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Ira, ira pas : qui sont les parlementaires qui boycottent le Congrès de Versailles ?

Emmanuel Macron s'exprime pour la deuxième fois de son mandat devant les députés et sénateurs réunis en Congrès, lundi, à Versailles. Mais certains élus de l'opposition ont décidé de boycotter l'événement.

Article rédigé par franceinfo
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Les députés et sénateurs réunis en Congrès à Versailles, le 3 juillet 2017.  (ERIC FEFERBERG / AFP)

Certaines chaises resteront vides face à Emmanuel Macron. De nombreux parlementaires ont en effet décidé de boycotter le Congrès, convoqué par le chef de l'Etat dans le très solennel château de Versailles, lundi 9 juillet. Comme l'année précédente, Emmanuel Macron prononcera un discours devant les sénateurs et députés pour tracer "les grandes lignes" de sa politique économique et sociale. 

Décidés à dénoncer ce qu'ils estiment être un exercice de communication destiné à redorer le blason du chef de l'Etat, plusieurs élus n'assisteront pas à l'évènement. D'autres ont seulement annoncé qu'ils ne se rendraient pas au déjeuner prévu avant la prise de parole d'Emmanuel Macron. Franceinfo fait le point sur les présents et les absents.  

Ceux qui viendront malgré leur opposition à Emmanuel Macron

• Les parlementaires communistes ne boycotteront pas le Congrès, contrairement à l'année dernière. Les communistes souhaitent néanmoins profiter de l'occasion pour dénoncer "l'hyper-présidentialisation" qui "s'accompagne d'une réduction du pouvoir des députés", a expliqué à franceinfo André Chassaigne, le chef de file des communistes à l'Assemblée. En 2017, l'évènement avait réuni de nombreux journalistes, et les chefs de file des différents partis s'étaient exprimés à l'issue du discours présidentiel.  

Nous avons hésité avant de participer à ce Congrès. Nous avons quand même pris la décision de le faire pour porter une parole qui consistera à démonter le discours du président de la République (...). On a pensé qu'il était préférable de porter la parole plutôt que d'être absent.

André Chassaigne

à franceinfo

• Les élus du Rassemblement national seront, eux aussi, à Versailles. Interrogée lundi matin sur BFMTV et RMC, Marine Le Pen a voulu se démarquer de La France insoumise en annonçant que les députés de sa formation assisteront au discours d'Emmanuel Macron. 

Je crois en la démocratie, j'irai écouter le discours du Président. Nous aspirons à être un parti de gouvernement, pas un simple parti de contestation qui cherche à faire le buzz comme le fait la France insoumise en boycottant le congrès.

Marine Le Pen

sur BFMTV

Ceux qui ne viendront pas du tout

Certains élus Républicains manqueront à l'appel. Parmi eux, Fabien Di Filippo, député LR de Moselle et secrétaire général adjoint du parti, et ses compagnons de groupe Pierre Cordier, Julien Dive et Annie Genevard. "Ce n'est pas ma conception des institutions, ni de la séparation des pouvoirs, a expliqué l'élu sur franceinfo. Mon rôle, c'est de défendre mes concitoyens, de lancer une alerte quand les choses ne vont pas et de dénoncer l'utilisation et le gaspillage de l'argent public par le président de la République pour des raisons de pure communication personnelle." 

Pour François Hollande en 2015, qui s'est exprimé devant le Congrès suite aux gravissimes attentats perpétrés sur notre sol, je me serais bien entendu rendu, dans un esprit d'unité nationale, au Congrès. Là, on assiste à un petit monarque républicain qui veut redorer son autorité.

Fabien Di Filippo, secrétaire général adjoint des Républicains

à franceinfo

Ces élus vont contre la consigne de Laurent Wauquiez. "Si j'étais député, j'y serais allé moi-même, et comme chef et responsable de ma famille politique, je considère qu'il faut que nos députés et nos sénateurs y aillent", avait en effet prévenu le patron des Républicains. Y a-t-il des divisions au sein du parti de droite ? Fabien Di Filippo assure en tout cas s'être entretenu avec Laurent Wauquiez avant de faire son choix. "Il a dit une chose : c'est l'autonomie de chacun de prendre sa décision en son âme et conscience", justifie-t-il. 

• Les parlementaires de la France insoumise ont annoncé qu'ils allaient tous boycotter le rendez-vous présidentiel. "C'est tous les ans que nous sommes convoqués à venir admirer sa splendeur, Macron Ier, qui nous fait un discours, a lancé Jean-Luc Mélenchon dimanche sur Europe 1Comme tout le reste du décor de Versailles, c'est du carton-pâte, c'est du faux marbre et là, ça va être de la fausse solennité." 

Pour protester, les parlementaires insoumis ont décidé d'organiser une "manifestation en ligne" pendant le Congrès. Concrètement, les internautes sont invités à "rejoindre un événement Facebook" et à "publier des tweets avec le hashtag #MacronMonarc", à 14 heures, soit une heure avant le discours présidentiel, explique le Journal du Dimanche

• Quelques députés socialistes ont aussi décidé de ne pas se rendre au Congrès. C'est le cas de Régis Juanico, député hamoniste de la Loire. "On ne convoque pas le Congrès par convenance personnelle, a-t-il expliqué à la radio stéphanoise Activ Radio. Nous devons résister face à ce qui s'apparente à une tentative de confiscation démocratique des institutions." Comme lui, le sénateur de l'Isère André Vallini a expliqué sur Twitter qu'il boycottera l'évènement, jugeant qu'il "aggrave la dérive présidentielle".

Ceux qui boycotteront le déjeuner

Avant le début de son discours, prévu à 15 heures, Emmanuel Macron a convié les parlementaires à un déjeuner. Mais beaucoup ont décidé de décliner l'invitation en signe de protestation. 

• Des ténors des Républicains n'assisteront pas à ce déjeuner. Ce sera notamment le cas des présidents des groupes LR à l'Assemblée, Christian Jacob, et au Sénat, Bruno Retailleau. "Je n'y étais pas allé l'an passé. Je vais déjà subir le discours du trône, alors le souper du roi...", a expliqué ce dernier à l'AFP.  Le vice-président de l'Assemblée, Marc Le Fur et le questeur Eric Ciotti ont aussi indiqué boycotter le rendez-vous. 

Des cadres socialistes, membres du bureau de l'Assemblée nationale, ont également décliné l'invitation du président de la République. Ce sera notamment le cas de la présidente du groupe Nouvelle Gauche, Valérie Rabault.

• Les président et présidente des groupes communistes à l'Assemblée et au Sénat, André Chassaigne et Eliane Assassi, ne participeront pas non plus au déjeuner. A la place, ils prêteront "le serment de défendre une République démocratique" devant la salle du Jeu de paume, a annoncé le parti. 

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