" des syndicats et des entreprises
Les stations-service pourront à nouveau répondre à la demande de carburants "dans le courant de la semaine qui vient", a estimé Emmanuel Macron, au lendemain de l'annonce par le gouvernement de la réquisition d'employés pour rouvrir certains dépôts bloqués par une grève. La crise devrait se conclure dans "sept à dix jours", a précisé à France Télévisions l'entourage du chef de l'Etat. Sur le plateau de "L'Evénement", celui-ci a dit avoir "une pensée pour l'ensemble de nos compatriotes qui font des queues au milieu de la nuit pour trouver de l'essence".
Le président de la République a critiqué l'attitude des syndicats à l'origine du mouvement social. "Que la CGT permette au pays de fonctionner", a-t-il répondu à l'annonce du dépôt par cette dernière d'un recours en justice contre les réquisitions. "Je suis pour la négociation, pas pour le blocage."
Emmanuel Macron a lancé "un appel à la responsabilité" à la fois "aux salariés et aux syndicats qui les représentent" mais aussi "aux dirigeants de ces entreprises", dont il a rappelé qu'elles avaient fait des profits très élevés à la faveur de la crise énergétique. "On n'arrive pas à ces situations quand il n'y a qu'un côté. C'est important que la direction [de Total] se remette autour de la table", tout comme les syndicats.
Le président de la République n'a pas fait d'annonces, et il a défendu le timing de l'action du gouvernement. Il n'aurait pas été possible d'éviter les pénuries en décidant de réquisitionner les employés dès le début des grèves, estime-t-il, car les négociations d'entreprise n'avaient pas abouti : "Vous auriez dit 'vous empêchez le dialogue social de se faire'. (...) On ne peut pas se substituer à tout le monde". Les réquisitions se limitent d'ailleurs, pour l'instant, aux sites d'Esso-ExxonMobil, car un accord a été trouvé entre la direction de l'entreprise et une partie des syndicats. Ce qui n'est pas le cas chez Total. Dans cette entreprise, "si le dialogue social n'aboutit pas dans les prochaines heures, nous réquisitionnerons", a-t-il cependant assuré.
Un soutien aux manifestants en Iran
"De manière très claire, la France condamne les répressions aujourd'hui menées par le régime iranien et nous nous tenons aux côtés de ces femmes" qui manifestent depuis septembre après la mort de la jeune Mahsa Amini, a affirmé Emmanuel Macron. Il a déclaré "son admiration" pour les manifestantes qui contestent l'obligation du port du voile et l'emprise de la police des mœurs.
La France ne peut pas intervenir en leur faveur, estime-t-il cependant : "On ne fait pas le destin des peuples à leur place. (...) Aujourd'hui, ce qui se passe en Iran, il faut le défendre, le dire, le soutenir. Nous ne pouvons pas nous y substituer."
Emmanuel Macron a justifié avoir serré la main de son homologue iranien Ebrahim Raïssi le 20 septembre lors d'un sommet de l'ONU à New York : "La diplomatie, c'est accepter de parler avec des gens qui ne partagent pas vos valeurs, qui ne partagent pas vos principes, avec lesquels vous n'êtes pas d'accord".
La promesse de "ne pas lâcher" l'Arménie
Emmanuel Macron a également été interrogé sur les nouveaux affrontements meurtriers, en septembre, à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. "Nous ne lâcherons pas les Arméniennes et les Arméniens", a-t-il promis, se félicitant d'avoir participé à des négociations entre les dirigeants des deux pays à Prague.
Il a accusé la Russie, dont les soldats déployés sur place n'ont rien empêché, d'œuvrer contre l'Arménie : "Elle a manifestement joué le jeu de l'Azerbaïdjan, avec une complicité turque", estime le chef de l'Etat. "Ce qui se passe là, c'est une manœuvre de déstabilisation de la Russie qui, dans le Caucase, cherche à créer le désordre pour tous nous affaiblir et nous diviser".
Le fait que plusieurs pays de l'UE achètent du gaz à l'Azerbaïdjan ne change rien au soutien apporté à l'Arménie, a assuré Emmanuel Macron : "Nos valeurs, nos principes, ne s'achètent pas ni à coups de gaz, ni à coups de pétrole."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.